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Tosca sombre et violente

Lausanne
Opéra
03/17/2013 -  et 20, 22, 24, 27* mars 2013
Giacomo Puccini : Tosca
Alexia Voulgaridou/Annalisa Raspagliosi* (Floria Tosca), Giancarlo Monsalve (Mario Cavaradossi), Giorgio Surian (Baron Scarpia), Daniel Golossov (Angelotti), Marcin Habela (Il sagrestano), André Gass (Spoletta), Sacha Michon (Sciarrone), Juan Etchepareborda (Carciere), Mathilde Monfray (Pastore)
Chœur de l'Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (chef de chœur), Maîtrise Horizons du Conservatoire de Lausanne, Pierre-Louis Nanchen (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Roberto Rizzi Brignoli (direction musicale)
Giancarlo del Monaco (mise en scène), Marco Berriel (assistant à la mise en scène), Daniel Bianco (décors et lumières), José Eduardo Díaz Ortega (assistant décors), Pedro Perez Martin (assistant lumières), Jesùs Ruiz (costumes)


(© Marc Vanappelghem)


Tosca – 1943. L’inscription au-dessus du plateau a donné le ton de la nouvelle Tosca qui vient de faire les beaux soirs de l’Opéra de Lausanne. Le metteur en scène Giancarlo del Monaco a choisi de transposer l’action à l’époque de Mussolini, au moment où l’Italie tombe sous le joug des nazis (un portrait géant du Führer orne le bureau de Scarpia au deuxième acte). Le « Vittoria » de Cavaradossi annonce l’arrivée imminente des Alliés. Pour le reste, la production est certes des plus classiques et conventionnelles, mais parfaitement réglée, dénotant la patte d’un véritable professionnel. Les décors froids, sombres et monumentaux de Daniel Bianco soulignent admirablement le sentiment d’étouffement et d’oppression. La violence du régime nazi est particulièrement marquée, notamment avec l’apparition d’un Cavaradossi plus ensanglanté que d’ordinaire après la séance de torture. Pour le « E lucevan le stelle » du dernier acte, l’amant de Tosca n’arrive plus à se tenir debout et doit chanter son célèbre air couché, le corps couvert de blessures et les habits tachés de sang. A la fin de l’ouvrage, Tosca se suicide en se tirant une balle dans la bouche. L’atmosphère rappelle aussi « Portier de nuit », surtout lorsque l’héroïne s’offre à Scarpia avec la casquette de ce dernier vissée sur la tête et en ayant pris soin de se dévêtir.


Musicalement, le spectacle tient également ses promesses. A commencer par la direction vive, précise et dynamique de Roberto Rizzi Brignoli, qui laisse se déployer toutes les nuances et les couleurs de la partition de Puccini (la fosse d’orchestre a été agrandie durant les travaux de rénovation du théâtre), sans jamais pourtant noyer les chanteurs. Initialement prévue pour assurer toute la série de représentations, Alexia Voulgaridou n’a chanté que le soir de la première, avant de tomber malade. Elle a été remplacée par Annalisa Raspagliosi, qui avait déjà tenu le rôle principal dans la production à Valladolid. La soprano romaine a séduit tout autant par sa prestance et son engagement scénique que par sa maîtrise technique, son sens des nuances et sa belle palette de couleurs, culminant avec un « Vissi d’arte » sobre mais intense. Girgio Surian a incarné un Scarpia particulièrement froid et impassible, avec des sourires cyniques et narquois lancés à Tosca au deuxième acte, totalement indifférent à la souffrance et à la détresse qui l’entourent, plongé dans un livre pendant le « Vissi d’arte ». Vocalement, la voix a dégagé une autorité naturelle malgré quelques notes un peu tendues. Le ténor a été la seule déception de la soirée : s’il a le physique du rôle de Cavaradossi, Giancarlo Monsalve n’en a malheureusement ni les notes ni la technique, avec un chant fruste et monotone, qui ne connaît qu’une seule nuance, le « fortissimo ». Parmi les seconds rôles, on retiendra surtout le Pastore sensible de Mathilde Monfray, devenu ici une femme portant l’étoile de David et contrainte de nettoyer le sol de la prison du Château Saint-Ange.



Claudio Poloni

 

 

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