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A propos de Disney Madrid Teatro Real 01/22/2013 - et 24, 27, 30 janvier, 1er, 3, 4, 6 février 2013 Philip Glass: The Perfect American (création)
Christopher Purves (Walt Disney), David Pittsinger (Roy Disney), Donald Kaasch (Dantine), Janis Kelly (Hazel George), Marie McLaughlin (Lilian Disney), Sarah Tynan (Sharon), Nazan Fikret (Diane), Rosie Lomas (Lucy, Josh), Zachary James (Abraham Lincoln)
Coro del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Orquesta del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Dennis Russell Davies (direction musicale)
Phelim McDermott (mise en scène), Dan Potra (décors et costumes), Jon Clark (lumières), Ben Wright (chorégraphie), Leo Warner (vidéo)
C. Purves, D. Pittsinger (© Javier del Real)
C’est peut-être vrai: avec un intervalle (majeur-mineur) et un arpège un peu changeant Philip Glass peut faire un opéra de presque deux heures. Parfois, plus que cela. Bon, on exagère: Glass utilise plus d’intervalles et d’arpèges que cela dans The Perfect American. Ici, comme dans la vingtaine d’opéras composés par ce prolifique musicien, la prosodie musicale est adéquate, même réussie. C’est le diatonisme qui commande dans le discours sonore, de la même façon que la sensibilité pop commande le choix des histoires et des intrigues dramatiques. Pas toujours: il y a un enregistrement récent d’un opéra court (et plus intéressant) de Glass, Dans la colonie pénitentiaire, un thème de Kafka pas du tout pop. Mais, en général, il y a des personnages qui font partie de l’imaginaire de la publicité, la mode, la chanson, la politique, le cinéma, l’art, la télé, certainement, mais tout vu à travers une dimension iconographique pop, de mass culture. C’est un des apports des Etats-Unis à l’opéra et la musique en générale: la musique légère et la culture de masse s’intègrent dans l’œuvre d’art et le résultat peut constituer aussi une œuvre d’art. Hélas, ce n’est pas le cas, à notre avis, de The Perfect American. C’était le cas, par exemple, de Nixon in China, de John Adams. Sans pour autant trop préjuger de ce qui est une œuvre d’art dans le sens «moderne» du concept.
On ne peut pas entrer dans la polémique sur le pop art en tant qu’art ou en tant que simulacre. Mais il faut signaler que les opéras de Glass entrent dans cette catégorie. The Perfect American traite de Walt Disney, un des grands créateurs de culture pop qu’il n’est point besoin de présenter. Mais le livret est si pauvre que l’histoire, les dialogues et les situations seraient aussi valables (et aussi pauvres) pour une grand quantité de personnages: chef d’entreprise prospère, raciste, mégalomane, égotiste, languissant pour son monde natal de Marceline, tout comme Kane pour son Rosebud. Tout cela dans un monde où la fortune aide aux audacieux. Il y a un personnage invité dans cette séquence: Andy Warhol, lui-même une icône autofabriquée. Il était déjà un personnage de l’opéra Jackie O, de Michael Daugherty (encore un exemple de livret qui parle d’un protagoniste – Jackie Kennedy-Onassis, ici – qui pourrait être n’importe qui, ou presque), et il pourrait être un jour le protagoniste qui aspirait à être Warhol. Ici, Warhol est la grande justification culturelle de Disney: un artiste pop reconnu comme artiste légitime (peut-être est-on allé trop vite) bénit l’œuvre de l’auteur de Donald et Mickey, considéré un chef d’entreprise au succès légitime, mais pas un artiste créateur. Dans la mise en scène ils fabriquent un portrait visuel multiple de Disney, typiquement warholien: une belle idée, qui prouve la facilité excessive d’imiter le style pop, en servant de consolation, au même temps, puisque les images de Disney sont interdites pour cette production. C’est peut-être mieux: tout le monde a les images dans l’imaginaire personnel et collectif, et si elles y manquent c’est parce que les vilains de la Disney Factory sont contre le «hardiment artistique» de Glass et Wurlitzer. Ah, voilà, il faut toujours un philistin!
La production est jolie (pas belle, mais jolie) et offre une grande séquence d’images dans une vidéo riche, parfaite, qui ne finit jamais. La banalité de la musique et du livret reste dissimulée derrière ce déploiement d’images. Heureusement, il y a un chef d’orchestre formidable et une distribution de premier ordre. Christopher Purves rappelle beaucoup Charles Vanel et fait un Disney vocalement puissant et inépuisable, une véritable construction du personnage. Les deux rôles secondaires, d’appui, sont très bien soutenus par David Pittsinger (Roy Disney) et Donald Kaasch (Dantine). Très belles, les agiles et parfois formidables voix féminines: Janis Kelly, soprano et actrice avérée (elle a chanté Violetta, Despina... et Pat Nixon dans l’opéra de John Adams et Peter Sellars), Marie MacLaughlin, Sarah Tynan, Nazan Fikret (les deux dernières, les filles de Disney). Rosie Lomas, soprano, a un double rôle, et elle est méconnaissable dans sa ductilité. Zachary James est le Président Lincoln mécanique, formidable basse: avec Purves, il fait la (peut-être) meilleure scène de tout cet opéra du point de vue théâtre/spectacle.
Le spectacle est d’une banalité chargée de petites beautés et soutenue par des très bons musiciens, comme Russell Davies et comme Purves, mais aussi l’orchestre et le chœur, d’un très bon niveau. Ils on travaillé dur, on dirait. Et cela finit dans le moment où tout commence à être plus lourd et aussi un peu maladroit. C’était une première mondiale en coproduction avec l’English National Opera. Il y avait des attentes. Glass a été acclamé la soirée de la première.
Le site de Philip Glass
Santiago Martín Bermúdez
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