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Dialogues (néo-)classiques

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
03/03/2013 -  et 4 mars 2013*
Alfred Schnittke : Moz-Art à la Haydn
Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle n° 2
Arvo Pärt : Silouans Song
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 40 en sol mineur, K. 550

Marc Coppey (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, John Nelson (direction)


J. Nelson


John Nelson arrive à Strasbourg en invité d’un soir, certes, mais aussi avec des allures de chef d’orchestre au faîte de sa carrière, paisible voire un peu paternaliste, à vrai dire bien séduisantes tant pour le public que pour l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Des rapports de confiance s’établissent immédiatement, de sympathie certainement aussi. Assurément l’ambiance de travail a été bonne !


En principe l’abord de la vétilleuse Quarantième Symphonie de Mozart devrait donc s’effectuer avec les meilleurs atouts. Une musique difficile, parce qu’à la fois tout le monde l’a dans l’oreille et qu’en définitive les orchestres symphoniques la jouent de plus en plus rarement, voire en ont perdu l’habitude. On est cependant étonné que John Nelson y choisisse un parti pris qui relève davantage de la fuite en avant que d’une construction posée. Amorcé à un tempo d’enfer, le Molto allegro initial (l’indication est claire, certes...) paraît quelque peu chahuté, les cordes aiguës semblant davantage courir après les traits que les dominer réellement de l’archet. Une impression globale de frénésie et de brio instable vient remplacer la perception habituelle des phrases, ce qui est vraisemblablement dommage. Le tableau s’améliore avec les mouvements suivants, un certain inachèvement technique rendant toutefois l’épreuve davantage significative (de la vraie difficulté d’interpréter cette musique aujourd’hui) que convaincante.


Pas forcément moins affûté, le dialogue de John Nelson avec le violoncelliste Marc Coppey s’établit quand même sur des bases plus posées. On apprécie toujours autant l’élégance du soliste, inimitable dans son aisance chambriste, sa musicalité constante, son art de se mettre immédiatement au diapason de son entourage pour jeter les bases d’un dialogue. On apprécie aussi le choix d’un concerto rare, le Second de Haydn, en majeur, souvent délaissé au bénéfice du Premier.


Concert dédié au XVIIIe siècle, certes, mais incluant de brèves excursions au cœur du XXe, avec deux auteurs que l’on peut qualifier de néo-classiques à leurs heures. D’une façon quelque peu abrupte voire plutôt archaïsante pour Arvo Pärt, représenté ici par une œuvre très courte et, à notre avis, tragiquement insignifiante, et avec souvent une bonne dose d’humour pour le plus grinçant Alfred Schnittke, dont le réjouissant Moz-Art à la Haydn constitue un début de soirée très stimulant. John Nelson accorde d’abord quelques instants d’explication au public, avec beaucoup d’à-propos et d’humour, et puis commence ce curieux happening, à la fois pièce musicale et comédie mimée, collage de fragments musicaux empruntés à Mozart mais le plus souvent méconnaissables, jeux de scène multiples à l’intérieur d’un petit orchestre dont son analysés aussi les rapports sociaux en tant que microcosme humain. C’est franchement drôle, parodique, grinçant, et la séquence se termine par le départ progressif des musiciens, quittant la scène par toutes les portes tout en continuant à jouer chacun de leur côté. Le chef coordonne ces événements en cascade avec un évident plaisir malicieux. Les rapports humains au sein d’un orchestre... à l’évidence un sujet qu’il maîtrise à fond!



Laurent Barthel

 

 

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