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Rome capitale de la culture européenne Roma Teatro Costanzi 07/16/2013 - et 18, 20, 23* juillet 2003 Giuseppe Verdi : Nabuccodonosor Luca Salsi (Nabuccodonosor), Francesco Meli (Ismaele), Riccardo Zanellato (Zaccaria), Tatiana Serjan (Abigaille), Anna Malavasi (Ferena), Luca Dall’Amico (Il Gran Sacerdote di Belo), Saverio Fiore (Abdallo), Simge Büyükedes (Anna)
Orchestra e coro dell Teatro dell’opera, Riccardo Muti (direction)
Jean-Paul Scarpitta (mise en scène)
Paris est paraît-il la première capitale touristique au monde, mais ce n'est certainement pas le cas pour les amateurs de musique classique et d'opéra étant donné que, durant l'été c'est le vide absolu. Par contraste, la capitale italienne traite bien mieux les innombrables touristes qui viennent la visiter en leur offrant des soirées lyriques de haut niveau, assurées par la troupe de l'Opéra de Rome, à l'Opéra comme ce soir, ou aux Thermes de Caracalla (avec notamment une Tosca sur laquelle nous reviendrons).
Cette soirée a en tout cas permis de constater ce que pouvait donner une maison d'opéra en parfait état de marche et dirigée par l'un des très grands chefs lyriques de notre temps, Riccardo Muti. Faisons d'ailleurs une suggestion : ne manquent plus que quelques soirées lyriques de plus, avec des nouvelles productions de la saison écoulée, pour faire de Rome l'équivalent de Munich au mois de juillet, c'est à dire l'une des étapes de choix du lyricomane européen.
Et ce Nabucco mérite amplement le déplacement ! Personne n'en fait "trop", où ce serait pourtant facile, le talent de chacun s'exprime sans avoir à forcer. Véritable star et Deus ex machina de cette soirée, Riccardo Muti dirige un orchestre d'une souplesse et d'une finesse rare, où aucun pupitre n'est pris en défaut. Surtout attentif aux chanteurs, il ne les couvre jamais et leur évite ainsi d'avoir à forcer leur voix, et l'excellente acoustique permet de goûter le timbre de chacun. La distribution est quasi parfaite et démontre la vigueur du chant italien, à la seule exception de l'extraordinaire Abigaille de la russe Tatiana Serjan. La mise en scène abandonne la grandiloquence, souvent de mise avec cet opéra, pour se concentrer sur les conflits entre les personnages, une réussite également.
Cette production est déjà entrée dans l'histoire, pas seulement celle de l'opéra d'ailleurs puisque sa création, le 12 mars 2011 par Riccardo Muti, à l’occasion du 150e anniversaire de l’unité italienne, avait donné lieu à un clash entre le public allié au chef d'un côté, et le gouvernement d'alors, dirigé par Silvio Berlusconi, accusé de coupes budgétaires dans le domaine de la culture (article et vidéo ici).
Comme en écho à ce coup d'éclat, Muti bisse encore une fois le Va pensiero. Un incroyable frisson parcourt la salle. Cet air est devenu l'hymne officieux de l'Italie, on le sait, ce soir il est aussi celui de tous ceux qui aiment l'art et l'Italie, et cet enthousiasme est réjouissant. La salle entière se lève lorsque Riccardo Muti monte sur scène pour venir saluer, avec de telles personnalités on peut avoir confiance dans l'avenir de la vie artistique italienne et européenne.
Philippe Herlin
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