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Les étoiles de Haute-Provence

Forcalquier
Cloître des Cordeliers
08/01/2013 -  
Ludwig van Beethoven : Trio avec piano n° 7, opus 97 «A l’Archiduc» (#)
Wilfried Hiller : Buch der Sterne: «Eridanus - Fluss der Tränen», «Gemini - Wurrawarra, der tasmanische Tiger», «Grus - Totenklage des Kranichs» et «Tauros - Der verliebte Stier»
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44 (+)

Pierre-Olivier Queyras (#), Antje Weithaas, Lisa Immer (violon), Tabea Zimmermann (alto), Véronique Marin (#), Gesine Queyras (violoncelle), Frédéric Lagarde (#), Silke Avenhaus (piano)




Ebauchées dès 1983 mais officiellement lancées en 1989, les Rencontres musicales de Haute-Provence en sont donc parvenues cette année à leur vingt-cinquième édition. L’esprit familial, aussi bien pour les artistes que pour le public, et l’implantation locale caractérisent toujours cette manifestation qui, du 23 juillet au 3 août, vit sa vie en marge des festivals huppés de la région: en témoignent la «journée continue» (gratuite) de musique de chambre en la cathédrale de Forcalquier, les répétitions publiques et le stage pour jeunes musiciens de tous niveaux organisé en partenariat avec l’école intercommunale de musique et de danse du pays de Forcalquier-Montagne de Lure. Plus habituels sont en revanche l’académie destinée à de «jeunes musiciens confirmés» et, surtout, les six concerts proposés par la famille Queyras et ses nombreux amis français et allemands. Le prieuré de Salagon (XIIe), à Mane, demeure le lieu emblématique de ces Rencontres, mais depuis 2011, les trois derniers programmes sont donnés au pied de Forcalquier, en plein air, au cloître des Cordeliers (XIIIe-XVe), espace récemment rénové qui permet d’accueillir davantage de spectateurs.


A peine perturbé par quelques bruits de voix, aboiements et moteurs au loin, la première de ces soirées aux Cordeliers permet d’abord de retrouver, après la traditionnelle présentation à bâtons rompus par le patriarche Jean-François Queyras, les membres du Trio Dumky. Le pianiste Frédéric Lagarde, le violoniste Pierre-Olivier Queyras et son épouse, la violoncelliste Véronique Marin, placent d’emblée le Septième Trio «A l’Archiduc» (1811) sous une obédience plus schubertienne que beethovénienne, avec un Allegro moderato moins énergique que serein, moins allegro que moderato. Après un Scherzo plus rugueux qu’enjoué, tout n’est que paix dans l’Andante cantabile, l’Allegro moderato final ne contrastant guère jusqu’à une coda libératrice.


Après l’entracte, Silke Avenhaus a sélectionné quatre extraits du Livre des étoiles de Wilfried Hiller (né en 1941), qu’elle a intégralement enregistré pour Celestial Harmonies. Elève de Günter Bialas puis de Carl Orff, le compositeur allemand est fasciné par la voûte étoilée qu’il découvre à partir de 1996 depuis la maison de sa femme sur l’île égéenne de Fourni. Ainsi que l’explique la pianiste munichoise, dont la présentation est traduite par Jean-Guihen Queyras, son intérêt redouble lorsqu’il constate que le nombre des constellations des hémisphères nord et sud est exactement le même que celui des touches du piano: quatre-vingt-huit. D’où l’idée de faire correspondre une touche à chaque constellation et de lui dédier une brève pièce – le recueil n’en comprend toutefois que soixante-douze, car certaines constellations associées à une histoire commune étant regroupées en une même pièce. Le projet est séduisant – d’autant que la nuit étant tombée, la Grande Ourse domine la scène – et rappelle des créateurs originaux et ambitieux tels Crumb, Stockhausen ou même Migot, mais «Eridan - Fleuve des larmes», «Gémeaux - Wurrawarra, le tigre de Tasmanie», «Grue - La Plainte de la grue» et «Taureau - Le Taureau amoureux» peinent à convaincre: mêlant références tonales et épisodes consonants, l’écriture pianistique se révèle tour à tour naïve et maladroite.


Une cordée 100% féminine, d’où se détache l’alto magnifique et surpuissant de Tabea Zimmermann, se lance dans l’ascension du Quintette avec piano (1842) de Schumann. Mise en place, équilibre et sonorité laissent cependant parfois à désirer et la si poignante marche du deuxième mouvement manque de tension, sauf dans la section Agitato en fa mineur. L’impression générale demeure convenable mais un peu terne, en deçà du potentiel expressif de l’œuvre, mais qu’importe, car le public est ensuite convié à partager autour de produits régionaux le moment de l’après-concert.


Le site des Rencontres musicales de Haute-Provence
Le site de Wilfried Hiller
Le site du Trio Dumky
Le site de Silke Avenhaus



Simon Corley

 

 

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