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La voix venue du froid Geneva
Grand Théâtre
01/30/2013 -
Mikhaïl Glinka: Rouslan et Ludmila: Ouverture
Piotr Ilitch Tchaikovski: La Pucelle d’Orléans: Air de Jeanne (acte I)
Jules Massenet: Thaïs: Méditation
Camille Saint-Saëns: Samson et Dalila, opus 47: «Mon cœur s’ouvre à ta voix» & Bacchanale
Charles Gounod: La Reine de Saba: «Plus grand, dans son obscurité»
Trois Paso Doble pour orchestre
Pascual Marquina Narro: Espana Caní
Santiago Lope: Gerona
Manuel Penella Moreno: El Gato Montés
Georges Bizet: Carmen: «L’amour est enfant de Bohème» (première version), Prélude, «Habanera», Entracte, «Séguedille», Entracte, «En vain, pour éviter», Entracte & «Chanson bohème»
Elina Garanca (mezzo-soprano)
Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern, Karel Mark Chichon (direction)
E. Garanca (© Karina Schwarz)
Après une longue absence due à sa maternité et à la naissance de sa fille, Elina Garanca a repris du service sur les scènes lyriques. Pour les 50 ans du Cercle du Grand Théâtre de Genève (l’association des mécènes de l’institution), la mezzo-soprano lettone a donné un concert particulièrement attendu, accompagnée par la Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern placée sous la baguette de Karel Mark Chichon, qui n’est autre que son mari. Sa dernière apparition à Genève remontait à 2008, dans le rôle de Marguerite de La Damnation de Faust.
Elina Garanca a tout pour elle: un port altier et aristocratique, un physique de star de cinéma et, surtout, une belle voix saine, ample et ronde, homogène sur toute la tessiture, avec des graves capiteux et des aigus étincelants, une longueur de souffle ahurissante, sans parler d’une technique sans faille, qui lui permet de venir à bout des vocalises les plus périlleuses.
La première partie de son concert genevois a repris des airs gravés sur son dernier CD («Romantique»). Les qualités intrinsèques de la voix sont toujours là, admirablement mises en valeur dans l’air d’entrée, tiré de La Pucelle d’Orléans de Tchaikovski, indubitablement le plus beau moment de la soirée, avec ses accents longs et voluptueux. L’air de Dalila ne manque pas non plus de finesse ni d’élégance, même si la sensualité n’est pas franchement au rendez-vous. Il convient néanmoins de relever la diction remarquable de la chanteuse. Changement complet d’atmosphère après la pause, l’orchestre plantant le décor avec trois paso doble. Elina Garanca revient alors en Carmen et reprend les airs de son précédent CD («Habanera»), dont une rareté, la première version de «L’amour est enfant de Bohème». Cigarière racée et élégante, économe de ses gestes, la chanteuse éblouit, même s’il lui manque peut-être le tempérament de feu de la célèbre bohémienne. Mais on aurait tort de bouder son plaisir, tant la voix est un véritable cadeau offert au public, qui en redemande. Le Granada concédé en bis s'est terminé sous les ovations.
Claudio Poloni
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