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Force de conviction Tournai Musée de la tapisserie 01/13/2013 - Henri Purcell : Fantasias n°1 et n°3
Benjamin Britten : Trois Divertimenti «Go play, boy, play» – Quatuor à cordes n°3, opus 94
Dimitri Chostakovitch : Quatuor à cordes n°7, opus 108 Quatuor Elias : Sara Bitlloch, Donald Grant (violon), Martin Saving (alto), Marie Bitlloch (violoncelle)
(© David Shapiro)
Fondé en 1998 au Royal Northern College of Music de Manchester, le Quatuor Elias se produit dans le cadre intime du Musée de la tapisserie de Tournai. Le programme de cette formation réunissant deux sœurs françaises, d’origine catalane (Sara et Marie Bitlloch), un Ecossais (Donald Grant) et un Suédois (Martin Saving) s’accorde avec la thématique de la onzième édition des «Voix intimes» consacrée à Britten (centenaire oblige), Chostakovitch et Dvorák.
Les musiciens profitent des Première et Troisième Fantaisies (1680) de Purcell pour s’approprier l’acoustique sèche de la salle. En modérant le vibrato, ils traduisent la singulière expressivité de ces pages composées pour un effectif sujet à discussion – pour violons ou pour violes ? Le jeu paraît nerveux, anguleux et parfois inconfortable dans les Trois Divertissements (1933-1936) de Britten, conçus à l’origine pour une suite en cinq mouvements, encore que «March» et «Burlesque», placés aux extrémités du triptyque, appellent une telle approche. La première partie s’achève avec le Septième Quatuor (1960) de Chostakovitch, le plus court, mais pas le moins intense, des quinze. Presque constamment sur le fil, en particulier dans les passages les plus énergiques, le Quatuor Elias maîtrise les teintes et le contraste des émotions propres à la musique du compositeur. Il présente un niveau instrumental remarquable, déjà perceptible dans les Fantaisies, et se soucie de la précision des échanges ainsi que de la netteté de la mise en place.
Retour ensuite à Britten avec son Troisième Quatuor (1975), créé à titre posthume par le Quatuor Amadeus. La maîtrise de la dynamique, traduite avec d’infimes nuances, se perçoit surtout dans l’énigmatique et touchant dernier mouvement qui a été composé à Venise, cadre de son dernier opéra. La sonorité paraît granuleuse mais l’interprétation, dense et détaillée, affiche une indéniable force de conviction et témoigne d’une cohésion jamais prise en défaut. La tension ne se relâche qu’avec la Cinquième Fantaisie de Purcell accordée en bis.
Le prochain et dernier concert de cette édition se tiendra au même endroit le 24 février – le Quatuor Scaldis jouera notamment le Dixième de Chostakovitch et le Dixième de Dvorák – mais, pour l’heure, Dominique Huybrechts, directeur artistique du festival et altiste de la formation à venir, invite le public à prendre un verre de jus d’orange ou de Moinette à l’occasion de la nouvelle année.
Le site du Quatuor Elias
Sébastien Foucart
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