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Luxurious listening

Paris
Théâtre du Châtelet
11/27/2000 -  
Engelbert Humperdinck : Hänsel und Gretel
Anke Vondung (Hänsel), Ruth Ziesak (Gretel), Graham Clark (La Sorcière), Jane Henschel (La Mère), Franz-Joseph Kapellmann (Le Père), Katherina Müller (Le Marchand de sable/La Fée).
Maîtrise de Paris, Patrick Marco (direction), Orchestre de Paris, Philippe Jordan (direction)
Yannis Kokkos (mise en scène et décors), Patrice Trottier (lumières), Richild Springer (chorégraphie)

En ces temps de nostalgie easy listening, le nom d'Engelbert Humperdinck évoquerait plutôt aujourd'hui certain crooner de Madras, dont le brâme de baryton ténorisant fit chavirer le public féminin du mitan des années soixante au son des Bicyclettes de Belsize, de There must be a hush ou encore de l'ineffable Quando quando quando. Tous les succès de ce sympathique chanteur de charme n'ont malheureusement pas empêché la musique du vrai Engelbert Humperdinck, le compositeur, de rester relativement confidentielle. En particulier en France, où il fut longtemps considéré dans les manuels comme un simple thuriféraire de Wagner, et qui dut attendre 1997 pour que son œuvre la plus connue, l'opéra Hänsel und Gretel, soit donnée dans sa version originale.

C'est la reprise de cette production qui est donnée en cette fin d'année au Théâtre du Châtelet, production dont un compte rendu très complet avait déjà été donné dans ces colonnes (voir ici). La mise en scène de Yannis Kokkos reste un très grand plaisir pour les yeux. Plus que les décors, tous très beaux même si la référence à Miró peut sembler parfois trop évidente, c'est la direction d'acteurs qui donne à cette mise en scène toute sa saveur. Il est en effet toujours délicat de diriger des adultes dans des rôles d'enfants sans tomber dans l'artificialité ou la mièvrerie, et Kokkos trouve ici un ton parfaitement juste, fantasque et léger, mâtiné d'une certaine franchise volontairement maladroite et qui évoque très bien l'univers des "grosses bêtises" enfantines.

Il est aidé par deux chanteuses au talent d'actrice formidable, et qui tiennent leur rôle avec un naturel assez déconcertant, nous faisant oublier leur haute taille. Leur voix sont aussi très belles et se complètent bien, même si le soprano aérien et infiniment musicien de Ruth Ziesak capte plus l'attention et "domine" parfois le chant de sa partenaire. Dans les rôles plus débonnaires des parents, Jane Henschel et Franz Joseph Kappellmann font surtout valoir des moyens vocaux assez considérables (tous deux sont connus comme de distingués chanteurs wagnériens, et Kappellmann interprétait d'ailleurs Alberich dans le Ring de Jeffrey Tate donné en ces mêmes lieux en 1994). L'entrée du Père à bicyclette donne une touche poétique et méditerranéenne au personnage, et qui s'accorde paradoxalement très bien à l'imaginaire germanique de cet opéra.

La seule - relative - déception viendra du personnage de la sorcière, dont l'idée de la représenter en savant fou "clôneur" est certes a priori séduisante, mais paraît curieusement en décalage dans la pratique. De plus Graham Clark était ce soir-là en petite forme vocale et forçait parfois son jeu, trépignant par exemple sur son balai de manière un peu intempestive. Son entrée en perruque rousse et en combinaison latex (façon Marc Almond dans Non-stop Erotic Cabaret ou Fantastic Star, lequel lui prête d'ailleurs une certaine parenté vocale), de même que sa sortie muette et sarcastique (donnant une touche ambiguë à cette œuvre dont le principal défaut est, comme le soulignait déjà le précédent commentateur, de ne l'être pas assez), resteront malgré tout comme de grands moments du spectacle.

Le jeune chef suisse Philippe Jordan ne semble souffrir d'aucun complexe paternel (son père étant Armin Jordan) et fait des merveilles à la tête de l'Orchestre de Paris. Il vainc sans difficultés les problèmes d'équilibre posés par cette partition délicate, et instaure un climat musical certes ciselé, mais qui sait aussi se montrer somptueux. Climat de "fine and luxurious listening" donc, pour parodier notre ami crooner...



Thomas Simon

 

 

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