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Ouverture

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
09/16/2013 -  
Edvard Grieg/Henrik Ibsen : Peer Gynt, opus 23
Julie Brochen (Ase), Ivan Hérisson (Peer Gynt), Mélanie Moussay (Solveig), Muriel Inès Amat (La femme en vert, Anitra), Fred Cacheux (Un troll, le Courbe, un malade de l'hôpital), Antoine Hamel (Un troll, le Courbe, un malade de l'hôpital), David Martins (Le Courbe, le fondeur de boutons)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja (direction)
Olivier Achard (mise en espace)




En ce début de seconde saison de Marko Letonja à Strasbourg, certaines lignes de force commencent à mieux se dégager : une politique de nouveautés et d'ouverture afin de diversifier voire rajeunir un public d'abonnés en voie de raréfaction. Le problème est le même pour toutes les institutions symphoniques aujourd'hui, mais il reste à l'Orchestre philharmonique de Strasbourg quelques lourdes années de retard de marketing culturel à rattraper. Au menu, pêle-mêle : un site Internet revu et assorti d’une présence sur Facebook, une collaboration avec la compositrice Kaja Sariaaho et une résidence de la photogénique et brillante violoniste Isabelle Faust, des concerts commençant désormais à 20h, et portant chacun un titre accrocheur, un ciné-concert annoncé au Zénith avec Pirates des Caraïbes sur l'écran géant... Espérons que cette volonté d'ouverture - "notre répertoire doit irriguer toute la cité" selon les dires de Marko Letonja - portera rapidement ses premiers fruits.


Symboliquement, ce premier concert de la saison est une manifestation hybride, associant les musiciens de l'orchestre et la troupe d'acteurs du Théâtre National de Strasbourg. Une belle démarche d'ouverture et un projet passionnant, monté de surcroît avec peu de moyens. La soirée, sur invitations, est donnée au bénéfice de Themis ("Association pour l'accès au Droit des enfants et des jeunes"). Les comédiens du TNS, sous l'impulsion de Julie Brochen et dans une mise en espace signée Olivier Achard, réussissent à lui donner une dimension dramatique avec trois fois rien : quelques rideaux drapés ou tendus autour de l'orchestre, quelques ambiances d'éclairage avec surimpressions vidéo, des costumes simples... Discrètement sonorisés les acteurs évoluent tantôt dans la salle tantôt autour de l'orchestre, ou même se faufilent entre les pupitres (joli numéro enjôleur et envahissant de l'Anitra de Muriel Inès Amat, pendant lequel même Marko Letonja en train de diriger a droit a son offensive de séduction en règle). La cohabitation entre parlé et musique s'effectue surtout en alternance, mais les quelques plus rares passages de mélodrame sont remarquablement coordonnés.


On n'est ni tout à fait au théâtre, ni tout à fait au concert, l'hybridation relevant quand même davantage d'un possible "théâtre au cours d'un concert" que d'une "représentation théâtrale avec musique de scène" conforme au projet initial d'Ibsen et Grieg. Ne serait-ce que parce qu'ici la plupart des numéros clés de la partition de Grieg sont présents alors que ne sont représentés de la pièce fleuve d'Ibsen que quelques fragments essentiels, au demeurant stratégiquement choisis. En tout cas la musique de Grieg est remise dans sa véritable perspective : des séquences comme la Mort d’Ase ou Dans l'antre du roi de la montagne acquièrent ainsi un tout autre relief que confinées dans leurs Suites symphoniques habituelles. Et puis la vraie présence scénique d’acteurs de la trempe de Julie Brochen en Ase ou Ivan Hérisson en Peer Gynt, aptes à créer des ambiances fortes en dépit de l’espace souvent réduit qui leur est accordé, constitue un vrai bonus théâtral pour la soirée. Un aléa aussi : après quelques courtes répliques parlées au début, la Solveig de Mélanie Moussay vient s'asseoir dans l'orchestre, à côté de la harpe et n'en bouge plus. Malheureusement il s'agit d'une chanteuse et non d'une comédienne, et quand il lui faut enfin quitter son mutisme, c'est pour attaquer une chanson célébrissime qui cueille son instrument à froid : la voix est peu stable, manque de rayonnement voire de sûreté d'intonation dans l'aigu... Ce moment très attendu manque de magie, mais l'incident reste véniel.


En formation d’un volume moyen mais qui excède vraisemblablement l'effectif de chambre initialement prévu par Grieg, l'Orchestre philharmonique de Strasbourg nous annonce dans chacune de ses interventions une saison de haut niveau. Dès les premiers soli (Sébastien Koebel à la clarinette, Sébastien Giot au hautbois, Sandrine François à la flûte) des ambitions de haute musicalité sont affichées, et la direction à la fois précise et sécurisante de Marko Letonja parvient même à obtenir une belle homogénéité des cordes. Acceptons-en l'augure


Les invitations pour ce concert ont été distribuées pour l’essentiel aux sympathisants de l’association Themis et au public d’abonnés du TNS. Beaucoup d’allées et venues dans la salle, beaucoup de toux d’inattention relative, quelques cris d’enfants d’un âge encore peu compatible avec ce type de manifestation. On sent l’auditoire pas forcément très familiarisé avec les rituels symphoniques. Mais c’est là un prix un payer pour l’ouverture évoquée plus haut. Et l’investissement en vaut certainement la peine.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg
Le site du Théâtre national de Strasbourg
Le site de l’association Themis



Laurent Barthel

 

 

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