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Cimes schubertiennes

Zermatt
Chapelle de Riffelalp
09/01/2013 -  
Franz Schubert : Schwanengesang D. 957 et 965a – Drei Klavierstücke D. 946, op. posth.

Stephan Genz (baryton), Michel Dalberto (piano)


(© Marc Kronig)


Zermatt, station connue dans le monde entier pour le Cervin, qui culmine majestueusement à 4478 mètres d’altitude, mérite aussi d’être reconnue pour son offre culturelle. Tout commence en 2005 lorsqu’un Allemand mélomane, fasciné par la beauté du paysage, décide d’organiser des concerts de musique classique. Comme il a des contacts avec le Philharmonique de Berlin, il propose à certains musiciens – regroupés en « Scharoun Ensemble Berlin » – une résidence estivale sur les alpages. C’est ainsi qu’est né le Festival de Zermatt. Depuis, la structure de la manifestation est restée quasiment la même au fil des éditions: trois week-ends de concerts fin août-début septembre, les deux derniers avec les musiciens berlinois, qui proposent également des classes de maître à l'enseigne d’une académie de musique, formée d’une trentaine de jeunes étudiants en provenance du monde entier; quant au premier week-end, il réunit généralement des artistes venant d’horizons divers. Les concerts ont lieu dans les églises de Zermatt, mais aussi, le dimanche matin, dans la chapelle de Riffelalp, située à 2222 mètres d’altitude, dans un cadre bucolique et échanteur. Etant donné le caractère intimiste des lieux, le programme se compose essentiellement de musique de chambre. A la différence d’autres festivals suisses dans des stations réputées, telles Verbier et Gstaad, qui misent sur les noms prestigieux, Zermatt privilégie la convivialité et la découverte, dans un décor tout simplement unique, formé par 29 sommets de plus de 4000 mètres. Les mélomanes amoureux de nature et de grand air sont ici comblés.


L’édition 2013 s’est ouverte par un concert de l’Orchestra della Svizzera Italiana sous la baguette de Christian Zacharias, qui officiait aussi comme pianiste dans un programme Beethoven-Schumann. Le lendemain, le jeune pianiste genevois Fabrizio Chiovetta donnait une version très intériorisée de la Sonate D 960 de Schubert. Schubert encore pour clore en beauté le premier week-end du Festival, avec le baryton Stephan Genz et le pianiste Michel Dalberto qui ont proposé le cycle de Lieder Le Chant du cygne. Ces dernières années, le duo avait déjà interprété à Zermatt Die schöne Müllerin (La Belle Meunière) ainsi que Die Winterreise (Le Voyage d’hiver). Der Schwanengesang est un recueil posthume de quatorze Lieder, ainsi nommé par son premier éditeur, qui souhaitait probablement le présenter comme le testament artistique de Schubert. L’éditeur avait mis côte à côte deux recueils, sans liens directs, respectivement sur des poèmes de Rellstab et de Heine puis ajouté un quatorzième Lied (de Seidl) pour éviter le chiffre 13 et terminer l’œuvre sur une note moins sombre. Contrairement aux deux autres cycles de Lieder de Schubert, Le Chant du cygne ne possède pas d’unité thématique, alternant passages joyeux et légers et compositions noires et dramatiques. «Die Taubenpost» (Le Pigeon voyageur), qui clôt l’œuvre, est considéré comme la dernière composition de Schubert.


Avec sa belle voix claire et juvénile capable néanmoins de graves sonores et percutants, Stephan Genz a émerveillé le public par sa diction exemplaire mais surtout par l’expressivité et l’intensité de son interprétation, le baryton donnant l’impression d’être totalement investi et habité par son texte, comme s’il ressentait au plus profond de son être ce qu’il chantait. Certains morceaux, notamment «Der Doppelgänger», ont donné des frissons à l’assistance. Cette prestation, déjà admirable en soi, a été d’autant plus remarquable qu’elle a eu lieu à 11 heures, à 2222 mètres d’altitude, autant de conditions particulièrement éprouvantes pour un chanteur. Plus qu’un accompagnateur attentif et sensible, le piano de Michel Dalberto a incarné un personnage à part entière.


Le site du Festival de Zermatt
Le site de Stephan Genz



Claudio Poloni

 

 

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