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Recherche Cio-Cio-San désespérément Geneva Grand Théâtre 04/20/2013 - et 23, 26*, 29 avril, 2, 5 mai 2013 Giacomo Puccini : Madama Butterfly Karine Babajanyan (Cio-Cio-San), Arnold Rutkowski (Benjamin Franklin Pinkerton), Jeremy Carpenter (Sharpless), Cornelia Oncioiu (Suzuki), Elisa Cenni (Kate Pinkerton), Francis Hubert (Goro), Marc Scoffoni (Le Prince Yamadori), Khachik Matevosyan (L’Oncle Bonze), Peter Cho (Yakuside), Seong-Ho Han (Le Commissaire impérial / L’Officier du registre), Mi-Young Kim (La Mère de Cio-Cio-San), Daniella Stoycheva (La Tante de Cio-Cio-San), Magali Duceaunj (La Cousine de Cio-Cio-San)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Ching-Lien Wu (cheffe de chœur), Orchestre de la Suisse Romande, Alexander Joel (direction musicale)
Michael Grandage (mise en scène), Louisa Muller (reprise de la mise en scène), Christopher Oram (décors et costumes), Neil Austin (lumières), Nicole Tongue (chorégraphie)
Coproduction avec le Houston Grand Opera (© GTG/Vincent Lepresle)
Peut-on représenter Madama Butterfly sans une Cio-Cio-San adéquate, crédible et convaincante de bout en bout ? C’est la question qu’on est en droit de se poser après avoir assisté à la nouvelle production du chef-d’œuvre de Puccini au Grand Théâtre de Genève. Pendant toute la première partie du spectacle, la soprano Karine Babajanyan est visiblement à la peine : large vibrato, problèmes d’intonation, aigus étriqués, voire escamotés, manque de souffle et d’envergure pour affronter les longues envolées lyriques de la partition… Scéniquement, ce n’est guère mieux, l’interprète ne faisant que minauder et paraissant si maniérée qu’il est impossible de l’identifier à la petite Japonaise du livret. Il faut néanmoins reconnaître que la chanteuse a semblé beaucoup plus à l’aise dans la deuxième partie de la représentation, la voix se faisant moins stridente et mieux timbrée, avec à la clé un « Un bel dì vedremo » plutôt émouvant. Pour évacuer d’emblée les autres sujets qui fâchent, passons rapidement sur une mise en scène des plus conventionnelles et sans direction d’acteurs digne de ce nom, offrant des images d’estampe d’un Japon de carte postale, où aucun cliché n’est épargné, avec des lumières kitsch à souhait. Pour sûr, les amateurs de productions léchées et classiques ont, eux, dû apprécier.
Fort heureusement, cette Butterfly genevoise vaut néanmoins le détour pour le reste de sa distribution et la prestation de l’orchestre. Le ténor polonais Arnold Rutkowski est la révélation de la soirée, incarnant un Pinkerton à l’aisance déconcertante, avec des aigus lumineux et une ligne de chant jamais prise en défaut. Jeremy Carpenter, au chant solide, campe un consul noble et sensible, alors que Cornelia Oncioiu est une Suzuki particulièrement émouvante, avec une jolie voix sombre. On relèvera également la belle prestation de Francis Hubert en Goro des plus sournois. Dans la fosse, Alexander Joel mène l’Orchestre de la Suisse Romande vers des sommets et rend pleinement justice à la musique de Puccini en en faisant ressortir toutes les couleurs et les facettes, dans un parfait équilibre entre moments lyriques passionnés et passages plus sombres. Un spectacle en demi-teinte donc, malgré des atouts de poids, mais qui ne peuvent racheter l’absence d’une véritable héroïne.
Claudio Poloni
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