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Trois espoirs français

Saint-Etienne
Grand Théâtre Massenet
01/30/2013 -  et 1er, 3 février 2013
Gioacchino Rossini : Il barbiere di Siviglia
Florian Sempey (Figaro), Gaëlle Arquez (Rosina), Philippe Talbot (Le Comte Almaviva), Giulio Mastrototaro (Bartolo), Wojtek Smilek (Don Basilio), Françoise Delplanque (Berta), Marc Scoffoni (Fiorello), Frédéric Foggieri (Un officier)
Chœur lyrique Saint-Etienne Loire, Laurent Touche (chef de chœur), Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire, Alberto Zedda (direction)
Damiano Michieletto (mise en scène), Andreas Zimmerman (réalisation de la mise en scène), Paolo Fantin (scénographie), Silvia Aymonino (costumes), Fabio Barettin (lumières)


(© Cyrille Cauvet)


Etrennée à Genève en 2010, redonnée in loco en septembre dernier, cette réjouissante production du Barbier de Séville, signée par le jeune et talentueux Damiano Michieletto, est reprise, pour trois représentations, à l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne, pour le plus grand bonheur du public stéphanois.


On retrouve le magnifique, imaginatif et imposant dispositif scénique de Paolo Fantin. Monté sur un plateau tournant, il montre tour à tour les façades défraîchies d’immeubles d’un quartier populaire de Séville à l’époque contemporaine (avec linge suspendu et autres antennes paraboliques), puis l’intérieur des appartements des résidents, dont bien évidemment celui de Bartolo. Dans ce décor évocateur, le metteur en scène italien mène l’action tambour battant, avec un souci du détail qui donne à ce Barbier un réalisme quasi cinématographique. D’ailleurs, Michieletto s’inspire de scènes mythiques du cinéma, en citant par exemple Senso de Visconti, pendant l’«air de la calomnie», où les (prétendues) turpitudes d’Almaviva sont dévoilées dans la presse à scandale. Jeune fille en quête d’émancipation, Rosina est fagotée de façon extravagante et colorée, se sert abondamment de son téléphone portable et possède une chambre remplie de peluches et de posters, dont un du beau et ténébreux Antonio Banderas. A l’unisson, son prétendant porte short et baskets et s’avère féru de voitures et de motos.


Sous la houlette de Vincent Bergeot, récemment nommé directeur général et artistique de l’institution stéphanoise, Josquin Macarez, conseiller aux distributions vocales, a su réunir une superbe équipe de jeunes chanteurs (dont trois espoirs français dans les rôles principaux), qui possèdent le physique de l’emploi et qui allient qualités vocales, talent de comédien et enthousiasme.


Nommé dans la catégorie «Révélation artiste lyrique» des «Victoires de la musique classique» (qui auront lieu le 25 février prochain dans le flambant neuf Auditorium de Bordeaux), le très prometteur Florian Sempey campe un Figaro à la verve irrésistible. Doté d’une voix solide et pleine d’abattage, le jeune baryton (24 ans!) ne fait qu’une bouchée du «Largo al factotum», maîtrisant de manière très satisfaisante le syllabisme vertigineux de cet air célébrissime. De son côté, la sculpturale mezzo-soprano Gaëlle Arquez incarne avec beaucoup de conviction une Rosina à la fois piquante, mutine et pulpeuse. Dotée d’un timbre sombre et cuivré, elle sait varier les couleurs de sa voix avec art et impressionne autant par la puissance de l’instrument que par la profondeur des graves.


Son Almaviva, le ténor français Philippe Talbot, qui nous avait enthousiasmé il y a deux mois à Nantes dans son rôle de Fadinard d’Un Chapeau de paille d’Italie - évolue sur scène avec une rare présence. Il possède un timbre très clair et séduisant, typique du tenore di grazia, renforcé par une ligne de chant aussi impeccable qu’élégante et un sens des nuances et des demi-teintes qui ravissent. Dommage cependant que la voix ne soit pas plus puissante, car elle se trouve généralement couverte dans les ensembles. Notons enfin qu’il n’esquive pas le fameux Rondo final du II, «Cessa di più resistere», même s’il le chante avec beaucoup plus de prudence que son air d’entrée, «Ecco ridente in cielo». Très applaudi au rideau final, le baryton italien Giulio Mastrototaro inscrit son Bartolo dans la meilleure tradition des buffi. Digne d’attention, également, le Basilio de la basse polonaise Wojtek Smilek qui, avec son timbre naturellement riche et son registre grave impressionnant, délivre un saisissant «air de la calomnie». Quant à Françoise Delplanque (Berta), elle tire le meilleur parti de son aria del sorbetto, de sa voix fraîche et éclatante.


Déjà présent en fosse les deux fois à Genève, le maestro incontesté dans le répertoire rossinien Alberto Zedda (85 printemps!) continue à parer d’un raffinement extrême le chef-d’œuvre bouffe du Cygne de Pesaro. Comme transcendé par la baguette du chef italien, l’Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire se surpasse et enchante par sa grande variété de couleurs et son impeccable justesse. Relevons, enfin, le soin apporté au traitement des récitatifs, accompagnés ici par un clavecin (Sébastien d’Hérin) et par un violoncelle (Frédéric Baldassare).



Emmanuel Andrieu

 

 

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