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Ne pas perdre le nord

Salon-de-Provence
Château de l’Emperi
07/31/2013 -  
Jacques Ibert : Deux Interludes
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620: Trois Duos pour hautbois et violon (#)
Claude Debussy : Sonate n° 2 pour flûte, alto et harpe
André Caplet : Quintette pour bois et piano
Francis Poulenc : Sonate pour clarinette et piano, FP 184 (*)
César Franck : Quintette avec piano (+)

Emmanuel Pahud (flûte), François Leleux (hautbois), Paul Meyer (clarinette), Gilbert Audin (basson), Hervé Joulain (cor), Lisa Batiashvili (#), Nicolas Dautricourt, Maja Avramovic (violon), Joaquín Riquelme García (alto), Edgar Moreau (violoncelle), Marie-Pierre Langlamet (harpe), Frank Braley (+), Pierre-Yves Hodique (*), Eric Le Sage (piano)


E. Pahud (© Peter Adamik/EMI Classics)


Musique à l’Emperi poursuit le «Voyage en Méditerranée» qui sert de fil rouge à sa vingt-et-unième édition: après «Sud» le mardi, le mistral s’est calmé et voici «Nord» le mercredi, qui laisse encore plus perplexe quant à la thématique: passe que Mozart ait échoué là parce qu’il n’avait pu être interprété la veille, passe encore que les Français Caplet, Debussy, Ibert et Poulenc représentent la rive septentrionale de la grande bleue, mais César Franck, né à Liège avant de faire école à Paris, évoque davantage la mer du Nord. Peu importe, bien sûr, car l’essentiel est de ne pas perdre le nord, la boussole du festival demeurant son art d’organiser des rencontres musicales entre artistes de qualité.


Ainsi de l’association d’un trio de membres du Philharmonique de Berlin, Emmanuel Pahud, Joaquín Riquelme García et Marie-Pierre Langlamet pour les Deux Interludes (1946) pour flûte, alto (ou violon) et harpe (ou clavecin) de Jacques Ibert destinés aux représentations d’une pièce de l’écrivain belge Suzanne Lilar (1901-1992), Le Burlador: voilà qui explique pourquoi ces deux miniatures consistent successivement en une aria d’obédience baroque puis en une vive et gracieuse espagnolade – et revoici la Méditerranée, d’autant qu’une cigale s’est réveillée. Les musiciens donnent également l’œuvre-paradigme pour cette formation, la Sonate en trio (1915) de Debussy, comme au sortir d’un rêve, pour en souligner davantage la progression vers la lumière que la dimension visionnaire.


Entre-temps, François Leleux et Lisa Batiashvili avaient sélectionné trois airs – ceux de Papageno à l’acte I, de Pamina et de la Reine de la nuit à l’acte II – de La Flûte enchantée (1791). Faute d’autres précisions sur ces adaptations, plaisantes mais guère essentielles, on supposera qu’elles étaient conçues à l’origine pour deux violons, ce que suggère l’équilibre entre les deux parties, qui, en termes de puissance, surtout en plein air, tend cependant ici à favoriser le hautbois au détriment du violon.


La première partie se conclut sur le Quintette (1899) pour bois et piano d’André Caplet (1878-1925): bien qu’il ait récemment été enregistré pour Timpani (voir ici), il s’agit d’une vraie rareté, qui avait valu à son tout jeune auteur deux prix de 500 francs, l’un de la Société des compositeurs de musique, l’autre du ministère de l’instruction publique et des beaux-arts. Comme celui de Magnard cinq ans plus tôt, ce Quintette regroupe autour du piano un représentant de chacune des bois, excluant ainsi le cor, pourtant généralement présent, depuis Mozart et Beethoven, lorsqu’il s’agit d’associer instruments à vent et piano. Deux ans avant d’obtenir son Premier Grand prix de Rome, le compositeur était encore l’élève de Xavier Leroux (lui-même vainqueur en 1885): son écriture n’a encore que peu à voir avec celle de ses grandes partitions à venir (Conte fantastique, Le Miroir de Jésus, Epiphanie), mais cette musique enjouée, dans le style et le caractère du Septuor de Saint-Saëns, s’écoute sans déplaisir, même si les quatre mouvements traditionnels, desquels se détache le bref Scherzo, tiennent parfois difficilement la durée (près d’une demi-heure).


Le meilleur moment de la soirée vient après l’entracte, avec la prestation magistrale de Paul Meyer, accompagné par Pierre-Yves Hodique (né en 1988), dans la Sonate pour clarinette (1962), l’avant-dernière œuvre de Poulenc: le clarinettiste français y déploie un magnifique éventail de nuances dynamiques et expressives, entre amertume, nostalgie et ironie. En revanche, le Quintette avec piano (1879) de Franck bénéficie, autour du piano de Frank Braley, d’une mise en place irréprochable mais cet ouvrage monumental souffre d’un excès de modération dans ses élans passionnés et d’une insuffisante mise en valeur de ses lignes de force.


Un site dédié à André Caplet


Ecouter le concert sur le site de France Musique



Simon Corley

 

 

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