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Une sympathique soirée Rennes Opéra 12/31/2012 - et 22 (Dinan), 24 (Laval), 29 (Fouesnant) novembre, 1er (Saint-Brieuc), 27, 28 (Lorient) décembre 2012, 1er, 3, 4*, 6 (Rennes), 8 (Cesson-Sévigné), 11 (Morlaix) janvier 2013 Jacques Offenbach : La Belle Hélène (arrangement Gildas Pungier)
Julie Robard-Gendre (Hélène), Marc Larcher (Pâris), Olivier Hernandez (Ménélas), Jean-Baptiste Dumora (Agamemnon), Valery Rodriguez (Calchas), Marie-Paule Bonnemason (Oreste), Marlon Soufflet (Achille), Mickael Chartois (Ajax I), Guillaume Rault (Ajax II), Karine Audebert (Bacchis), Gwenola Maheux (Leoena), Marie Roullon (Parthenis), Jean Ballereau (Philocome), Etienne Garreau (Euthycles)
Chœur de l’Opéra de Rennes, Gildas Pungier (chef de chœur), Solistes de l’Orchestre symphonique de Bretagne, Gildas Pungier (direction)
Vincent Tavernier (mise en scène), Claire Niquet (scénographie), Erick Plazza-Cochet (costumes), Carlos Perez (lumières)
(© Laurent Guizard)
Après avoir tourné dans plusieurs villes bretonnes, cette nouvelle coproduction (entre Rennes et le Théâtre de Bienne/Soleure en Suisse) de La Belle Hélène pose ses valises, pour cinq représentations, dans la capitale régionale. Elle remporte, au rideau, un franc succès auprès du public rennais, qui multiplie les rappels, ravi de ce qu’il vient de voir et d’entendre. Il est vrai qu’il émane de ce spectacle une joie communicative, un plaisir d’être ensemble, nous dirions presque une convivialité rare. Et tout cela est réalisé sans grands moyens et sans «stars» du chant, comme souvent à Rennes – sans que la qualité générale des spectacles, la plupart du temps, en pâtisse.
On saluera en premier lieu la scénographie sommaire, mais imaginative et efficace, de Claire Niquet: des livres d’auteurs gréco-latins surdimensionnés servent à former différentes structures en fonction de l’action et présentent le double avantage de tirer parti des modestes possibilités d’une scène plutôt exiguë et d’être facilement exportables dans les petites salles bretonnes où l’œuvre a d’abord tourné, comme à Fouesnant... La mise en scène de Vincent Tavernier, signataire in loco d’une délicieuse Princesse jaune (ouvrage méconnu de Camille Saint-Saëns) la saison dernière, multiplie clins d’œil et galéjades, s’avère pleine de vie, ne se prend nullement au sérieux, en ayant ni message, ni relecture à délivrer. L’adaptation «moderne» du texte de Meilhac et Halévy est réduite au minimum, afin de trouver quelques équivalences aux allusions politiques et sociales qui faisaient mouche au temps de Napoléon III, mais qui ne trouveraient bien évidemment plus d’écho aujourd’hui, à l’heure où les imbroglios de la mythologie ne sont plus familiers du grand public.
La rigueur de Gildas Pungier (également chef du chœur maison) est ici bien précieuse, même si ce dernier manque un peu de folie. Il dirige avec fermeté orchestre (celui de Bretagne, en formation réduite) et plateau, qui cohabitent avec un enthousiasme réjouissant.
Tous les chanteurs-acteurs réunis dans cette production sont dignes de la verve offenbachienne, chacun étant à sa place dans cette mécanique de précision qu’est la folle musique du «petit Mozart des Champs-Elysées». La soprano nantaise Julie Robard-Gendre, admirable Orphée dans sa ville natale (et à Angers) l’an passé, incarne le rôle-titre de manière globalement convaincante. Si elle n’a pas toujours l’abattage nécessaire dans cet emploi, elle possède en revanche le style, la musicalité et la diction requises. La voix est chaude, veloutée, quoiqu’un peu trop sombre peut-être, mais le charme opère sur Pâris... comme sur les spectateurs. Le rôle du berger est tenu par le ténor messin Marc Larcher qui s’amuse des envolées aiguës de ses «Evohé» dans le fameux récit du jugement et dont les accents enjôleurs donnent une magnifique noblesse au non moins attendu duo du deuxième acte. Il possède enfin un physique idéal pour cet emploi de bellâtre.
Olivier Hernandez est irrésistible dans sa composition de cocu-content tandis que Jean-Baptiste Dumora campe un Agamemnon imposant de truculence. Si le Calchas de Valery Rodriguez paraît un poil trop hâbleur, Marlon Soufflet est quant à lui tout à fait crédible dans le rôle d’Achille. Les comprimari – on ne peut les citer tous – s’avèrent très convaincants, mais on distingue particulièrement l’Oreste délicieux de fraîcheur vocale et d’effronterie de Marie-Paule Bonnemason.
Sans transition, signalons au lecteur que l’Opéra de Rennes fera l’événement au mois de février (du 7 au 13), en mettant à l’affiche La Walkyrie de Richard Wagner (en version de concert), avec la très attachante Catherine Hunold dans le rôle de Brünnhilde ainsi que Sir Willard White dans celui de Wotan. A ne surtout pas manquer!
Emmanuel Andrieu
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