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Berlin entre modernité et tradition

Paris
Salle Pleyel
02/27/2013 -  et 24 février 2013 (Essen)
Henri Dutilleux : Métaboles
Witold Lutoslawski : Concerto pour violoncelle
Robert Schumann : Symphonie n° 2, opus 61

Miklós Perényi (violoncelle)
Berliner Philharmoniker, Simon Rattle (direction)


M. Perényi (© Andrea Felvégi)


Le second programme donné par le Philharmonique de Berlin, plus encore que celui de la veille, construit de façon similaire, témoigne de la marque apposée par Simon Rattle, depuis qu’il en est devenu le directeur musical, voici un peu plus de dix ans: la musique de notre temps se hausse du col pour faire jeu égal avec le grand répertoire, évolution à laquelle son prédécesseur, Claudio Abbado, avait déjà contribué.


Au lendemain des Correspondances, œuvre que l’orchestre avait commandée à Dutilleux, ce sont ses Métaboles (1964). Un peu chiche en mystère et en poésie, le chef s’illustre davantage par son art consommé des transitions, fait ressortir ce que cette musique doit à Bartók ou à Berg et ne cherche pas à transformer la sonorité d’ensemble: décidément, Berlin, même un quart de siècle après Karajan, reste Berlin – volontiers opulentes, les textures s’éloignent d’une certaine idée de la clarté française. Mais rien de tel que cette sorte de concerto pour orchestre, dont les quatre premières parties mettent successivement en valeur les différentes familles d’instruments, pour avoir confirmation de ce qui ne constitue pas véritablement une révélation: la splendeur de la phalange berlinoise, qui n’a rien perdu de son confort de grosse cylindrée – la première intervention du tutti des cordes, dans «Incantatoire», saisit par son homogénéité et sa plénitude, la virtuosité des pupitres, dans «Obsessionnel», suscite l’admiration.


Comme celui de son ami Dutilleux (Tout un monde lointain), le Concerto (1970) de Lutoslawski résulte d’une initiative de Rostropovitch et adopte une forme sui generis, mais il ne s’est pas imposé pareillement au répertoire. Le centenaire de la naissance du compositeur polonais offre une occasion d’autant mieux venue de le redécouvrir que le soliste en est le trop discret Miklós Perényi. A 65 ans, le Hongrois conserve sa finesse et sa pureté d’archet; son jeu noble et sensible, mais aussi fragile et pince-sans-rire, rend idéalement justice à cette partition exaltant la dimension conflictuelle du concerto, où l’opposition incessante du violoncelle et de l’orchestre (hormis dans la «Cantilène») peut être analysée comme une métaphore de l’artiste face à l’oppression – Lutoslawski comme Rostropovitch ont chacun eu à en souffrir.


Après la Troisième Symphonie de Schumann le mardi, c’est le tour de la Deuxième (1846) le mercredi. A la tête d’un effectif relativement modeste (à peine cinquante cordes), Rattle s’efforce certes d’éclaircir quelque peu la pâte orchestrale, réputée touffue chez Schumann, mais la puissance ne fait pas défaut, de même que l’enthousiasme, porté par des tempi plutôt vifs. La conception globale apparaît malheureusement plus apprêtée que de nature à mettre en valeur les fêlures de pages que le compositeur disait avoir conquises dans une lutte provisoirement victorieuse contre la folie qui devait l’emporter définitivement huit ans plus tard: le travail est, bien entendu, admirable dans la maîtrise des progressions comme dans le soin apporté à la réalisation, mais tend à se perdre dans le détail, à vouloir un peu trop démontrer, sinon épater, au détriment du naturel et de la fluidité du discours.



Simon Corley

 

 

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