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Une bête de scène nommée Bryn Terfel

Zurich
Opernhaus
12/09/2012 -  et 12, 19, 23, 26, 29 décembre 2012, 2, 5, 11*, 17, 23 janvier, 3, 5 juillet 2013
Richard Wagner: Der fliegende Holländer
Anja Kampe (Senta), Liliana Nikiteanu (Mary), Bryn Terfel*/Terje Stensvold (Holländer), Matti Salminen (Daland), Marco Jentzsch (Erik), Fabio Trümpy (Steuermann), Nelson Egede (Dalands Diener)
Chor der Oper Zürich, Jürg Hämmerli (préparation), Philharmonia Zürich, Alain Altinoglu (direction musicale)
Andreas Homoki (mise en scène), Wolfgang Gussmann (décors), Wolfgang Gussmann, Susana Mendoza (costumes), Franck Evin (lumières), Werner Hintze (dramaturgie)


(© T+T Fotografie)


Cette nouvelle production du Vaisseau fantôme est la première mise en scène d’Andreas Homoki à l’Opernhaus de Zurich depuis qu’il a pris la direction du théâtre, au début de la saison. Elle est à oublier au plus vite, tant elle est gratuite et absurde. L’action est transposée dans les locaux d’une compagnie maritime du XIXe siècle qui cherche à établir des comptoirs le long des côtes africaines. Les marins sont des employés de bureau en costume gris et lunettes rondes, alors que les femmes sont des dactylographes zélées, tout ce petit monde obéissant aux ordres d’un Daland particulièrement ombrageux et colérique. Le Hollandais est un marginal en épais manteau de fourrure et chapeau à plume. Au dernier acte, une rébellion éclate, symbolisée par une carte de l’Afrique en train de brûler. Un domestique noir se transforme en guerrier africain et tue plusieurs employés avec les flèches de son arc. Toute l’imagerie romantique et fantastique associée à l’ouvrage, avec notamment la mer et la brume, passe à la trappe. Pourquoi pas en fin de compte, mais malheureusement, la transposition ne fonctionne à aucun moment, et on se demande constamment sur quelle galère le metteur en scène a voulu embarquer le public. Il ne reste plus qu’à espérer qu’Andreas Homoki sera davantage inspiré par Lady Macbeth de Mzsenk, à l'affiche en avril.


Heureusement, le plateau vocal rachète l’indigence scénique, à commencer par un Bryn Terfel en forme éblouissante, qui porte le spectacle à lui tout seul. Dès son entrée en scène, le chanteur semble supporter sur ses épaules toute la détresse du monde, un désespoir qui se lit d’emblée sur son visage. On n’a d’yeux et d’oreilles que pour lui, tant il capte l’attention par son magnétisme et remplit le plateau par sa présence. Vocalement, on admire surtout son sens des nuances, l’interprète osant des pianissimi incroyables, avant de laisser éclater la colère la plus noire. Il convient de relever aussi sa diction irréprochable, avec des consonnes finales particulièrement sonores. Le Daland de Matti Salminen ne lui cède en rien en termes d’engagement scénique, même si la voix a désormais dépassé son zénith depuis longtemps, les duos entre les deux hommes constituant les moments forts de la soirée. Malgré quelques passages un peu forcés, Anja Kampe se déjoue avec brio des difficultés du rôle de Senta, avec son timbre sombre aux graves percutants. La Mary sobre de Liliana Nikiteanu et l’Erik au timbre léger de Marco Jentzsch complètent une distribution de haut niveau, à laquelle il convient d’ajouter l’excellente prestation du chœur. Dans la fosse, le jeune chef français Alain Altinoglu a tendance à se laisser aller à la fougue et à la passion, avec le risque çà et là de faire sonner l’orchestre bien trop fort dans une salle aux dimensions relativement modestes comme celle de l’Opernhaus, les cuivres, notamment, étouffant souvent les autres pupitres. Le spectacle sera présenté en mars à la Scala, puis repris à Zurich en juillet pour deux représentations. Le détour s’impose, rien que pour Bryn Terfel.



Claudio Poloni

 

 

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