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Vivica, la diva

Paris
Salle Gaveau
02/01/2013 -  et 10 (Luzern), 30 (Rheinfelden) novembre, 1er (Schaffhausen), 2 (Villars-sur-Glâne), 4 (Lyon) décembre 2012
Johann Adolf Hasse : Zenobia: Ouverture – Cajo Fabricio: «Padre ingiusto» – Numa Pompilio: «Qual di voi... Piange quel fonte»
Georg Friedrich Händel : Alessandro, HWV 21: «Lusinghe più care» – Arminio, HWV 36: Ouverture – Tolomeo, Rè di Egitto, HWV 25: «Ti pentirai, crudel»
Antonio Vivaldi : Farnace, RV 711: «Quell’usignolo» – Catone in Utica, RV 705: «Come in vano il mare irato» – Bajazet, RV 703: «Sposa, son disprezzata» & «Qual guerriero in campo armato»
Francesco Geminiani : Concerto grosso en ré majeur, opus 3, «La Follia»

Vivica Genaux (mezzo-soprano)
Cappella Gabetta, Andrés Gabetta (violon solo et direction)


V. Genaux (© Virgin Classics/Harry Heleotis)


Dans la série des «Grandes voix» produites par Philippe Maillard, les vedettes se suivent sans discontinuer salle Gaveau: après notamment Simone Kermes, Nathalie Stutzmann et Sara Mingardo, voici venu le tour d’une autre habituée du chant baroque, Vivica Genaux (née en 1969). Car c’est bien dans ce répertoire qu’elle s’illustre aujourd’hui. Même si on la connaît également comme étant une interprète hors pair de Rossini, la mezzo née en Alaska a surtout récemment exploré le répertoire vivaldien, chantant aussi bien dans des productions lyriques comme Farnace que dans des disques où elle peut témoigner d’une technique à toute épreuve (voir ici et ici). Ce soir, c’est surtout aux allemands Hasse et Händel (deux compositeurs qu’elle avait déjà interprétés lors d’un précédent récital) qu’elle a choisi de rendre hommage au travers de la célèbre cantatrice Faustina Bordoni.


La concurrence entre grandes voix était rude à cette époque. Le castrat Senesino (1686-1759), de son vrai nom Francesco Bernardi, s’opposait par exemple à Carestini (1704-1760?), qui était également en lutte avec Gaetano Majorano, plus connu sous le nom de Caffarelli (1710-1783). Quant à Faustina Bordoni (1697-1781), elle fut la grande rivale d’une autre chanteuse célèbre, Francesca Cuzzoni (1696-1778). Née à Venise, protégée de la famille du compositeur Marcello, Faustina Bordoni fait ses débuts dans le répertoire lyrique à l’âge de seize ans et s’impose rapidement par sa voix, son sens du théâtre et ses manières, autant d’éléments qui en font une mondaine extrêmement recherchée à l’époque. Epouse du compositeur Johann Adolph Hasse (1699-1783), «Elle était née pour être cantatrice et actrice» pour reprendre les mots de Johann Joachim Quantz et reste dans l’histoire comme une interprète de tout premier ordre.


A l’occasion de la récente sortie d’un disque paru chez Deutsche Harmonia Mundi intitulé «A tribute to Faustina Bordoni», Vivica Genaux rendait donc hommage à cette haute figure en interprétant, lors de la première partie du concert, divers extraits d’opéras composés par Händel et Hasse. Les affinités que manifeste Vivica Genaux pour ce répertoire sont évidentes dès le premier air dévolu au personnage de Roxane, «Lusinghe più care», tiré d’Alessandro de Händel (elle reprendra d’ailleurs ce rôle les 31 mai
et 2 juin prochain lorsque l’opéra sera donné en version scénique au Château de Versailles). La légèreté, voire la nonchalance de la voix font merveille, accompagnée avec entrain par quelques cordes, parfois seulement la basse continue. Autre réussite chez ce compositeur, l’air «Ti pentirai, crudel» (issu de Tolomeo) où l’amabilité des sonorités font de cet extrait une petite merveille. Mais Vivica Genaux sait également quitter la simple mélodie pour nous rappeler que c’est une technicienne de haut vol et que les prouesses vocales que Hasse avait pu composer à son époque ne l’effraient aucunement. Qu’il s’agisse du virevoltant «Padre ingiusto» tiré de Cajo Fabricio ou du mélancolique «Qual di voi... Piange quel fonte» (Numa Pompilio), où la cantatrice dialogue avec le hautboïste Martin Stadler, elle éblouit constamment.


La seconde partie nous emmène sur un terrain mieux connu puisqu’elle nous gratifie de plusieurs airs issus d’opéras de Vivaldi à commencer par Farnace (opéra dans lequel elle tiendra le rôle de Gilade lors du concert qui sera donné le 4 avril prochain, toujours à Versailles) et Bajazet. C’est tout simplement fantastique: les trilles s’enchaînent, les acrobaties se succèdent, les fioritures s’amoncellent jusqu’à ce qu’elle perde presque souffle (dans «Come in vano il mare irato»): les applaudissements fusent évidemment sitôt la dernière note lancée!


Si Vivica Genaux est impériale, la réussite de ce concert a également tenu à l’accompagnement. La Cappella Gabetta, créée par la violoncelliste Sol Gabetta et dirigée par son frère, le violoniste Andrés Gabetta, a elle aussi été époustouflante. Que ce soit dans les ouvertures données lors du concert ou du superbe Concerto grosso «La Follia» de Francesco Geminiani, œuvre dans laquelle Andrés Gabetta fait preuve d’une technique et d’une diversité dans les interventions tout à fait extraordinaires. On ne peut terminer ce compte rendu sans enfin témoigner de l’excellence du violoncelliste Robin Michael, qui vit sa musique plus qu’il ne la joue.


La soirée se conclut par deux bis: l’air de Hasse «Ah! Che mancar mi sento», composé pour sa chère épouse alors qu’elle venait de décéder, et, Vivica Genaux ayant souhaité ne pas terminer sur une note triste, le fameux «Agitata da due venti» tiré de Griselda de Vivaldi. A n’en pas douter, le public aura donc eu droit à deux confirmations et une révélation: la technique et l’amour de Vivaldi de la part de Vivica Genaux et l’excellence de la Cappella Gabetta. Quelle soirée!


Le site de Vivica Genaux
Le site de la Cappella Gabetta



Sébastien Gauthier

 

 

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