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La beauté austère de Serge Nigg

Paris
Salle Pleyel
12/01/2000 -  
Claude Debussy : Prélude à l'après-midi d'un faune
Serge Nigg : Concerto pour violon n° 2
Nikolaï Rimski-Korsakov : Shéhérazade, opus 35


Raphaël Oleg (violon)
Orchestre national du Capitole de Toulouse, Michel Plasson (direction)

La présentation du Second concerto pour violon de Serge Nigg s'annonçait comme l'un des moments forts de(s) Paris de la musique, festival organisé par Musique nouvelle en liberté. Créé la veille à Toulouse par les mêmes interprètes, il était porteur d'agréables promesses : promesse d'une nouvelle œuvre du compositeur des Fastes de l'imaginaire et de Million d'oiseaux d'or, aujourd'hui âgé de soixante-seize ans et décidément trop rare au concert ; promesse aussi de voir doté d'un pendant le magnifique (premier) Concerto pour violon (1957) écrit pour Christian Ferras.


De proportions légèrement plus importantes (33 minutes) que son prédécesseur, il se compose également des trois mouvements traditionnels. Concerto romantique, en somme, avec un imposant moderato (à lui seul la moitié de l'œuvre), tour à tour véhément et lyrique, un bouleversant adagio, lumineuse méditation interrompue par une section centrale plus tourmentée, et un vivo de type rondo, fantasque, rythmé, virtuose, comportant une cadence peu avant la conclusion. Nigg reste fidèle à son langage très personnel, d'une expression tendue qui évoque parfois Berg, mais semble encore plus exigeant avec lui-même : cette nouvelle partition sera donc sans doute d'un abord moins facile que le Premier concerto, d'autant que l'orchestration en est volontairement moins chatoyante et hédoniste qu'à l'ordinaire chez le compositeur. Il est vrai que l'effectif requis est relativement réduit (bois et cuivres par deux, trois trombones).


Mis en valeur par une partie fournie en traits violonistiques et d'une exigence continue, Raphaël Oleg fait non seulement fi des difficultés techniques, mais grâce à une sonorité toujours riche et variée, traduit à merveille les multiples émotions de ce concerto, depuis la pudeur jusqu'à l'incandescence.


Après un Prélude à l'après-midi d'un faune lent et alangui, pour ne pas dire flasque et assoupi, Michel Plasson propose une Shéhérazade puissante, voire épaisse, bien articulée, aux épisodes contrastés et bien caractérisés, qui offrent parfois de belles couleurs. Si la La mer et le bateau de Sinbad et Le récit du prince Kalender manquent un peu d'allant et n'évitent pas les clichés (par exemple ces ralentis presque systématiques avant chaque point culminant), Le jeune prince et la princesse, trop souvent pris dans un tempo excessivement lent, respire ici idéalement. Toutefois, c'est seulement dans la dernière partie que l'on retrouvera la passion, l'enthousiasme, l'énergie, la faculté de galvaniser un orchestre et une salle, bref, tout ce que l'on apprécie d'ordinaire chez Plasson.




Simon Corley

 

 

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