About us / Contact

The Classical Music Network

Aix-en-Provence

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Confirmation

Aix-en-Provence
Théâtre du Jeu de paume
03/27/2013 -  
Léo Delibes : Lakmé: «Les fleurs me paraissent plus belles» – Les Filles de Cadix
Charles Gounod : Roméo et Juliette: «Je veux vivre»
Giacomo Puccini : La bohème: «Donde lieta usci» & «Si, mi chiamano Mimi» - Turandot: «Tu che di gel sei cinta»
Jules Massenet : Thaïs: «Ah je suis seule... Dis moi que je suis belle»
Pietro Mascagni : Cavalleria rusticana: «Intermezzo
Francesco Paolo Tosti : L’ultimo bacio
Franz Lehár : Giudetta: «Meine Lippen, sie küssen so heiss»
Ruggero Leoncavallo : La bohème: «Musette svaria sulla bocca viva»

Sonya Yoncheva (soprano), Domenico Menini (ténor), Federico Brunello (piano)


F. Brunello, S. Yoncheva (© Caroline Doutre)


Avec l’inauguration du flambant neuf Auditorium de Bordeaux en janvier dernier, le premier Festival de Pâques d’Aix-en-Provence s’annonçait sans conteste comme l’événement le plus important dans le domaine de la musique classique en France cette saison. Financé par le groupe bancaire Crédit Mutuel-CIC, ce nouveau festival est né de la volonté et des efforts conjugués de deux hommes: Dominique Bluzet, directeur de trois théâtres dans la région (dont le Grand Théâtre de Provence où se déroule l‘essentiel de la manifestation) et le violoniste Renaud Capuçon, une des figures les plus médiatiques de l’univers musical français. Il vise certes à concurrencer son prestigieux cousin salzbourgeois, mais surtout à réaffirmer le statut de la cité provençale comme carrefour incontournable de la musique classique en Europe, place déjà légitimée depuis maintenant 65 ans par son festival d’été. Son but est aussi de «mêler les générations» et de servir de tremplin à de jeunes talents prometteurs (Sonya Yoncheva, James Ehnes, Daniil Trifonov), tout en invitant des artistes (Lupu, Grimaud, Brendel), des chefs (Blomstedt, Gergiev, Bychkov) et des phalanges (Orchestre des jeunes Gustav Mahler, Concerto Köln, Orchestre de chambre d’Europe) de réputation mondiale.


Au lendemain du concert d’ouverture, qui offrait à entendre La Passion selon saint Jean de Bach (avec Laurence Equilbey à la tête du Concerto Köln), nous avons pu assister, dans le minuscule et ravissant Théâtre du Jeu de paume, à un récital avec piano d’une des étoiles montantes du chant lyrique, Sonya Yoncheva. Lauréate du concours Operalia en 2010, enthousiasmante Violetta il y a tout juste deux mois à l’Opéra de Monte-Carlo, la soprano bulgare est une immense artiste, et il n’y a pas de mystère si les plus grandes salles de la planète (Covent Garden, Teatro Real, La Scala) commencent à se l’arracher.


Avouons néanmoins qu’elle nous a fait un peu peur avec les deux premiers morceaux choisis, l’air «Les fleurs me paraissent plus belles» tiré de Lakmé de Delibes, puis la «Valse» de Juliette de Gounod, dans lesquels la jeune cantatrice s’est quelque peu égarée. Yoncheva se montre bien à la peine dans ces deux pages qui ne sont absolument pas adaptés à ses grands moyens de soprano lyrico-dramatique: les trilles y sont escamotés, les vocalises savonnées et la ligne de chant malmenée.


Heureusement, les arias de Puccini qui suivent (tirées de La Bohème et de Turandot) la trouvent bien mieux à son aise, et permettent à la cantatrice de déployer ses superbes qualités: un timbre aussi beau que caractéristique, un medium charnu et velouté à la fois, des crescendi renversants, et des aigus d’une beauté, d’une puissance et d’un rayonnement inouïs, qui font souvent penser à ceux de la soprano star Anna Netrebko. Par ailleurs, même privée de la scène, elle livre chacun de ses airs avec une intensité dramatique que nous avions rarement entendu dans un récital avec piano, en incarnant viscéralement, quand bien même chaque fois quelques minutes seulement, les personnages qu’elle interprète. Elle enflamme ainsi le public à la fin du célébrissime air «Ah je suis seule... Dis moi que je suis belle» tiré de Thaïs de Massenet, en se jouant de sa tessiture escarpée, même si elle le conclut par un «simple» contre-ut, en lieu et place du contre- attendu. Là encore, l’expressivité et la sensibilité qui sont les siennes font mouche, tandis que la prosodie, comme la diction de notre langue, s’avèrent plus que satisfaisantes.


La première partie se termine par une surprise, le fiancé de la chanteuse, Domenico Menini, venant la rejoindre pour chanter le long duo de l’acte I dans La Bohème. Malheureusement, s’il impressionne par ses aigus vaillants, le ténor italien n’est pas tout à fait à la hauteur de sa promise, et son chant révèle de sérieux soucis techniques, problème dont ne souffre en revanche absolument pas leur accompagnateur, le pianiste italien Federico Brunello, qui fait preuve en outre d’une attention de tous les instants et d’une belle complicité avec la diva bulgare.


Après l’entracte, pendant lequel la chanteuse a la bonne idée de troquer une vilaine robe contre une autre beaucoup plus seyante, c’est un répertoire plus «léger» qu’elle propose à l’audience, avec une des nombreuses romances de Tosti, L’ultimo bacio, la fameuse mélodie de Delibes «Les Filles de Cadix» ou encore l’air de Giuditta «Meine Lippe, sie küssen so heiss», tiré de l’opérette du même nom de Lehár. C’est avec beaucoup de poésie et d’humour qu’elle délivre cette dernière chanson endiablée, avant que le fatidique brindisi de La Traviata ne soit entonné par les deux amoureux, pour le plus grand bonheur d’un public conquis: une découverte pour certains, une confirmation pour d’autres...


Le site du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence
Le site de Sonya Yoncheva
Le site de Domenico Menini



Emmanuel Andrieu

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com