Back
Un dimanche à Gand … Gent De Vlaamse Opera (Opéra des Flandres) 10/30/1999 -
De Vlaamse Opera (Opéra des Flandres)
Gent (de Bijloke) : 30 octobre, 2, 5 et 7 novembre 1999
Antwerpen (Konigin Elisabethzaal) : 9, 11 novembre 1999
Giuseppe Verdi : Ernani
Hasmik Papian (Elvira), Antonio Lotti (Ernani), Giovanni Meoni (Don Carlo), Francesco Ellero d’Artegna (Don Ruy Gomez de Silva), Annelies Meskens (Giovanna), Eric Raes (Don Riccardo), Wilfried Van den Brande (Jago), Peter Burian (chef des choeurs)
Symfonisch Orkest en Koor Van De Vlaamse Opera, Massimo Zanetti (direction musicale)
Gent (Opéra): 1, 3, 4, 6, 7 novembre 1999
Antwerpen (Opéra): 14, 16, 17, 19,21 novembre 1999
Jean-Philippe Rameau : Platée
Jean-Paul Fouchecourt (Platée), Mireille Delunsch (La Folie/Thalie), Paul Agnew (Thespis/Mercure), Christophe Fel (Jupiter), Franck Leguérinel (Momus), Thierry Felix (Cithéron/ Un Satyre), Cassandre Berthon (L’Amour/ Clarine), Doris Lamprecht (Junon),
Laurent Pelly (mise en scène), Chantal Thomas (décors), Laurent Pelly (costumes), Joël Adam (éclairages), Laura Scozzi (chorégraphie), Sébastien Rouland (chef des choeurs)
Orchestre Les Musiciens du Louvre, Koor Van De Vlaamse Opera, Marc Minkowski (direction musicale)
Par une amusante coïncidence, ce dimanche 7 novembre, l'Opéra des Flandres proposait le même jour deux représentations, l'une en soirée conduite par celui qui fut le directeur musical pendant deux saisons, Marc Minkowski, l'autre, en matinée, par son successeur, le jeune Massimo Zanetti. Cela semblait symbolique d'un passage de relai, d'autant que Minkowski se trouvait parmi le public assistant à la représentation de Zanetti.
Pour commencer, la matinée consistait l'exécution en version de concert d' Ernani de Verdi, en prévision du cinq-centième anniversaire de Charles Quint à Gand en 2000 (Charles Quint est donc l'un des personnages de cet opéra, Don Carlo). Cette représentation démontrait l'extrême difficulté de distribuer les opéras de jeunesse de Verdi car c'est surtout à ce niveau qu'elle pêchait. Dans le rôle titre, Antonio Lotti, qui remplaçait Mario Malagnini, n'était pas à la hauteur avec sa personnalité fade, son ton plaintif et monocorde, sa voix fragile et pourtant d'une belle couleur. Hasmik Papian, qui commence à se faire un nom sur les scènes internationales, a le tort de ne pas respecter son émission plutôt lyrique qui ferait merveille dans d'autres rôles. Mais la tessiture d'Elvira avec ses extrêmes dans les registres, ses coloratures dramatiques la mettent à rude épreuve. Elle manque également de tempérament et ne peut ainsi convaincre malgré de réelles qualités de timbre. Heureusement plus de satisfactions sont offertes par les clefs de fa: Giovanni Meoni est un excellent Don Carlo, au timbre prenant, avec un beau legato et Francesco Ellero d'Artegna est impressionnant d'autorité , malgré un grave un peu court. Les seconds rôles et le choeur, dirigé par Peter Burian sont d'un très bon niveau. Et pour terminer, saluons la direction de Massimo Zanetti qui trouve avec succès les exactes pulsations et énergies de ce répertoire. Il est bon de savoir l'Orchestre de l'Opéra des Flandres en de si bonnes mains et nous attendons avec impatience son approche des Noces de Figaro prévues pour décembre.
En soirée, contraste saisissant avec la magnifique production de Platée de Rameau revue par Laurent Pelly. Cette mise en scène a déjà été commentée à l'occasion des représentations au Palais Garnier au printemps dernier, mais il faut revenir sur cette réussite théâtrale et musicale exceptionnelle. Dans un décor alliant la fantaisie et la poésie, utilisant au départ l'idée du théâtre dans le théâtre mais en la renouvelant et ne s'en y emprisonnant pas, la plus débridée des directions d'acteurs/chanteurs offre à un public captivé un spectacle complet, drôle sans vulgarités, en accord total avec la musique de Rameau, qui nous paraît ainsi d'une grande modernité. La folie flamboyante des costumes, la chorégraphie farfelue et imaginative contribuent au succès du projet. Enfin, tout cela ne serait rien sans la contribution d'un Orchestre des Musiciens du Louvre expert, dirigé par un Marc Minkowski d'une précision rare, pétillant, touchant lorsqu'il le faut.
Que dire d'une distribution quasi idéale? Jean-Paul Fouchécourt, malgré les limites que sa voix lui impose dans la scène finale, est la plus attachante des Platées. Mireille Delunsch brille de mille feux et habite le rôle de la Folie avec une fantaisie qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de révéler. Paul Agnew (éblouissant), Franck Leguérinel, Christophe Fel et Thierry Félix sont parfaits de style, de diction et de générosité vocale. Seule Doris Lamprecht n'est pas tout à fait à sa place dans ce répertoire.
Un dimanche aux plaisirs variés qui démontre la bonne santé de l'Opéra des Flandres, après l'ouverture de saison inoubliable (Jenufa de Janacek).
Christophe Vetter
|