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L’esprit du festival

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
05/09/2013 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Trio pour piano, violon et violoncelle en si bémol majeur, K. 502
Hans Werner Henze: Kammersonate pour trio avec piano
Jonathan Harvey: Three Sketches pour violoncelle (*)
Robert Schumann: Quintette pour piano et cordes, opus 44 (#)

Guillaume Chilemme (#) (violon), Marie Chilemme (alto), Yan Levionnois (*) (violoncelle), Trio Les Esprits: Adam Laloum (piano), Mi-Sa Yang (violon), Victor Julien-Laferrière (violoncelle)


A. Laloum (© Carole Bellaiche/Mirare)


Le sixième concert du dix-septième festival de musique de chambre de Deauville, retransmis en direct sur France Musique, rassemblait, face à un public varié, de jeunes interprètes autour d’un programme éclectique laissant, une fois n’est pas coutume, une belle place à la musique contemporaine. Au centre du programme, soigneusement encadrée par des œuvres bien sages, elle en constituait même le principal attrait.


De Hans Werner Henze (1926-2012) était ainsi présentée en première partie par le Trio Les Esprits une Sonate de chambre (1948), âpre, aux couleurs et à la densité presque weberniennes. Les instrumentistes, malgré leur jeunesse, surent en dégager la douleur sous-jacente et laisser percer comme des traces d’une fragilité humaine irrémédiable, notamment dans un deuxième mouvement empreint d’une tendresse mêlée de tristesse.


De Jonathan Harvey (1939-2012), décédé comme Henze l’an dernier, Yan Levionnois joua en seconde partie de concert Trois Esquisses pour violoncelle seul (1989) – entorse certes à l’esprit du festival consacré aux petits ensembles de musique de chambre mais il y eut des précédents et l’œuvre fut en tout état de cause passionnante. De la première, on retint le passage des graves aux aigus avant l’équilibre instable final; de la deuxième, une approche aux confins du silence, presque mystique; de la troisième, des impressions de vitesse d’une folle inventivité. Le tout, d’une ampleur légèrement supérieure aux Trois Strophes sur le nom de Sacher de Dutilleux, était émaillé de nombreux glissandos parfois acrobatiques mais parfaitement maîtrisés par le jeune violoncelliste dont on put apprécier autant le savoir-faire et la puissance que l’audace et la polyvalence. Un artiste de caractère dont les qualités ont été une nouvelle fois confirmées à Deauville.


Mais auparavant, en début du concert, il revenait à un des six Trios de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), datant de 1786, d’assurer une sérénité initiale. L’œuvre avait été sérieusement travaillée pour être aussi bien ciselée mais sans que la fraîcheur de l’approche eût à en pâtir. Après un premier mouvement d’une parfaite clarté, le piano souverain d’Adam Laloum et la finesse du violon de Mi-Sa Yang firent du quasi duo du deuxième mouvement une réussite, le trio parvenant à donner à l’Allegretto final une certaine grandeur n’excluant pas une fantaisie de tous les instants.


Les talents des artistes étaient là aussi amplement confirmés par leur interprétation du Quintette (1842) de Robert Schumann (1810-1856), déjà proposé en 2006 et 2008 dans la même salle. Il fallut se rendre à l’évidence: Adam Laloum est un grand pianiste qui a une juste conception de la musique de chambre. Sans cesse attentif au jeu de ses compagnons, toujours précis, il veillait à ne jamais écraser ses touches ou s’imposer face aux cordes. Si celles-ci manquèrent parfois d’homogénéité et l’on put déceler de menus décalages dans le deuxième mouvement et une cohésion un peu effilochée sur la fin, notamment dans le bis reprenant les dernières mesures du final, on ne pouvait que se louer de leur équilibre, leur engagement et leur approche interprétative, la qualité de l’alto de Marie Chilemme méritant d’être signalée tant ce pupitre est souvent le maillon faible. Tout l’esprit du festival était là: le sérieux allié à l’enthousiasme de la jeunesse et au sens du partage.


Le plus beau concert du festival de cette année? Peut-être.



Stéphane Guy

 

 

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