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Passions humaines dans les montagnes du Piémont

Monaco
Monte-Carlo (Opéra)
03/22/2013 -  et 24, 27, 29 mars 2013
Pietro Mascagni : Amica

Amarilli Nizza (Amica), Enrique Ferrer (Giorgio), Lucio Gallo (Rinaldo), André Heyboer (Maître Camoine), Annie Vavrille (Magdelone)
Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo, Stefano Visconti (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Gianluigi Gelmetti (direction)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Rudy Sabounghi (décors), Teresa Acone (costumes), Laurent Castaingt (lumières)


A. Nizza, E. Ferrer (© Opéra de Monte-Carlo)


Coproduite avec les opéras de Rome et de Livourne, cette rare Amica de Pietro Mascagni investit le théâtre qui a vu naître l’ouvrage, puisqu’il y fut créé en 1905, en français. Repris deux mois plus tard au Teatro Costanzi à Rome, dans une version italienne, il connut un certain succès jusqu’à la fin des années trente, avant de sombrer dans l’oubli. L’intrigue, fondée sur un drame de Paul Bérel, repose sur l’éternel trio amoureux: la belle Amica travaille dans la ferme de son oncle, Maître Camoine, qui décide de la marier afin de la voir quitter son toit, et ainsi mieux convoler lui-même avec sa servante Magdelone. Son choix se porte sur Giorgio, un garçon de ferme malingre, mais c’est sans compter sur le fait qu’Amica est éprise du robuste frère de ce dernier, Rinaldo. La jeune fille rejoint son amant dans la montagne, où il vit, mais quand il apprend que son rival n’est autre que son propre frère, il décide de lui laisser la place, par amour fraternel, au grand désespoir d’Amica qui, en tentant de poursuivre l’objet de ses feux, s’abîme dans un ravin.


Le principal intérêt de cette rareté mascagnienne réside dans sa musique, particulièrement raffinée, qui semble chercher à fusionner la musique symphonique allemande et la mélodie italienne. A l’instar de son chef-d’œuvre Cavalleria rusticana, le Maître de Livourne excelle dans l’évocation des atmosphères, notamment dans le sublime et fascinant Intermezzo qui ouvre l’acte II. Le traitement des voix est, quant à lui, d’un bien moindre impact, pour ne pas dire sans grand intérêt.


Par malheur, le plateau vocal réuni à Monte-Carlo – du moins pour deux des trois principaux rôles – ne vient pas compenser le point faible de l’ouvrage. La soirée durant, la soprano italienne Amarilli Nizza et le ténor espagnol Enrique Ferrer se livrent à un concours de décibels, les deux artistes ne connaissant apparemment que la nuance forte. La première force ainsi constamment ses moyens naturels de soprano lyrique, ce qui a pour résultat l’émission d’aigus systématiquement criés. Elle délivre par ailleurs un sabir incompréhensible et, peu aidée par un timbre sans séduction, n’émeut à aucun moment. Le second se montre tout aussi avare de nuances et nous inflige une diction aussi négligée que celle de sa partenaire. On déplore enfin, chez l’un et l’autre, un jeu particulièrement sommaire et maladroit. Heureusement, Lucio Gallo, dans le rôle de Rinaldo, est une toute autre satisfaction. Le baryton italien, en plus de posséder un superbe timbre, livre un chant très musical et raffiné, avec de superbes inflexions de voix. Les mêmes louanges, grâce aux mêmes qualités, s’appliqueront aux impeccables André Heyboer (Maître Camoine) et Annie Vavrille (Magdelone).


Placé sous la baguette de son directeur musical Gianluigi Gelmetti, l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo et le chœur maison méritent tous les éloges. Avec beaucoup de sensibilité et d’intelligence, le chef italien restitue à la partition de Mascagni toute sa richesse, et parvient à atteindre le difficile équilibre entre passages déchaînés et moments intimistes.


Quant à la proposition scénique de Jean-Louis Grinda, qui signe sa troisième mise en scène cette saison dans le théâtre qu’il dirige, elle s’avère d’une parfaite lisibilité et d’un esthétisme de bon aloi – comme toujours, serait-on tenté de dire, avec l’homme de théâtre monégasque. Il est aidé en cela par les fidèles Rudy Sabounghi (pour les décors) et Laurent Castaingt (pour les lumières), rejoint par la costumière Teresa Acone. La scène la plus belle et la plus forte du spectacle est celle où, pendant le fameux Intermezzo, de magnifiques images vidéos (en noir et blanc) dévoilant des sommets enneigés et des torrents tumultueux sont projetées sur le rideau baissé, en écho aux passions tumultueuses qui taraudent les personnages. L’image finale où l’on voit un enfant venir consoler Giorgio effondré suite à la mort de l’héroïne nous a paru, en revanche, un rien too much et lacrymale.



Emmanuel Andrieu

 

 

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