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Une décennie déjà Bordeaux Saint-Julien-Beychevelle (Château Branaire-Ducru) 07/10/2013 - Henri Duparc : Chanson triste
Claude Debussy: Romance («L’âme évaporée est souffrante») – Nuit d’étoiles
Robert Schumann: Mondnacht, opus 39 n° 5
Richard Strauss: Ständchen, opus 17 n° 2 – Morgen!, opus 27 n° 4
Sergeï Rachmaninov: Zdes khorosho, opus 21 n° 7 – Vocalise, opus 34 n° 14 – Son, opus 38
Charles Gounod: Roméo et Juliette: «Je veux vivre»
Giacomo Puccini: La bohème: «Quando m’en vo»
Antonin Dvorak: Rusalka, opus 114, B. 203: «Chanson à la lune»
Georg Friedrich Haendel: Giulio Cesare, HWV 17: «Piangero la mia sorte»
Jules Massenet: Manon: «Suis-je gentille ainsi» – Gavotte
Luigi Arditi: Il bacio
Julia Novikova (soprano), Hervé N’Kaoua (piano)
Les Estivales de musique en Médoc, dont on fête la dixième année d’existence, se distinguent par deux caractéristiques originales: la première est de faire découvrir et de servir de tremplin à de jeunes musiciens ou chanteurs, lauréats des plus prestigieux concours internationaux; la seconde est de permettre le doux mariage de la musique et du vin, chaque propriétaire des châteaux qui accueillent les concerts proposant, à l’issue des représentations, une dégustation des vins – tous des grands crus classés – de leur domaine. Pour célébrer avec éclat cet anniversaire, Jacques Hubert, président de la manifestation girondine, a choisi de réinviter ses «coups de cœur» parmi les précédentes éditions.
Ainsi, après avoir pu entendre des artistes tels que David Guerrier, Sarah Nemtanu ou encore le Quatuor Modigliani, le public girondin (re)découvre la ravissante Julia Novikova, dans l’orangerie du château Branaire-Ducru. Lauréate du concours Operalia 2009, elle a été mise sous les feux de la rampe notamment grâce à sa participation à la production télévisuelle de Rigoletto, la même année, avec Plácido Domingo et Vittorio Grigolo. Le pianiste bordelais Hervé N’Kaoua, par ailleurs directeur artistique des Estivales depuis leur création, est le partenaire particulièrement attentif de la soprano pétersbourgeoise.
J. Novikova (© Felix Broede)
Julia Novikova consacre la première partie de son récital à la mélodie française et au lied. Fraîche et délicate, la Chanson triste de Duparc lui permet de prendre ses repères et de jauger son audience. Le souffle, encore quelque peu haletant, et la diction encore hésitante, trouvent ensuite leur assise dans une Nuit d’étoiles de Debussy délivrée avec une superbe palette de couleurs et de nuances. La diva russe n’est pas moins à l’aise dans le répertoire du lied allemand en proposant d’abord le Mondnacht de Schumann avant deux superbes mélodies de Strauss dont le sublime Morgen!, tout de murmure et d’émotion contenue, salué par un silence parfait. Elle conclue cette première partie avec trois mélodies de Rachmaninov, se jouant des difficultés de l’étonnante Vocalise.
Après la pause, nous retrouvons les deux artistes pour un cycle d’airs d’opéra. Julia Novikova entonne d’abord la célèbre valse de Juliette («Ah, je veux vivre»), qu’elle chante avec beaucoup de naturel et de légèreté. Elle convainc tout autant dans l’air de Mimi «Quando m’en vo», en assombrissant son beau timbre perlé, ainsi que dans la «Chanson à la lune» (Rusalka), délivrée avec beaucoup d’émotion. Elle s’empare ensuite du personnage de Manon avec l’air «Suis-je gentille ainsi», qui lui permet de faire ressortir son côté espiègle, avant de conclure avec la canzone de Luigi Arditi «Il bacio».
Une belle ovation finale, largement méritée, rappelle les deux artistes qui offrent, en guise de bis, les fameux Chemins de l’amour de Poulenc.
Le site des Estivales de musique en Médoc
Le site de Julia Novikova
Emmanuel Andrieu
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