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Sacre de luxe

Paris
Salle Pleyel
09/01/2013 -  et 26 (Salzbourg), 29 (Luzern) août 2013
Arnold Schoenberg : Verklärte Nacht, opus 4 (version de 1943)
Alban Berg : Trois Fragments de «Wozzeck»
Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps (édition révisée de 1947)

Barbara Hannigan (soprano)
Berliner Philharmoniker, Sir Simon Rattle (direction)


B. Hannigan (© Elmer de Haas)


Second concert des Berlinois avec sir Simon, pour le prestigieux début de saison à Pleyel. La Nuit transfigurée ne convainc pas totalement. La forme se relâche parfois, là où un Boulez, dans le même lieu, ne cessait de tendre l’arc ; les cordes n’ont pas toujours l’onctuosité et l’homogénéité souhaitées. Mais le chef britannique trouve un heureux équilibre entre la plasticité et l’expressionnisme cyclothymique propre à la fin du siècle, avec un grand souci de raffinement dynamique, non sans un certain penchant à l’hédonisme ici ou là.


Les trois extraits de Wozzeck, en revanche, montrent la Philharmonie telle qu’on l’attend, avec de superbes couleurs, une fluidité, une souplesse exemplaires : sir Simon dégage les lignes et les plans, concilie l’urgence du drame et la clarté de la polyphonie, allant contre une certaine tradition de noirceur parfois compacte – ce Berg-là n’est pas si loin de Debussy. Barbara Hannigan, au médium un peu timide au début, chauffe très vite sa voix, impose une Marie jeune et vibrante, aux aigus aisés et liquides, assez proche de cette Lulu qui a naguère sidéré Bruxelles – le rôle est souvent confié à des voix plus centrales, plus corsées et plus sombres.


On connaît bien le Sacre selon Rattle, donné à Aix, il y a quatre ans maintenant, à la tête des mêmes Berlinois. Pas de panique fauve, de sauvagerie primitive. Il fait toujours plus chanter que rugir la partition de Stravinsky, plus ballet à proprement parler que transe sacrificielle. Lecture plus plastique qu’hallucinée, sous absolu contrôle, jamais précipitée, d’une infinie souplesse rythmique et agogique, parfois presque chambriste – comme celle de Wozzeck, finalement. Le chef dirige en coloriste, avec un luxe de nuances que lui concède volontiers un orchestre magnifique entre tous. Trop de luxe, justement ? Trop de chatoiements, par exemple, trop d’onctuosité, pour le coup, dans les cordes des « Cercles mystérieux des adolescentes » ? Pas assez d’arêtes, de violence, dans la « Danse sacrale » ? L’interprétation du Sacre, on le sait bien, s’est beaucoup diversifiée avec le temps ; la partition elle-même, cent ans après, est devenue un classique. C’est exactement ce que l’on ressent ici.


Le site de Barbara Hannigan



Didier van Moere

 

 

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