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Une Traviata grise (et terne)

Metz
Opéra-Théâtre
06/14/2013 -  et 16, 18, 20* juin 2013
Giuseppe Verdi : La traviata
Nathalie Manfrino (Violetta Valéry), Antonio Gandia (Alfredo Germont), Olivier Grand (Giorgio Germont), Patricia Fernandez (Flora Bervoix), Sylvie Biche bois (Annina), Alain Herriau (Docteur Grenvil), Yvan Reyberol (Gastone de Letorières), Romain Dayez (Baron Douphol), Patrice Moll (Le marquis), Julien Belle (Le commissaire), Jean-Sébastien Frantz (Un domestique), Ballet de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole
Chœur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Jean-Pierre Aniorte (chef des chœurs), Orchestre national de Lorrraine, Jari Hämäläinen (direction musicale)
Paul-Emile Fourny (mise en scène), Poppi Franchetti (scénographie), Giovanna Fiorentino (costumes), Patrice Villaume (lumières), Laurence Bolsigner (chorégraphie), Tommy Laszlo (conception vidéo)


N. Manfrino (© Gilles Gisselbrecht/Metz Metropole)


Pour notre septième Traviata de la saison (quel manque d’audace de la part de nos théâtres hexagonaux en ce bicentenaire verdien), nous n’aurons guère été à la fête. En cause une mise en scène du maître des lieux qui nous aura, cette saison, encore moins convaincu que son Aïda toulonnaise et son récent Roméo et Juliette à l’Opéra d’Avignon, ainsi qu’une équipe vocale pour la majeure partie hors propos dans cet ouvrage, qui plus est visiblement fatiguée en cette soirée de dernière.


Pour ce qui est du travail scénique, nous regrettons son côté pesant, avec ses symboles appuyés, les quatre actes durant. Paul-Emile Fourny signe une mise en scène placée d’emblée dans une ambiance mortifère, avec la présence d’un chœur errant sur scène comme des fantômes, grimé en gris, costumes comme visage, gommant ainsi les contrastes, chers à Verdi, entre insouciance et drame. Le déroulement de l’action, dans un décor unique composé de voilages gris, est alourdi par des vidéos de nuages lourds et menaçants, parcourus par des vols fugitifs de corbeaux. Au moment où Traviata expire, moment ici vécu comme une libération après une vie de souffrances, les nuages se dissipent... pour laisser place à un grand ciel bleu: que de naïveté!


Le plateau vocal réuni ce soir ne vient malheureusement pas racheter les limites de la proposition scénique. Après sa prise de rôle à l’Opéra de Rouen la saison dernière, Nathalie Manfrino reprend donc ce personnage qui lui tient à cœur. Pour beaucoup apprécier l’art et le chant de la cantatrice française – a contrario de la plupart de nos confrères –, on doit néanmoins avouer n’avoir été, cette fois, que peu convaincu par son incarnation de l’héroïne de Verdi: le manque de soutien dans le «Ah, fors’è lui» et les vocalises laborieuses dans le «Sempre libera», au I, ont été ainsi bien éprouvantes pour nos oreilles. La soprano faiblit aussi dans le grand concertato du II, où la ligne de «Alfredo, Alfredo» reste assez incertaine. Il faut toutefois reconnaître qu’elle se montre ensuite plus persuasive, dans le «Dite alla giovine», chanté dans un murmure, et plus encore dans un «Addio del passato» émouvant.


Son Alfredo, le ténor espagnol Antonio Gandia, se montre très en dessous du minimum nécessaire pour être vocalement (mais aussi scéniquement) crédible. Le timbre est certes ensoleillé et de belle couleur, mais la voix se montre bien avare de nuances et de raffinement, nombre d’intonations s’avèrent douteuses et ses aigus sont systématiquement projetés comme des coups de canon, jusqu’à la rupture, comme c’est le cas au II, à la fin de l’air «De’ miei bollenti spiriti». Par ailleurs, Gandia se montre particulièrement piètre comédien, comme absent à l’action, se contentant de faire des grimaces en guise de jeu scénique.


Olivier Grand est une erreur absolue de distribution: le baryton français n’a rien à dire dans le rôle de Germont et il ne possède aucunes des qualités exigées par le rôle. L’acteur est monolithique – la faute en incombe aussi à la direction d’acteurs du metteur en scène belge, toujours aussi falote d’une production à l’autre –, le format vocal va s’amincissant – on peine à l’entendre –, les aigus ne répondent pas présent – mais on ne se rappelle d’ailleurs pas qu’il en ait jamais eu – et la ligne de chant s’avère catastrophique – le fameux phrasé verdien est ici inexistant: il est tout simplement le plus pénible Germont qu’il nous ait été donné d’entendre. Quant aux comprimari, il n’y en a pas un seul à sauver.


Le chef finlandais Jari Hämäläinen, à la tête d’un orchestre – et surtout d’un chœur – assez indisciplinés ce soir, donne une lecture aux tempi plutôt fluctuants, à l’unisson des qualités – en l’occurrence médiocres, comme nous l’avons déjà dit – de ses chanteurs.


Bref, on a vu autrement mieux à Metz.



Emmanuel Andrieu

 

 

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