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Un couple lyrique de rêve

Salzburg
Grosses Festspielhaus
08/13/2013 -  et 16, 19, 22, 25, 28* août 2013
Giuseppe Verdi : Don Carlo
Matti Salminen (Filippo II), Jonas Kaufmann (Don Carlo), Anja Harteros (Elisabetta di Valois), Thomas Hampson (Rodrigo, Marchese di Posa), Ekaterina Semenchuk (La Principessa Eboli), Eric Halfvarson (Il Grande Inquisitore), Robert Lloyd (Un frate), Maria Celeng (Tebaldo), Sen Guo/Kiandra Howarth* (Una voce dal cielo), Benjamin Bernheim*/Martin Piskorski (Il Conte di Lerma, Un Araldo reale), Antonio Di Matteo, Peter Kellner, Domen Krizaj, Roberto Lorenzi, Iurii Samoilov, Christoph Seidl (Sei deputati fiamminghi)
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Jörn Hinnerk Andresen (préparation), Wiener Philharmoniker, Antonio Pappano (direction musicale)
Peter Stein (mise en scène), Ferdinand Wögerbauer (décors), Annamaria Heinreich (costumes), Joachim Barth (lumières), Lia Tsolaki (chorégraphie)


(© Monika Rittershaus)


Don Carlo aura été la production phare de l’édition 2013 du Festival de Salzbourg. Grâce essentiellement au couple formé sur la scène du Grosses Festspielhaus par Anja Harteros en Elisabeth et Jonas Kaufmann en Don Carlos, un couple lyrique irrésistible aujourd’hui, le plus excitant qui soit. Elle, port altier, démarche royale, capable de « pianissimi » éthérés à couper le souffle tout comme de grands élans extatiques parfaitement maîtrisés jusque dans la moindre inflexion, campant une Reine d’Espagne lyrique et passionnée. Lui, avec son timbre sombre et corsé reconnaissable entre tous, déclinant une palette infinie de nuances et de couleurs, de la douceur à la rage, incarnant un Infant blessé et vulnérable. Leurs duos ont été chargés d’une intense émotion, mais aussi, notamment à l’acte I, d’une tension érotique palpable. Qui a dit que les grands chanteurs verdiens avaient disparu aujourd’hui ?


L’Eboli volcanique d’Ekaterina Semenchuk se hisse au même niveau, princesse aux moyens vocaux impressionnants, avec notamment des graves capiteux et un aplomb stupéfiant dans les passages virtuoses. Thomas Hampson n’est peut-être pas le baryton verdien idéal, en raison de son manque de « legato », mais son Posa est un modèle de classe et de prestance. Matti Salminen en Philippe II n’est plus que l’ombre de lui-même, vociférant au lieu de chanter, mais quelle autorité dans la voix, notamment dans ses avertissements glaçants martelés à la fin de son duo avec Posa. Le Grand Inquisiteur d’Eric Halfvarson fait froid dans le dos, encore plus noir et inflexible qu’à l’accoutumée. Parmi les rôles secondaires, on trouve le meilleur comme le pire. Le meilleur : le Tebaldo plein de fraîcheur de Maria Celeng, ainsi que le Comte de Lerma de Benjamin Bernheim, un rôle certes très court, mais qu’on n’a jamais entendu aussi bien chanté. Le pire : le moine tellement mal chantant de Robert Lloyd, un artiste qui massacre systématiquement tous les rôles italiens qu’il interprète à Covent Garden. On soupçonne Antonio Pappano de l’avoir pris dans ses bagages de Londres à Salzbourg. Quant au chœur de l’Opéra de Vienne, il fournit tout simplement une prestation mémorable.


Traditionnelle, la mise en scène de Peter Stein raconte tout simplement l’histoire, sans surprises. Beaucoup de grands gestes, de magnifiques costumes d’époque, des décors dépouillés qui baignent dans des lumières très suggestives. Le metteur en scène s’est concentré sur Don Carlos, dépeint ici comme un jeune homme velléitaire, névrosé et bourré de tics, négligeant quelque peu les autres personnages, moins bien caractérisés. Le Philharmonique de Vienne est dans la fosse, et cela s’entend, notamment au soyeux des cordes, à l’onctuosité des bois, mais aussi aux accents du violoncelle solo, qu’on n’a jamais entendus si impérieux dans l’introduction du grand air de Philippe II. Pour son premier opéra à Salzbourg, Antonio Pappano cisèle la partition en orfèvre et privilégie les longues phrases majestueuses, au détriment peut-être de la tension dramatique, mais quel son, quelles couleurs ! Et quel bonheur de pouvoir enfin écouter la version italienne intégrale de ce chef-d’œuvre, et de savourer des passages trop souvent supprimés. Alors à quand la version française ? En cette année du bicentenaire de la naissance de Giuseppe Verdi, aucune grande scène lyrique internationale n’a osé la programmer. Dommage. Jonas Kaufmann a déclaré dans une interview qu’il aimait beaucoup le rôle de Carlo et qu’il serait prêt à l’apprendre en français. Directeurs de théâtre, à bon entendeur...



Claudio Poloni

 

 

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