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Purcell outre-Manche Dinard Théâtre Stephan Bouttet 07/17/2013 - et 14 (Bazouges-la-Pérouse), 18 (Dinard), 20 (Rennes), 22 (Kersaint-Landunvez), 23 (Paimpol), 25*, 26 (Dinard) juillet 2013, 21 janvier (Amstelveen), 20 février (Heerenveen), 6 (Leiden), 8 (Zwolle), 9 (Amersfoort), 13 (Utrecht), 14 (Den Haag), 16 (Amsterdam), 18 (Groningen), 20 (Zutphen), 21 (Rotterdam), 23 (Helmond) mars, 21 juin (Heerlen) 2014 Henry Purcell : Dido and Aeneas
Caroline Cartens (soprano), Wendy Roobol (soprano), Jan Kullmann (contre-ténor), Maatijs Hoogendijk (ténor), Joost van Velzen (ténor), Pieter Hendriks (baryton)
Barokopera Amsterdam, Frédérique Chauvet (direction)
Sybrand van der Werf (mise en scène, scénographie et lumières), Jorine van Beek (costumes et accessoires)
Si Dinard est surtout célèbre pour son Festival du film britannique, la station balnéaire bretonne offre également, tous les ans au mois de juillet, un festival d’art lyrique intitulé «Opéras d’été». Pour sa quinzième édition, Frédérique Chauvet, directrice artistique et musicale de la manifestation, a choisi de poursuivre, toujours à la tête de l’ensemble Barokopera Amsterdam qu’elle a créé en 2000, une intégrale des œuvres de Purcell. Ainsi, après des titres tels que King Arthur (2010) ou The Fairy Queen (2002), c’est le magnifique Didon et Enée qui était proposé cette année, à Dinard, mais aussi de manière «décentralisée», par exemple à la chapelle de Kersaint (Finistère) ou en l’abbaye de Beauport (Côtes-d’Armor).
L’ouvrage étant relativement court (45 minutes), Frédérique Chauvet l’a intégré dans un spectacle en trois volets. En première partie nous avons pu entendre l’opéra dans son intégralité, puis assister à un intermède parodique (comme on les pratiquait à l’époque baroque) rapprochant l’histoire d’Enée avec celle d’Arthur, avant de poursuivre le spectacle avec l’exécution d’airs tirés d’opéras des XVIIe et XVIIIe siècles se référant à la légende de la descente d’Enée aux Enfers (inspirée de L’Enéide de Virgile), comme la Proserpine de Jean-Baptiste Lully.
Quasi entièrement hollandaise, la distribution vocale n’apporte que des satisfactions. A commencer par l’émouvante Didon de Caroline Cartens, qui, malgré une très prochaine maternité, fait preuve d’un bel engagement théâtral et traduit la densité du drame avec son timbre chaud et corsé à la fois. Son Enée, le ténor Joost van Velzen, propose non seulement des moyens intéressants mais également un physique avantageux. La Belinda de Wendy Roobol est brillante tandis que le contre-ténor Jan Kullmann (un Esprit) impressionne par son timbre pur mais projeté d’une manière inhabituellement puissante. Mattijs Hoogendijk et Pieter Hendriks complètent de manière très honorable façon l’équipe vocale.
Déjà signataire de la mise en scène du Roi Arthur précité, le jeune et dynamique Sybrand van der Werf propose, avec trois toiles et deux bouts de ficelle, une lecture vivante et pleine d’imagination du chef d’œuvre de Purcell – preuve que point n’est forcément besoin de gros moyens pour donner vie à une partition. Quant aux musiciens de Barokopera Amsterdam – au nombre de sept, y compris la chef qui joue à plusieurs reprises de la flûte traversière –, ils ont fort bien maîtrisé l’acoustique du théâtre Stephan Bouttet, ancienne chapelle reconvertie en salle de spectacle, avec des tempi fort cohérents et de judicieuses couleurs de continuo.
A l’issue du spectacle, le public breton n’a pas boudé son plaisir en réservant un chaleureux accueil à l’ensemble de l’équipe artistique. Bref, vivement la seizième édition!
Le site de Barokopera Amsterdam
Emmanuel Andrieu
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