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Probité Paris Théâtre des Champs Elysées 12/05/2000 - Joseph Haydn : Symphonie n° 88 Alban Berg : Lulu-Suite Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 5
Orchestre Philharmonique de Vienne, Simon Rattle (direction)
Après une mémorable Symphonie fantastique en avril 1997, on retrouvait avec impatience Simon Rattle et le Philharmonique de Vienne. Celui qui prendra la suite de Claudio Abbado à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Berlin en 2002 possède une griffe très personnelle, sa technique de direction figure parmi les plus fascinantes de notre époque. Ce concert a permis de se faire une idée plus claire de ses options esthétiques. La pâte orchestrale est réduite, dirons-nous, à sa « fonction » purement sonore. Rattle ne cherche pas à « jouer » avec elle, à lui donner une profondeur, à développer ses harmoniques, à la distendre, c’est plutôt pour lui un point de départ, un élément qu’il va poser en réponse à d’autres. Car la direction du chef britannique s’appuie sur les contrastes dynamiques des différentes lignes musicales et les changements de tempo. D’où un dessin particulièrement ciselé de ces lignes, un parfait équilibre entre les pupitres pour que ces lignes soient toujours présentes à l’oreille, et une exacerbation des ruptures de tempo. La partition semble toujours « aérée », décantée, claire, et d’une vigueur sans pareil. Le trio de la symphonie de Haydn, qui n’avait absolument plus rien de bucolique et devint un pur jeu de dynamiques savamment réparties, fut un moment fulgurant. L’orchestre de la Lulu-Suite sonnait comme un vaste ensemble de musique de chambre. Le finale de la Cinquième de Beethoven, qui réclame une dynamique et une énergie démesurées, fut parfaitement rendu. Le mot probité vient immédiatement à l’esprit à l’écoute des ces œuvres. Un bis rare fut offert au public, Scène avec les grues opus 44/2 de Sibelius pour clore cette magnifique soirée.
Philippe Herlin
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