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La Bartoli sur ses terres

Roma
Parco della Musica (Sala Santa Cecilia)
04/08/2013 -  
Nicolò Porpora: Meride e Selinunte: Sinfonia – Siface: «Come nave» et «Usignolo sventurato» – Germanico in Germania: Ouverture – Gedeone: Ouverture – Perdono, amata Nice: Ouverture – Adelaide: «Nobil onda»
Riccardo Broschi: Merope: «Chi non sente al mio dolore»
George Frideric Handel: Il trionfo del Tempo e del Disinganno: «Lascia la spina»
Francesco Maria Veracini: Ouverture n° 6 en sol mineur: Allegro
Leonardo Vinci: Medo: «Cervo in bosco» – Alessandro nelle Indie: «Quanto invidio la sorte... Chi vive amante»
Leonardo Leo: Zenobia in Palmira: «Qual farfalla»
Francesco Araia: Berenice: «Cadrò, ma qual si mira»
Carl Heinrich Graun: Demofoonte: «Misero pargoletto»
Alessandro Scarlatti: Sinfonia di concerto grosso n° 5 en ré mineur
Antonio Caldara: La morte d’Abel: «Quel buon pastor»

Cecilia Bartoli (mezzo)
Orchestre «La Scintilla», Ada Pesch (Konzertmeisterin)


C. Bartoli (© Uli Weber/Decca)



Avec plus de trois ans de retard sur Paris ou Bruxelles, c’est (enfin) à Rome, où la diva italienne a poussé son premier cri, que la Bartoli vient donner son récital «Sacrificium», titre d’un album paru il y a quatre ans, et qui a connu un énorme succès commercial. Le concert étant affiché complet depuis longtemps, il y avait foule ce soir devant les guichets de la Sala Santa Cecilia, sise dans le magnifique et futuriste complexe culturel conçu, au nord de la Ville éternelle, par l’architecte star Renzo Piano.


Surgie des coulisses en costume de mousquetaire, Bartoli fait aussitôt délirer la salle, déjà acquise à sa cause: Brava!, Cecilia!, Viva! fusent de toute part, obligeant l’orchestre à interrompre net l’introduction instrumentale du premier air: le public peut alors manifester, pendant une bonne minute, l’adoration et la ferveur (pour ne pas dire le culte!) dont la chanteuse est l’objet dans sa ville natale. Sans être Romain et sans avoir toujours goûté les simagrées et autres tics habituels de la chanteuse, nous n’avons pour autant pas boudé notre plaisir. Car c’est tout simplement du bonheur que Bartoli distille, au gré de morceaux choisis avec soin, tour à tour ébouriffante de virtuosité – comme dans le «Cervo in bosco» tiré du Medo de Leonardo Vinci ou le «Nobil onda» extrait de l’Adelaide de Nicola Porpora –, ou bouleversante dans les lamenti («Chi non sente al mio dolor» de Riccardo Broschi (Merope) ou encore «Qual farfalla» de Leonardo Leo (Zenobia in Palmira).


Porpora, Vinci, Broschi, Leo, Haendel ou le plus obscur Francesco Araia, tous ces compositeurs sont conviés au festin vocal qu’a concocté Cecilia Bartoli, eux qui firent les belles soirées des cours européennes au XVIIIe siècle, avec ce véhicule majeur que furent les castrati, Farinelli et Cafarelli en tête, pour lesquels a été composée la quasi-totalité des airs retenus ici, airs que la diva est allée dénicher dans les remises de bibliothèques aux quatre coins de l’Italie.


Comme à chacun de ses concerts, on reste médusé par la vocalité, proprement phénoménale, et la technique, d’une absolue maîtrise, de l’artiste. La couleur unique de son timbre, son souffle comme inépuisable, l’art de vocaliser avec un ambitus et des sauts d’octave vertigineux, ses mezza voce évanescents, sa musicalité sans faille enfin, galvanisent et/ou laissent pantois. Par ailleurs, la passion qu’elle insuffle à ses personnages, notamment dans leurs fureurs et leurs emportements, ou sa façon de susurrer leur désespoir, comme s’ils vivaient (et elle avec) leurs derniers instants, donnent le frisson.


L’orchestre baroque «La Scintilla» n’est pas en reste, servant de formidable écrin à sa voix. Menée avec une énergie et une précision stupéfiantes par la Konzertmeisterin Ada Pesch, la formation suisse crépite de mille feux – avec une mention spéciale pour les deux formidables cors naturels (Glen Borling et Andrea Siri) – mais sait aussi toucher, comme dans le délicat Adagio du Concerto grosso n° 5 de Scarlatti.


Saluons, en conclusion, la générosité de l’Italienne pour ce programme, plus de trois heures de musiques, avec les trois bis, dont le sublime «Sovvente il sole», extrait d’Andromeda liberata de Vivaldi, livré dans un murmure.


Brava Cecilia!



Emmanuel Andrieu

 

 

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