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Bunga bunga

Zurich
Opernhaus
02/03/2013 -  et 5, 8, 10, 13*, 17, 26 février, 29 juin, 11, 13 juillet 2013
Giuseppe Verdi: Rigoletto
Saimir Pirgu (Il Duca di Mantova), Quinn Kelsey (Rigoletto), Aleksandra Kurzak (Gilda), Christof Fischesser*/Pavel Daniluk (Sparafucile), Judith Schmid (Maddalena), Julia Riley (Giovanna), Valeriy Murga (Il Conte di Monterone), Cheyne Davidson (Marullo), Dmitry Ivanchey (Borsa), Yuriy Tsiple (Il Conte di Ceprano), Chloé Chavanon (La Contessa di Ceprano), Daria Telyatnikova (Pagio), Tomasz Rudnicki*/ Benjamin Russell (Usciere)
Chor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (préparation), Philharmonia Zürich, Fabio Luisi (direction musicale)
Tatjana Gürbaca (mise en scène), Klaus Grünberg (décors), Silke Willrett (décors), Klaus Grünberg (lumières), Claus Spahn (dramaturgie)


(© Hans Jörg Michel)


Le «Regietheater» à l’allemande règne désormais en maître à l’Opernhaus de Zurich, pour le meilleur et pour le pire. Depuis l’arrivée de la nouvelle équipe de direction au début de la saison, le renversement de tendance est désormais clair et net. Le meilleur, une Jenůfa subtilement transposée à notre époque par Dmitri Tchernakiov en septembre 2012; le pire, l’absurdité scénique du Vaisseau fantôme implanté par le maître des lieux, Andreas Homoki, dans des colonies africaines, en janvier de cette année. Place maintenant à une nouvelle production de Rigoletto ayant comme seul et unique décor une longue table de conférence recouverte d’une nappe blanche... Les amateurs de scénographies hautes en couleur et de costumes d’époque en sont certes pour leurs frais, mais le spectacle conçu par Tatjana Gürbaca, directrice de l’Opéra de Mayence et ancienne élève de Ruth Berghaus, est des plus inventifs et originaux, même s’il laisse un arrière-goût d’inabouti et d’inachevé. Il entre cependant dans la catégorie des réussites. La cour du Duc de Mantoue est ici une société décadente d’hommes qui s’ennuient et qui ne trouvent rien de mieux à faire que de rabaisser et humilier les éléments les plus faibles, mais surtout qui se montrent particulièrement agressifs envers les femmes. Ainsi, la Comtesse Ceprano est brutalement déshonorée par le Duc, sous les sarcasmes des courtisans. On ne peut alors s’empêcher de penser aux soirées bunga bunga rendues célèbres par un ancien président du conseil italien. Tenue éloignée par son père de ce monde de brutes corrompu, Gilda est une post-adolescente perdue dans ses rêveries, une jeune fille amoureuse, à qui sa servante Giovanna prépare des tartines. Le Duc conquiert son cœur en lui offrant une jupe rose. Au moment de son enlèvement, la jeune fille est consentante, espérant fuir son univers gris et clos. Et on imagine que sa nuit avec le Duc n’est peut-être pas un cauchemar pour elle... La réalité la rattrapera bien vite, et la pression sociale pèsera de tout son poids sur son père.


Vocalement, cette nouvelle production de Rigoletto est l’occasion de découvrir, dans les rôles principaux, trois jeunes chanteurs dont les noms commencent à circuler parmi les mélomanes. Saimir Pirgu a l’aisance et la prestance du Duc de Mantoue, avec des aigus étincelants, mais le ténor use et abuse du «fortissimo», ce qui prive son chant de lyrisme et de beauté. Aleksandra Kurzak incarne une Gilda pure et angélique, l’innocence même, avec une belle voix transparente et fraîche, qui rencontre malheureusement de gros problèmes d’intonation dans l’aigu. Son «Caro nome» reste encore très appliqué, ne dégageant que peu d’émotion. Le baryton hawaïen Quinn Kelsey dispose d’un matériau vocal impressionnant, belle voix ample et chaude sur toute la tessiture, mais qui doit encore être poli et affiné. Parmi les rôles secondaires – tous d’un haut niveau – il faut citer les excellentes prestations de Julia Riley en Giovanna, Judith Schmid en Maddalena et Christof Fischesser en Sparafucile. A la tête du Philharmonia Zürich, le nouveau nom de l’orchestre de l’Opernhaus, Fabio Luisi adopte des «tempi» rapides, qui mettent parfois les chanteurs en difficulté. Sa lecture vive et précise privilégie l’intensité dramatique et la transparence du son, au détriment peut-être des nuances et des couleurs. Un Rigoletto musicalement conventionnel mais scéniquement original et intéressant, une belle façon pour l’Opernhaus de Zurich d’entamer l’année Verdi.



Claudio Poloni

 

 

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