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L’Or du Rhin pour les nuls

Geneva
Grand Théâtre
03/09/2013 -  et 12*, 15, 18, 21, 24 mars
Richard Wagner : Das Rheingold
Tom Fox (Wotan), Thomas Oliemans (Donner), Christroph Strehl (Froh), Corby Welch (Loge), Andreas Conrad (Mime), Alfred Reiter (Fasolt), Steven Humes (Fafner), John Lundgren (Alberich), Elena Zhidkova (Fricka), Agneta Eichenholz (Freia), Maria Radner (Erda), Polina Pasztircsák (Woglinde), Stéphanie Lauricella (Wellgunde), Laura Nykänen (Frosshilde)
Orchestre de la Suisse Romande, Ingo Metzmacher (direction musicale)
Dieter Dorn (mise en scène), Jürgen Rose (décors et costumes), Heinz Wanitschek (expression corporelle), Tobias Löffler (lumières), Jana Schatz (vidéo), Hans-Joachim Ruckhäberle (dramaturgie)


(© GTG/Carole Parodi)


En cette année du deux centième anniversaire de la naissance de Richard Wagner, Genève se lance à son tour dans l’aventure du Ring. Le cycle, qui vient de débuter avec L’Or du Rhin, s’étendra sur deux saisons et sera présenté dans son intégralité en mai 2014. Le metteur en scène Christof Loy, chouchou de la direction du Grand Théâtre, avait été pressenti au départ pour piloter le projet, mais c’est finalement Dieter Dorn qui en a pris les rênes. Si l’homme de théâtre allemand, âgé de 77 ans, a de nombreuses productions lyriques à son actif, cette Tétralogie genevoise est en revanche une première pour lui.


Comme il l’explique longuement dans le programme de salle, Dieter Dorn a souhaité revenir aux sources. Le metteur en scène signe un spectacle narratif et linéaire, sans transposition ni actualisation, sans résonances philosophiques, historiques ni même politiques, bref un spectacle d’une grande lisibilité, que tout un chacun peut comprendre et apprécier. Et Dieu sait pourtant si l’œuvre de Wagner peut titiller l’imagination des metteurs en scène ! Avouons-le d’emblée : à une époque où certains prennent un malin plaisir à se laisser aller, dans leurs productions, aux divagations les plus saugrenues, quel bonheur que d’assister à une représentation fraîche et naïve, très premier degré, avec certes quelques moments kitsch, mais sans prise de tête ! Sur un plateau noir et vide, Dieter Dorn et son scénographe Jürgen Rose utilisent des matériaux et des accessoires simples : des cubes de bois entassés les uns sur les autres pour former le rocher des ondines, une tente blanche pour figurer la demeure des dieux, des jeux de miroir convaincants pour les transformations d’Alberich ou encore une immense tenture de toutes les couleurs et une montgolfière pour la montée au Walhalla. La scène dans les entrailles du Nibelheim est particulièrement réussie, avec son immense structure métallique noire, qui rend de manière particulièrement forte l’exploitation, l’enfermement, la chaleur et la sueur. Dieter Dorn a apporté le plus grand soin à la direction d’acteurs ainsi qu’aux relations entre les personnages. Ce qui frappe le plus dans ce Prologue, c’est la lumière crue qu’il jette dès le départ sur les dieux, personnages cupides et égocentriques, qui ne sont, en fin de compte, que des pantins.


A la lisibilité et la sobriété de Dieter Dorn sur scène font écho la simplicité et la clarté de la direction d’Ingo Metzmacher dans la fosse. Pour le chef allemand aussi, ce Ring est une première. Oubliés ici les poncifs associés à la musique Wagner, oubliées la pompe et l’emphase ! On a l’impression de redécouvrir toute la transparence et la subtilité de la musique du maître de Bayreuth. Cet Or du Rhin sonne comme une partition de chambre. Les quelques bémols relevés çà et là – contrastes peu marqués, manque de précision et de coordination – n’enlèvent rien à l’originalité de la lecture. Qui plus est, les chanteurs n’ont nul besoin de pousser la voix pour se faire entendre. La distribution n’a beau ne compter aucune pointure du chant wagnérien actuel, elle n’en demeure pas moins d’un excellent niveau et d’une rare homogénéité. On mentionnera en premier lieu l’Alberich à la voix particulièrement sonore de John Lundgren, dont les imprécations font froid dans le dos. Cory Welch fait également forte impression en Loge mutin et roublard à souhait, avec une très forte présence scénique. Tom Fox, formidable Richard III l’hiver dernier, campe un Wotan retors et avide de pouvoir, quand bien même le rôle lui coûte, vocalement, quelques efforts. Chez les dames, on retient surtout la superbe Fricka d’Elena Zhidkova, à la voix puissante et agile à la fois, et la touchante Freia d’Agneta Eichenholz. Un Prologue prometteur, tant scéniquement que vocalement, qui laisser augurer le meilleur pour la suite du Ring genevois.



Claudio Poloni

 

 

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