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Fin de trilogie

Bruxelles
La Monnaie
01/24/2013 -  et 25, 26, 27*, 29, 30 janvier, 1er, 3, 5, 6, 8 février 2013
Giacomo Puccini : Manon Lescaut
Eva-Maria Westbroek/Amanda Echalaz* (Manon Lescaut), Aris Argiris/Lionel Lhote* (Lescaut), Brandon Jovanovich/Hector Sandoval* (Il cavaliere Renato Des Grieux), Giovanni Furlanetto (Geronte di Ravoir), Julien Dran (Edmondo), Alexander Kravets (Il maestro di ballo, Un lampionaio), Guillaume Antoine (L’oste, Un sergente), Camille Merckx (Un musico), Amalia Avilán, Anne-Fleur Inizan, Audrey Kessedjian, Julie Mossay (Coro del madrigale)
Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Carlo Rizzi (direction)
Mariusz Trelinski (mise en scène), Boris Kudlicka (décors), Magdalena Musial (costumes), Felice Ross (éclairages), Tomasz Wygoda (chorégraphie), Bartek Macias (vidéo)




Il était temps : la précédente Manon Lescaut (1893) à la Monnaie remontait à 1974. Après Lulu et La Traviata, l’ouvrage de Puccini clôt une trilogie dressant le portrait de femmes opiniâtres et ardentes, un des axes majeurs, sinon le plus important, de cette saison. Mariusz Trelinski livre une interprétation contemporaine de l’héroïne de l’abbé Prévost. Sa démarche se rapproche de celle d’Andrea Breth qui, en décembre, inscrivait Violetta Valéry dans notre époque qui, décidément, n’épargne pas les femmes. L’action se déroule essentiellement dans une station de métro à l’architecture moderne et épurée – remarquables effets visuels et sonores d’une rame en déplacement. Il ne s’agit pas pour autant d’un décor unique, puisque Boris Kudlicka, aidé par les éclairages de Felice Ross et la vidéo de Bartek Macias, parvient, grâce à un dispositif recherché, à suggérer un bar, un salon ou encore une tour avec une vue imprenable sur les lumières de la ville. Lescaut livre sans scrupules sa sœur au riche et crapuleux Géronte, qui l’entraîne dans un univers de show business froid et impitoyable dans lequel cocaïne et femmes à moitié dénudées vont naturellement de pair. A la rigueur, le décor et les figurantes de La Traviata auraient pu être utilisés pour cette production, et vice versa. Avec ces femmes enlaidies et sommairement vêtues, qui évoluent comme des zombies, le metteur en scène réalise un troisième acte digne de son compatriote Warlikowski. Le résultat tient néanmoins la route, et même plus que cela, puisque Mariusz Trelinski, dont le sens de l’image et du mouvement témoignent de son expérience dans le cinéma, signe un spectacle sans doute pas bouleversant mais personnel, cohérent et abouti.



(© Karl Foster)


La Monnaie propose une double distribution pour trois des personnages principaux. En alternance avec Eva-Maria Westbroek, Amanda Echalaz possède une voix longue et veloutée qui compense un timbre ordinaire. Sa Manon accomplie n’atteint toutefois pas le jusqu’auboutisme, probablement hors de portée, de Barbara Hannigan dont la Lulu en début de saison ne s’effacera pas de la mémoire de sitôt – inutile de revenir sur la Violetta affaiblie de Simona Saturová. Hector Sandoval, Des Grieux crédible, n’enflamme pas le plateau non plus mais ce ténor au timbre lumineux, qui forme avec la soprano sud-africaine un duo bien apparié, chante avec style et phrase sans forcer. Giovanni Furlanetto n’offre rien de plus qu’une voix affadie et centrée sur le medium mais son Géronte se caractérise avant tout par sa prestance hautaine et cynique. Depuis son prix au Concours Reine Elisabeth en 2004, Lionel Lhote ne déçoit pas à chacune de ses apparitions sur cette scène: toujours juste et investi, ennemi de la surenchère, le baryton belge prend soin d’approfondir ses incarnations qui s’imposent avec évidence, son Lescaut le prouvant une fois de plus. Parmi les rôles secondaires, il convient de signaler l’Edmondo fin et frais de Julien Dran, habillé en technicien de surface.


Au contraire d’Andrea Breth, qui semblait ne savoir qu’en faire, Mariusz Trelinski met en valeur les Chœurs de la Monnaie qui, dans le premier acte, par exemple, incarnent des usagers du métro droits et affairés. Il y a un an, tant l’orchestre que Carlo Rizzi s’étaient montrés brouillons dans Salomé mais cette nouvelle collaboration dépasse les attentes. Le chef dévoile les détails de cette partition de (relative) jeunesse et, grâce à sa direction soutenue et élégante, la pâte sonore s’épanouit avec homogénéité. Un volume sonore parfois trop important dans les forte constitue tout un plus un bémol. Les cordes, agiles et consistantes, les bois, précis et différenciés, et les cuivres, francs et nets, procurent un réel confort d’écoute. Pourquoi pas maintenant Turandot, absent de l’affiche de la Monnaie depuis 1979, ou Madame Butterfly, représenté pour la dernière fois en 1980?



Sébastien Foucart

 

 

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