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Globalement réussi

Paris
Opéra Bastille
03/21/2013 -  et 25, 29 mars, 3, 7,11 avril, 23 juin 2013
Richard Wagner: Siegfried
Torsten Kerl (Siegfried), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (Mime), Egils Silins (Der Wanderer), Peter Sidhom (Alberich), Peter Lobert*/Kurt Rydl (Fafner), Alwyn Mellor*/Linda Watson (Brünnhilde), Qiu Lin Zhang (Erda), Elena Tsallagova (Waldvogel)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)
Günter Krämer (mise en scène)


T. Kerl, P. Lobert (© Elisa Haberer/Opéra national de Paris)


Nous avons pris plaisir à ce Siegfried, même si la production de Günter Krämer, la distribution suscitent encore des réserves. Mais l’ensemble vaut mieux que l’addition des parties. C’était déjà la journée que nous avions préférée il y a deux ans. La mise en scène passe bien, avec une direction d’acteurs bien travaillée, plus approfondie, sans temps mort, même pour les passages assez statiques. On peut certes se lasser de la trivialisation volontiers farcesque dans la mise à distance, en particulier au premier acte - Mime toujours grande folle s’activant à ses marmites, Siegfried ado tête à claques. Mais l’abandon du registre épique longtemps consacré par une certaine tradition au profit de la fraîcheur et de la légèreté du conte, fonctionne parfaitement. Il y a d’ailleurs une certaine poésie, que nous n’avions pas trouvée naguère, dans les mystères et les murmures de la forêt, où l’on voit les arbres bouger sur un voile – Fafner marchand d’armes mafieux à la tête de l’entreprise « Rheingold », concurrencé par le Wanderer et Alberich, pèse plus lourd... et l’Oiseau gamine jouant avec son miroir ne s’impose pas davantage aujourd’hui. Et l’on persiste à aimer l’idée de l’incendie des lettres de Germania, à la fin, tandis que Wotan se retire déjà avec ses Walkyries : là commence en effet, annoncé par Brünnhilde, le crépuscule des dieux.


La réussite globale de ce Siegfried tient aussi à la direction de Philippe Jordan, ni plus épique ni plus visionnaire qu’hier, mais en phase avec ce que Pierre Flinois appelle si pertinemment le « Scherzo » de la Tétralogie, en phase aussi avec la lecture du metteur en scène. La légèreté fluide de la pâte, le dessin précis des couleurs, le refus de l’emphase, le soin du détail, voilà ce qu’il faut à l’orchestre de la deuxième journée, dont le chef restitue les mélodies de timbres – dans la forêt en particulier. Voilà ce qu’il faut, de même, à des voix pas vraiment wagnériennes. Le premier acte met toujours à nu le manque de bronze de Torsten Kerl, qu’on peine à entendre, émission trop légère et trop haute, un Walter ou un Lohengrin, certainement pas un Siegfried. Sans doute le sait-il, évitant les passages en force, jouant plus sur le style que sur le muscle, avec assez de technique pour arriver intact à la fin, contrairement à tant d’autres. On retiendra alors, chez ce Wälsung, l’élégance délicate du phrasé, la finesse de la caractérisation. Sans être elle non plus la Brünnhilde qu’on attend, Alwyn Mellor est, heureusement, meilleure que dans La Walkyrie : on entend davantage le médium, les registres se soudent davantage, l’aigu, s’il reste crié, tient bon. Le père lui aussi s’est amélioré : non qu’il ait trouvé ses graves, mais il a plus de présence, plus d’autorité même, en Wanderer qu’en Wotan, péchant encore, néanmoins, par des phrasés un peu bruts. Mieux campé, en tout cas, que son éternel rival, l’Alberich correct de Peter Sidhom, beaucoup moins impressionnant que le Fafner à la noirceur glaçante de Peter Lobert. Des deux nains, l’impayable Mime de Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, aujourd’hui comme hier, n’a pas de mal à rafler la mise... plus par la force de la composition que par la performance vocale, où le Sprechgesang permet toutes les dérobades. Qiu Lin Zhang arrache une dernière fois Erda au sommeil, émergeant des profondeurs de son contralto, et l’on aimerait que les oiseaux aient le fruité jamais acide d’Elena Tsallagova.



Didier van Moere

 

 

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