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Salon méditerranéen Salon-de-Provence Château de l’Emperi 07/30/2013 - Darius Milhaud : La Cheminée du Roi René, opus 205
Francis Poulenc : Sonate pour hautbois et piano, FP 185
Nino Rota : Trio pour flûte, violon et piano
Maurice Ravel : Ma mère l’Oye
Joaquín Turina : Quatuor n° 2 avec piano, opus 67 (+)
Emmanuel Pahud (flûte), François Leleux (hautbois), Paul Meyer (clarinette), Gilbert Audin (basson), Hervé Joulain (cor), Nicolas Dautricourt (violon), Joaquín Riquelme García (alto), Edgar Moreau (violoncelle), Frank Braley (+), Eric Le Sage (piano)
Du 28 juillet au 8 août, les onze journées (relâche le 3 août) de Musique à l’Emperi se déroulent sans changement majeur par rapport à l’édition 2012, qui marquait les vingt ans de la manifestation, toujours dirigée par ses trois fondateurs, Eric Le Sage, Paul Meyer et Emmanuel Pahud: deux concerts, l’un à 18 heures en l’église Saint-Michel, pour la modique somme de 10 euros, et l’autre à 21 heures, dans la cour Renaissance du château. Dans le cadre de «Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture», les deux dimanches (soit quatre concerts) sont entièrement gratuits et le festival s’intitule «Un voyage en Méditerranée», fil rouge des copieux programmes du soir, associant piliers du répertoire et œuvres rares avec les amis artistes des trois directeurs.
Ainsi, en ce mardi où le mistral apporte un rafraîchissement bienvenu sur les hauteurs de la ville, le programme est intitulé «Sud» – mais davantage que le sud de la Méditerranée, c’est plutôt une idée du sud... vu de France, avec trois compositeurs français, un italien et un espagnol. Honneur, d’abord, au régional de l’étape, l’Aixois Milhaud et La Cheminée du Roi René (1939), originellement destinée au film Cavalcade d’amour de Raymond Bernard sur un scénario et des dialogues de Jean Anouilh: avec subtilité et précision, un quintette de rêve – à deux des fondateurs, Pahud et Meyer, se joignent les fidèles François Leleux, Gilbert Audin et Hervé Joulain – restitue à merveille la délicatesse archaïsante de ces sept courtes pièces. Pour l’œuvre ultime de son ami du groupe des Six, la Sonate pour hautbois et piano (1962) de Poulenc, on ne peut non plus imaginer mieux que Leleux et Le Sage, qui ont déjà si bien servi le compositeur au disque.
De même que Bernard Herrmann ne saurait être réduit à la qualité – si éminente soit-elle – de «compositeur de Hitchcock», Nino Rota (1911-1979) fut bien davantage que le collaborateur privilégié de Fellini. Elève de Pizzetti et Casella, directeur du conservatoire de Bari de 1950 à sa mort, il écrivit notamment neuf opéras, dont Un chapeau de paille d’Italie, qui s’est installé au répertoire, quatre symphonies, de nombreux concertos et de nombreuses œuvres de musique de chambre. Difficile, au demeurant, de reconnaître La strada ou La dolce vita dans son bref Trio (1958) pour flûte, violon (ou violoncelle) et piano: entre Françaix et Martinů, l’Allegretto cantabile con moto et l’Allegro assai moderato, très entraînants nonobstant ces indications de tempo, encadrent un Largo sostenuto contrapuntique et sinueux: Pahud, Nicolas Dautricourt, remplaçant Alexander Sitkovetsky pour toute la durée du festival, et Frank Braley, autre habitué des lieux, investissent avec bonheur ce néoclassicisme plaisant.
Après l’entracte, les deux pianistes sont associés dans une interprétation très allante de Ma mère l’Oye (1910), sans effusions, au risque de passer à côté de la poésie ravélienne. Le Second Quatuor (1931) – le Premier est pour cordes seules – de Joaquín Turina (1882-1949), venu étudier à Paris avant la Première Guerre mondiale avec d’Indy et Moszkowski mais visiblement surtout influencé par Debussy et Ravel, s’enchaîne (et conclut) logiquement, ses trois mouvements d’un peu plus d’un quart d’heure habillant de prévisibles tournures hispanisantes de figures «impressionnistes» tout aussi attendues. Dans sa troisième décennie d’existence, le festival entretient sa capacité à se renouveler: autour de Dautricourt et Braley, on remarque en effet l’altiste Joaquín Riquelme García (né en 1983), membre du Philharmonique de Berlin comme Pahud, et, plus encore, le violoncelliste Edgar Moreau (né en 1994), deuxième prix au concours Tchaïkovski (2011).
Le site de Musique à l’Emperi
Un site consacré à Nino Rota
Un site consacré à Joaquín Turina
Ecouter le concert sur le site de France Musique
Simon Corley
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