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C’est meilleur réchauffé

Marseille
Opéra municipal
05/04/2013 -  et 7, 10, 12 mai 2013
Wolfgang Amadeus Mozart : La clemenza di Tito, K. 621

Paolo Fanale (Tito), Teresa Romano (Vitellia), Kate Aldrich (Sesto), Clémence Barrabé (Servilia), Christine Tocci (Annio), Josef Wagner (Publio)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Pierre Iodice (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Mark Shanahan (direction)
David McVicar (mise en scène & décors), Marie Lambert (réalisation de la mise en scène), Bettina Neuhaus (décoratrice associée), Jenny Tiramani (costumes), Jennifer Tipton (lumières), John Torres (réalisation des lumières), David Greeves (chorégraphies)


(© Christian Dresse)


Salle quasi comble et accueil enthousiaste pour la première de cette Clémence de Titus marseillaise, production signée David McVicar, créée il y a deux au Festival d’Aix-en-Provence, et reprise cette saison au Capitole de Toulouse, les trois institutions ayant coproduit le spectacle. Le cadre conçu par l’homme de théâtre écossais n’a pas changé d’après notre souvenir (la cour d‘un hôtel particulier provençal du XVIIIe siècle) et a l’avantage de la fonctionnalité, permettant de rapides changements de lieux (palais, temple) avec des éléments de décor coulissants. Cette scénographie claire et efficace donne ainsi tout loisir au spectateur de se concentrer sur le cheminement psychologique des personnages, d’autant que Marie Lambert, qui a supervisé la reprise dans la cité phocéenne, a complètement revu la direction d’acteurs, relâchée et décevante à Aix, mais resserrée au plus près ce soir et superbement rythmée par le jeu pertinent des éclairages de Jennifer Tipton.


De la distribution se détache l’ardent Sesto de Kate Aldrich, qui trouve assurément avec ce personnage l‘une de ses incarnations majeures. Elle campe un Sextius juvénile, noble et vivace, qui exprime, dans chaque frémissement de la voix, les élans de l’âme. On admire chez la cantatrice américaine la robe séduisante du timbre tout comme la perfection de la ligne de chant, qui font merveille dans un «Parto, ma tu ben mio» d’anthologie.
Remplaçant Lianna Haroutounian initialement annoncée, la soprano italienne Teresa Romano campe une Vitellia toutes griffes dehors, affrontant crânement les multiples embûches que comporte son rôle, au prix néanmoins d’intonations agressives dans le chant forte et de quelques aigus indurés. Cela posé, on devra mettre à son crédit des vocalises parfaitement négociées, un legato exemplaire, et des graves saisissants qui impressionnent dans «Non più di fiori».


Le ténor sicilien Paolo Fanale traduit superbement la solitude de Titus, jusqu’au renoncement, avec une exceptionnelle intelligence du texte: avec d’inhabituelles inflexions, des pianissimi expressifs, chaque mots de ses récitatifs captivent. La voix est belle, claire et puissante à la fois, et donne la meilleure preuve de sa musicalité dans la nuance mezza voce, qui illumine le fameux air «Se all’impero». A côté de la frêle (et encore un peu verte) Servilia de Clémence Barrabé, la délicieuse mezzo française Christine Tocci est un Annio de luxe, rompue qu’elle s’avère aux techniques du bel canto, avec une qualité de timbre et un rayonnement sur scène tout à fait remarquables. Quant au Publius de la basse autrichienne Josef Wagner, avec une présence dramatique et une élégance vocale également inhabituelles pour ce personnage, il est totalement convaincant.


Sous la direction très aérienne et très noble de l’excellent chef irlandais Mark Shanahan, l’Orchestre de l’Opéra de Marseille parvient à donner à cet opéra seria – que l’on a entendu parfois si pompeux, c’était malheureusement le cas à Aix sous la battue du regretté Sir Colin Davis – une vie pleine de rebondissements et de couleurs.



Emmanuel Andrieu

 

 

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