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Festival Massenet, Saint Etienne Saint-Etienne
Théâtre Ephèmère
11/07/1999 - du 7 au 27 novembre 1999
"La gloire n'est rien, seul compte le travail" affirma Jules Massenet lors de son retour triomphal à Saint-Etienne en 1898. Même s'il n'y vécut pas, "l'enfant du pays", par cette formule, établissait un pont entre le compositeur remettant sans cesse son ouvrage sur le métier, reconnu pour être un travailleur infatigable (25 opéras à son actif !) et une ville industrieuse et minière qui sait ce que le mot travail veut dire. Ainsi, cahin-caha, Saint-Etienne garda toujours un profond attachement au compositeur et monta plusieurs de ses oeuvres, même lorsqu'il sombra dans un oubli relatif (hormis Werther et Manon) ces dernières décennies. C'est sur cette tradition que s'appuya Jean-Louis Pichon pour créer, en 1990, le Festival Massenet, comme pour lier définitivement le sort de la ville et de son compositeur, et passer d'une période "artisanale" à une ambition de long terme. Cléopâtre, Panurge, Esclarmonde, Grisélidis purent ainsi revivre dans des conditions artistiques de haut niveau. Le Nouvel Orchestre de Saint-Etienne, créé dès le début de la biennale, atteint désormais un niveau enviable et son directeur musical Patrick Fournillier s'impose comme l'un de nos grands chefs dans le répertoire français comme l'a amplement montré son exécution profonde et tendue de la Symphonie de Frank le 14 novembre. Au delà de Massenet, le Festival s'attache également à défendre des compositeurs français oubliés ou négligés (Louis Ganne, Léon Delcroix, Pierné, Chausson) comme l'a montré le charmant concert du clarinettiste Hervé Clignez le 13 novembre (un beau CD existe chez REM, "Le chant du pâtre"). Et le succès est là ! Le public se presse à toutes les manifestations et le festival rayonne bien au delà de la ville de Saint-Etienne. Mais le succès, pour reprendre la formule de Massenet, n'est rien, surtout quand un incendie criminel ravage, l'année dernière, le Théâtre de l'Esplanade et menace l'existence même du festival. "Seul compte le travail", en l'occurrence de l'équipe du festival, pour convaincre le maire de continuer, faire une saison "hors les murs" (et de construire un "Théâtre Ephémère") sans rien céder de l'ambition initiale. Pari réussi, comme le prouve la belle production du Roi de Lahore et à confirmer en 2001 lors de la réouverture du nouveau Théâtre de l'Esplanade avec Hérodiade en février et Roma (coproduit avec Martina Franca) pour le festival en novembre. Encore du travail en perspective, mais à Saint-Etienne ça ne fait pas peur !
9, 11, 12 novembre 1999
Théâtre Ephémère
Jules Massenet : Le Roi de Lahore
Emil Ivanov (Le Roi Alim), Evgenij Demerdjiev (Scindia, ministre du Roi Alim), Reda El Wakil (Timour, Grand Prêtre), René Schirrer (Indra), Isabelle Vernet (Sitâ, Prêtresse), Claire Larcher (Kaled)
Jean-Louis Pichon (mise en scène)
Nouvel Orchestre de Saint-Etienne, Patrick Fournillier (direction)
Tombé dans l'oubli, le Kobbé ne le cite même plus, Le Roi de Lahore fut pourtant l'oeuvre qui révéla Massenet en France et dans le monde. Créé dans le tout récent Palais Garnier en 1877, l'opéra fut repris dans huit villes dans les deux années qui suivirent (Turin, Budapest, Munich, Buenos Aires, etc). Le livret de Louis Gallet, bien construit, s'inspire de légendes brahmaniques et narre les intrigues du ministre Scindia pour empêcher l'amour que se portent le roi Alim et la belle Sita. La clarté et l'ampleur de la ligne, le profond lyrisme - caractéristiques de Massenet - sont déjà bien présents dans cet opéra qui ne souffre d'aucune chute de tension. Si l'on peut faire quelques reproches à la distribution vocale (émission approximative de Ivanov et, surtout, Demerdjiev), la mise en scène épurée, mais non dénuée de fantaisie (un Paradis d'Indra très coloré au troisième acte) de Jean-Louis Pichon, ainsi que la direction toujours vive, tendue et énergique de Patrick Fournillier écartent tous les clichés habituellement associés à Massenet (musique sucrée et complaisante, faiblesse dramatique). Avec une telle foi et un tel engagement, gageons que le Festival redonnera une seconde jeunesse à Massenet !
Philippe Herlin
Coproduit avec l'Opéra de Bordeaux, Le Roi de Lahore sera repris du 25 novembre au 3 décembre à Bordeaux.
Signalons la parution des actes d'un colloque "Massenet en son temps" édité par L'Esplanade.
Tél. de L'Esplanade : 04 77 47 83 40
Informations sur Saint-Etienne : www.tourisme-st-etienne.com
Conseil gastronomique : La Bouche pleine, 8 place Chavanelle, tél. 04 77 33 92 47 (un vrai petit restaurant comme on les aime avec un patron impayable).
Philippe Herlin
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