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Jeunesse Tokyo Tokyo Opera City Concert Hall 07/30/2013 - Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 19 “Les Dissonances, K. 465: Adagio - Allegro
Johannes Brahms : Quatuor n° 3, opus 67: Andante
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Quatuor n° 3, opus 30: Andante sostenuto – Sérénade pour cordes, opus 48 (premier, troisième et quatrième mouvements)
Claude Debussy : Quatuor, opus 10: Andantino, doucement expressif
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 1, opus 18 n° 1: Allegro con brio
Alban Berg : Quatuor, opus 3: Mässige viertel
Ozawa Chamber Music Academy Okushiga, Asia, Seiji Ozawa (direction)
Ce concert est le frère jumeau de celui donné chaque année à Genève par l’Académie Seiji Ozawa. Comme en Suisse, chaque année, l’Académie de musique de chambre Seiji Ozawa réunit une vingtaine de jeunes musiciens à Okushiga, non loin de Nagano, qui étudient des œuvres de musique de chambre avec des professeurs prestigieux tels Sadao Harada, ancien violoncelliste du Quatuor de Tokyo, Yosuke Kawasaki, premier violon du Saito Kinen Orchestra, Yoshiko Kawamoto, premier prix d’alto du concours de Genève, et Seiji Ozawa lui-même.
Comme à Genève, la première partie de ce concert est consacrée à des mouvements de quatuors à cordes dont on ne répétera jamais assez à quel point leur immense difficulté expose chacun de ces jeunes artistes. Il ne faut pas s’attarder sur les quelques petits accrocs du mouvement du quatuor de Mozart et avoir plutôt le respect que méritent ces musiciens d’être les premiers à se jeter à l’eau pour ce concert. La ligne musicale se perd un peu dans celui de Brahms en dépit de belles attaques. Les musiciens trouvent de belles couleurs automnales dans le Debussy mais ce mouvement aurait gagné à être joué un tout petit peu plus rapidement, ce que ne font pas les cadets de l’Académie dans un Beethoven joué sans complexe dans un tempo giusto bien classique. La surprise vient d’un Tchaïkovski magnifié par le son plein de richesse de la Japonaise Ribon Aida et surtout par la maturité et le dramatisme des musiciens dans le mouvement du Quatuor opus 3 de Berg.
La Sérénade de Tchaïkovski avait déjà été au programme des concerts donnés à Genève en 2009 ainsi qu’en bis de celui de 2011 (dont il existe une vidéo). On ne peut qu’admirer la dynamique et la cohésion des musiciens, réunis en orchestre à cordes et galvanisés par Seiji Ozawa. Ils trouvent des phrasés pleins d’élégance et d’une générosité toute slave. Ozawa les fait permuter entre le premier et les deux derniers mouvements (la Valse n’étant pas jouée ce soir), leur permettant ainsi de partager les différents pupitres.
Le chef japonais a réduit ses activités et ne s’était pas produit depuis environ un an. Il dirigera L’Heure espagnole dans le cadre du Saito Kinen fin août. Il arrive sur scène en même temps et au même pas vif et déterminé que ses musiciens. Si sa silhouette est plus frêle que par le passé, une fois la musique démarrée, la magie est toujours là. Les regards des jeunes musiciens vers leur aîné sont d’une éloquence rare. Concentré et attentif, le très nombreux public ne s’y est pas trompé et a fait un triomphe mérité pour célébrer ce moment rare d’humanité et de sagesse.
Le site de l’Académie internationale Ozawa de musique de chambre
Le site du festival Saito Kinen
Antoine Leboyer
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