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Occupy La Monnaie Bruxelles La Monnaie 08/31/2013 - et 1*, 3, 4, 5, 6, 7 septembre 2013 Alain Platel : C(h)œurs (musiques de Giuseppe Verdi et Richard Wagner) Les ballets C de la B, Alain Platel (concept, mise en scène, décors), Carlo Bourguignon (éclairages), Dorine Demuynck (costumes), Steven Prengels (musique additionnelle), Bart Uyttersprot (son)
Coro Intermezzo - Teatro Real Madrid, Andrés Máspero (chef de chœur), Orchestre symphonique de la Monnaie, Marc Piollet (direction)
Alain Platel surfe sur la vague d’indignation qui submerge le monde. Le chorégraphe gantois réunit des choristes et des danseurs dans un spectacle qui relève tant de la danse contemporaine que du manifeste politique. Exploitant la tension entre le groupe et l’individu, condamnant l’uniformité au profit du pluralisme, son projet recourt à la musique de deux contemporains que la postérité n’a cessé d’opposer, Verdi et Wagner. Quel meilleur choix que ces deux compositeurs nés dans un siècle marqué par le nationalisme, dans le sens de rassemblement, alors que menace aujourd’hui le repli identitaire ? En reprenant ce spectacle créé à Madrid l’année passée, la Monnaie célèbre donc à sa manière les deux bicentenaires. Tous célèbres («Va pensiero» bien sûr, «Dies Irae» de la Messa da Requiem évidemment), les extraits retenus présentent dans un tel contexte un tout autre relief et suscitent des impressions étonnantes – comment entendre désormais autrement le Prélude du troisième acte des Maîtres chanteurs de Nuremberg ?
(© Javier del Real)
L’Orchestre symphonique de la Monnaie dirigé par Marc Piollet joue convenablement, comme d’habitude, mais l’attention se focalise sur les excellents choristes madrilènes et les dix danseurs des ballets C de la B, formidables d’engagement. Les costumes soulignent la dualité entre d’un côté une masse urbaine et conformiste (les chanteurs) et, de l’autre, un petit groupe plus primitif et libre (les danseurs), bien que les deux entités coexistent et se mélangent. Cette complémentarité constitue l’épine dorsale d’un spectacle engagé et saisissant mais dont les bonnes idées tendent à s’éparpiller. Alain Platel aurait dû jouer davantage la carte de l’audace et concentrer le propos, le densifier, afin de conserver l’intensité. Il parvient néanmoins à susciter l’émotion, le malaise et la réflexion grâce à un langage gestuel qui recourt volontiers à la convulsion, la crispation, l’impulsion, l’hystérie mais également la grâce et la trivialité. Puisque la musique et la danse ne suffisent pas toujours pour transmettre un message, une voix enregistrée interpelle le public sur la notion d’identité – les choristes déclineront d’ailleurs leur prénom et leur nom. Quelques huées se font entendre à l’issue de ce spectacle pourtant légitime qui inaugure de plein droit la nouvelle saison de la Monnaie sur le thème de la résistance.
Le site de La Monnaie
Le site des ballets C de la B
Sébastien Foucart
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