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15 août Millau Sylvanès (Abbatiale Notre-Dame de l’Assomption) 08/15/2013 - et 13 août 2013 (Le Vigan) Joseph Haydn : Missa Cellensis in honorem Beatissimæ Virginis Mariæ, Hob. XXII.5 Omo Bello (soprano), Géraldine Mélac (mezzo), Patrick Garayt (ténor), Jean-Louis Serre (baryton)
Nobuyoshi Shima (orgue), Grand chœur du trente-sixième festival, Ensemble instrumental Contrepoint, Michel Piquemal (direction)
Le 15 août constitue chaque année à Sylvanès un point culminant du festival, qui attire la foule des grands jours: l’Assomption y est célébrée avec d’autant plus de faste que l’abbaye est vouée à Notre-Dame. Egalement connue sous le titre de Messe Sainte Cécile, la Messe de Mariazell (1766) s’imposait donc à un double titre en ce jour de fête: la cité styrienne étant le théâtre d’un culte marial depuis le XIIe siècle, le jeune Haydn, qui venait d’être promu maître de chapelle chez le prince Paul Antoine Esterházy, a composé l’œuvre «en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie».
En outre, cette date marque traditionnellement un temps fort de la programmation, dans la mesure où elle met en valeur l’Académie de chœurs et d’orchestre créée en 1990 par Michel Wolkowitsky, le fondateur et directeur artistique du festival. Se tenant à Saint-Affrique, elle a d’emblée été placée, comme il le rappelle dans son bref propos introductif, sous la direction musicale de Michel Piquemal: avec le renfort des membres de son ensemble vocal qui s’était produit la veille (dans une configuration inversée, au fond de l’église abbatiale, le public face au portail), la grosse soixantaine de choristes, dont deux tiers de femmes, est associée cette année à l’ensemble instrumental héraultais Contrepoint, avec lequel elle s’est déjà produite deux jours plus tôt au Vigan dans le même programme.
Choix au demeurant intéressant, non seulement parce que la musique sacrée de Haydn demeure un peu négligée, sinon méconnue, en particulier cette partition qui se situe à exacte distance stylistique et chronologique de la Messe en si mineur de Bach et de la Messe en ut mineur de Mozart, mais parce que ses exigences – ne seraient-ce que ses vastes proportions (près d’une heure et quart), le rôle central confié au chœur, qui ne s’efface que dans quelques numéros, et la complexité de son écriture, dont témoignent de nombreux passages fugués – lancent un défi à des chanteurs amateurs réunis pour l’occasion et n’ayant disposé que de quelques jours pour travailler ensemble. Dynamisé par la direction énergique de Piquemal, le résultat se révèle pourtant remarquable, même si l’acoustique un peu confuse, plus lointaine que réverbérée, ne rend pas toujours justice à la clarté de lignes et même si certaines envolées des sopranos dans l’aigu, comme dans le «Qui tollis», dérapent quelque peu.
Si le chœur se taille la part du lion, les parties solistes n’en sont pas moins richement écrites et posent des difficultés que le quatuor vocal résout de manière pour le moins inégale. La grande triomphatrice est Omo Bello, avec son timbre séduisant et ses impeccables vocalises: dans le «Laudamus Te», la soprano d’origine nigériane est la joie incarnée et domine avec aisance le «Quoniam Tu solus». En revanche, la mezzo Géraldine Mélac se débat avec une tessiture qui semble trop grave pour elle, manque de puissance dans le «Domine Deus» et ne maîtrise pas un vibrato de plus en plus gênant dans le «Qui tollis» et le «Crucifixus». Chez les hommes, le ténor Patrick Garayt, solide dans le «Christe eleison» malgré un timbre un peu fluctuant, puis très émouvant dans l’«Et incarnatus», l’emporte sur le baryton Jean-Louis Serre, en difficulté dans le registre grave du «Domine Deus» mais tout à fait convaincant, quasiment à découvert, dans l’Agnus Dei.
Au moment des rappels, Piquemal n’oublie pas ceux sans qui rien n’aurait été possible, faisant saluer les différents pupitres de l’excellent ensemble instrumental et venir à ses côtés les chefs assistants de l’Académie, Boris Mychajliszyn et Daniel Bargier.
Le site d’Omo Bello
Le site de Patrick Garayt
Le site de Jean-Louis Serre
Le site de l’Ensemble instrumental Contrepoint
Simon Corley
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