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Etienne Dupuis, le Figaro du moment

Avignon
Opéra-Théâtre
04/07/2013 -  et 9* avril 2013
Gioacchino Rossini : Il barbiere di Siviglia

Etienne Dupuis (Figaro), Karine Deshayes (Rosina), Julien Dran (Il conte Almaviva), Franck Leguérinel (Il dottore Bartolo), Nicolas Courjal (Basilio), Philippe Ermelier (Fiorello), Xavier Seince (Un ufficiale), Pierre Rochefort (Ambrogio)
Chœurs de l’Opéra-Théâtre du Grand Avignon, Aurore Marchand (chef de chœur), Orchestre lyrique de région Avignon Provence, Roberto Fores-Veses (direction)
Frédéric Bélier-Garcia (mise en scène), Sophie Petit (assistante à la mise en scène), Jacques Gabel (décors), Catherine & Sarah Leterrier (costumes), Roberto Venturi (lumières)


E. Dupuis, K. Deshayes (© Cédric Delestrade/ACM Studio)


Signée par le talentueux homme de théâtre Frédéric Bélier-Garcia, cette nouvelle production du Barbier de Séville, réalisée en collaboration avec les opéras d’Angers/Nantes et de Massy, a reçu un triomphe amplement mérité à Avignon. Le mérite revient peut-être avant tout au jeune chef valencien Roberto Flores-Veses, récemment nommé à la direction artistique et musicale de l’Orchestre d’Auvergne, qui se confirme comme une des baguettes à suivre, notamment dans ce répertoire où elle fait merveille, par sa capacité à préserver l’incisivité des rythmes et la vivacité des couleurs instrumentales, primordiales ici. Nous mettrons encore à son crédit d’avoir réalisé peu de coupures – même si l’air «Cessa di più resistere», que très peu de ténors peuvent affronter aujourd’hui, a été supprimé –, le respect du style et l’insertion toujours appropriée de nombreuses variations dans la ligne de chant.


Pour sa troisième venue in loco – on se remémore un remarquable Don Giovanni en 2006 –, Bélier-Garcia livre un spectacle intelligent qui s’impose par son efficacité, ses nombreuses trouvailles, son comique jamais vulgaire et une brillante direction d’acteurs. Si les costumes (somptueux, signés Catherine et Sarah Leterrier) sont d’époque, la scénographie de Jacques Gabel est ancrée, elle, dans la seconde moitié du XXe siècle: elle nous invite dans la maison encore en construction (mais habitable) du Docteur Bartolo, logement qui lui sert également de cabinet de consultation. Inénarrable la scène où, pendant son grand air du II «A un dottor», Bartolo déclame sa colère, un tablier de boucher maculé de sang à la taille, en agitant au dessus du nez d’un patient terrorisé, scie, tenailles et autres instruments de torture!


Le jeune ténor français Julien Dran possède un timbre qui, sans être exceptionnel, est plutôt séduisant, l’aigu facile, la voix dans l’ensemble bien conduite. La technique mériterait toutefois d’être perfectionnée, en particulier la vocalisation, encore sommaire. Du coup, on ne regrette qu’à moitié la suppression du difficile «Cessa di più resistere»; reste que le chanteur a des atouts prometteurs, s’il sait bien conduire sa carrière. Très fidèle à Raymond Duffaut, qui lui a déjà offert les rôles de Sextus (La Clémence de Titus , Roméo dans Les Capulets et les Montaigus ou Angelina dans La Cenerentola), la mezzo française Karine Deshaye campe une Rosine au tempérament de feu, vocalise avec assurance, et si certains aigus prennent des couleurs un peu métalliques ce soir, le médium reste, quant à lui, d’une rondeur et d’une plénitude rares.


Frank Leguérinel tient, avec Bartolo, l’un de ses meilleurs emplois: le comédien est à la fois sobre et burlesque, le chanteur sonore et musicalement parfait, jamais pris en défaut dans le chant sillabato. Avec son inquiétante allure, qui semble s’inspirer du personnage de Raspoutine, Nicolas Courjal, autre grand habitué des lieux, incarne un Basile repoussant à souhait, et livre un «air de la calomnie» absolument jouissif. Pleine d’esprit et de piquant, la Berta de Caroline Mutel, impayable de drôlerie, le Fiorello de Philippe Ermelier, et impeccable le chœur de l’Opéra-Théâtre du Grand Avignon, toujours aussi bien préparé par Aurore Marchand.


Mais c’est Etienne Dupuis qui s’impose comme la révélation de la soirée, par la conjonction d’un matériau vocal idéal pour Figaro (et d’une rare facilité) avec une liberté scénique confondante; au jeu du comédien répond ainsi la solidité déjà avérée du chanteur. Le baryton canadien est indubitablement un des meilleurs Figaro du moment.



Emmanuel Andrieu

 

 

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