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Une belle célébration, une folle journée Madrid Auditorio Nacional de Música 06/22/2013 - «Mucho Beethoven»
Raquel Lojendio (soprano), Marina Rodríguez (mezzo), Gustavo Pena (ténor), David Menéndez (baryton), Daniel del Pino, Judith Jáuregui, Gustavo Díaz Jerez, Javier Negrín, Eduardo Fernández, José Menor, Alba Ventura, Miguel Ituarte, Claudio Martínez Mehner, Miguel Angel Ortega Chavaldas, Alina Artemyeva, Ofelia Montaván, Jorge Otero (piano), Erzhan Kuliaev (violon), Víctor García, Marión Platero, Laura Szabo (violoncelle), Trio Areti, Trio Arte, Quatuor Albéniz de Prosegur, Quatuor Alderamin du Conservatoire Reina Sofía, Quatuor Bacarisse, Quatuor Bretón, Quatuor Matosinhos, Quintette Enara, Ensemble Opus 23
Coro nacional de Espana, Coro Radio Televisión Espanola, Orquesta nacional de Espana, Orquesta sinfónica de Radio Televisión Espanola, Orquesta sinfónica de Madrid, Joven orquesta nacional de Espana, Jesús López Cobos (direction)
Devant l’Auditorium national à minuit
De nouveau, deux ans après, le Centre national pour la diffusion de la musique (Institut national des arts scéniques et de la musique, ministère de la culture en 2011, désormais ministère de l’éducation, de la culture et des sports) a célébré la fête de la musique, le samedi 22 juin. Le public mélomane de Madrid et les néophytes ont pu profiter entre 10 heures du matin et 1 heure du matin d’un «marathon Beethoven» à des prix populaires: dans la salle symphonique, les neuf Symphonies dirigées par Jesús López Cobos avec quatre orchestres: l’Orchestre national d’Espagne, l’Orchestre de la Radiotélévision espagnole (RTVE), l’Orchestre symphonique de Madrid (titulaire du Teatro Real) et, pour deux concerts, le Jeune orchestre national d’Espagne pour celui-ci. Dans la salle de musique de chambre, les trente-deux Sonates pour piano en neuf concerts, sous les doigts de neuf pianistes jeunes ou plutôt jeunes: Daniel del Pino, Judith Jáuregui, Gustavo Díaz Jerez, Javier Negrín, Eduardo Fernández, José Menor, Alba Ventura, Miguel Ituarte et Claudio Martínez Mehner. En même temps, dans deux salles improvisées pour l’occasion, de la musique de chambre: beaucoup d’ensembles pour réaliser cette prouesse, comme on pourra le voir sur cette page du site de l’Auditorium national. Plus de 27000 personnes auraient suivi cette folle journée, avec un maximum de près de 7000 à 22 heures.
Faute de jouir du don d’ubiquité, impossible d’assister à tous les concerts et quatre concerts suffisent pour une personne. J’ai pu voir notre jeune espoir, Judith Jáuregui, et son Beethoven formidable (Vingt-cinquième Sonate et trois autres, 12 heures) et Gustavo Díaz Jerez et son Beethoven brillant et expressif (Vingt-septième Soante et trois autres, 14 heures). L’après-midi, quatre symphonies (Cinquième et Sixième «Pastorale» à 17 heures, Septième et Huitième à 19 heures), où López Cobos et l’Orchestre de la RTVE et le Jeune orchestre allaient au-delà de l’enthousiasme, parce que l’enthousiasme, en musique, en art, on le sait, n’est pas assez. Il faut jouer comme eux.
La veille, le ministre avait été hué. A 19 heures, c’est Sa Majesté la Reine qui a été huée – événement plus grave, pour des raisons de prudence politique qu’il est inutile de développer ici. Hormis les raisons qu’ont les Espagnols de protester dans un moment de crise ou d’effondrement, pas du tout dépourvu d’équivalent ailleurs en Europe. Mais ce fut différent le samedi, où le public favorable à la Reine était nombreux. Il est bien dommage que le grand succès de «Mucho Beethoven» («Beaucoup de Beethoven») ait ainsi été terni, au moins dans les media, commentant hélas l’incident au détriment de la célébration.
L’information était certes importante, mais des media ont passé sous silence cet événement essentiel dans la vie culturelle de la ville. Ne voulait-on pas accorder un point au ministère? Certains journalistes ou médias ne verraient-ils de la culture que dans le glamour des grands noms et des chiffres astronomiques, et non pas dans un événement grand public? Ne veut-on pas mettre en évidence, par comparaison, le gaspillage dans d’autres institutions?
Des silences innocents? Rarement.
Les commentaires des spectateurs entre les concerts tournaient toujours autour du même thème: avec un budget très limité, avec la Fondation de la Banque Bilbao Vizcaya Argentaria pour seul partenaire privé, l’équipe qui dirigeait le Teatro Real il y a cinq ans – López Cobos avec l’orchestre, Antonio Moral comme directeur artistique – a montré qu’il n’est ni nécessaire ni convenable de gaspiller des moyens pour obtenir des résultats artistiques de haut niveau, attirant en même temps un large public.
Santiago Martín Bermúdez
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