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Nabucco en noir-blanc

Milano
Teatro alla Scala
02/01/2013 -  et 3, 5, 7, 9, 13, 15, 17*, 20 février 2013
Giuseppe Verdi: Nabucco
Leo Nucci (Nabucco), Aleksandrs Antonenko (Ismaele), Vitalij Kowaljow*/Dmitry Beloselskiy (Zaccaria), Liudmyla Monastyrska*/Lucrecia Garcia (Abigaille), Veronica Simeoni*/Nino Surguladze (Fenena), Giuseppe Veneziano (Abdallo), Tatyana Ryaguzova*/Silvia Della Benetta (Anna), Ernesto Panariello (Il gran Sacerdote)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Nicola Luisotti (direction musicale)
Daniele Abbado (mise en scène), Boris Stetka (assistant à la mise en scène), Alison Chitty (décors et costumes), Alessandro Carletti (lumières), Simona Bucci (chorégraphie), Luca Scarzella (vidéo)


(© Amisano/Teatro alla Scala)


Nabucco, le premier grand succès de Verdi, est indissociablement lié à la Scala, où il a été créé en 1842. Assister à une représentation de cet opéra dans le théâtre où il a vu le jour offre, aujourd’hui encore, son lot d’émotions, surtout au moment où le chœur entonne le célèbre «Va pensiero», qui est en quelque sorte le second hymne national italien. Des frissons parcourent le public lorsque le murmure final, pianissimo, s’étire longuement, a cappella, avant de mourir dans la salle plongée dans le noir. La magie opère toujours! Les applaudissements fusent alors, accompagnés de nombreux cris de bis, une demande qui a toujours été refusée à Milan, tradition oblige.


L’autre grand motif de satisfaction de cette nouvelle production de Nabucco – coproduction avec le Royal Opera House de Londres, le Lyric Opera of Chicago et le Gran Teatre del Liceu de Barcelone – est la présence de Leo Nucci dans le rôle-titre. Le baryton compense intelligemment les outrages du temps par un chant tout en finesse et en nuances, dans lequel chaque note, chaque mot sont rendus avec force et intensité. L’interprète est ici à son meilleur lorsque, l’air complètement hagard, il donne vie à la fragilité et à la vulnérabilité du vieux roi déchu. Le reste de la distribution est à l’avenant, avec notamment l’Abigaille phénoménale de Liudmyla Monastyrska. La soprano dispose d’un matériau vocal impressionnant, avec des aigus éclatants et un grave corsé, une émission très sûre et des vocalises précises. Aleksandrs Antonenko campe un Ismaël héroïque, un peu moins à l’aise dans les passages lyriques. Le Zaccaria de Vitalij Kowaljow possède un timbre de velours et un beau legato, alors que Veronica Simeoni incarne une Fenena intense et décidée. Dans la fosse, Nicola Luisotti livre une lecture empreinte d’énergie et de tension dramatique, sans aucun temps mort et particulièrement contrastée, avec des passages lents où sont mis en valeur les solistes de l’orchestre (notamment le violoncelle, la flûte et le hautbois) et des cavatines enflammées. Le chef confirme qu’il faut désormais compter avec lui dans le répertoire lyrique italien.


Pour ses débuts à la Scala, Daniele Abbado a opté pour une mise en scène sobre et statique, donnant au spectacle des allures d’oratorio. Dans un dispositif scénique gris et austère composé de deux parois latérales de briques rouge foncé s’étend une longue surface de sable sur laquelle sont posées, au début du spectacle, des stèles qui ne sont pas sans rappeler le mémorial de l’Holocauste de Berlin. Au fond du plateau, un écran géant projette des images comme en miroir, le noir-blanc faisant immanquablement penser à Nuit et Brouillard. Les références à la Shoah sont bien présentes. Au fil du spectacle, le cimetière, lieu de mémoire, se transforme en désert, lieu d’exil. Les costumes ne permettant pas de différencier les Babyloniens des Hébreux, le metteur en scène suggère habilement que l’ennemi n’est peut-être pas un étranger venu de l’extérieur, mais un élément qui est né et qui a grandi au sein même du peuple persécuté. La production sera reprise à Londres ce printemps, avec, en alternance dans le rôle-titre, Leo Nucci et Placido Domingo, lequel ajoutera un nouveau rôle de baryton à son répertoire.



Claudio Poloni

 

 

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