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Lyre et délires en enfer

Lausanne
Opéra
12/23/2012 -  et 26*, 28, 30, 31 décembre 2012
Jacques Offenbach: Orphée aux enfers
Bernard Richter (Orphée), Brigitte Hool (Eurydice), Mathias Vidal (Aristée/Pluton), François Le Roux (Jupiter), Marie Karall (L’Opinion publique), Paola Landolt (Junon), Antoinette Dennefeld (Vénus), Eva Fiechter (Cupidon), Virginie Pochon (Diane), Céline Soudain (Minerve), André Gass (Mercure), Frédéric Longbois (John Styx)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (préparation), Maîtrise du Conservatoire de Lausanne, Stéphanie Burkhard (préparation), Elèves violonistes du Conservatoire de Lausanne, Marcel Sinner (préparation), Sinfonietta de Lausanne, Dominique Trottein (direction musicale)
Claire Servais (mise en scène), Isabelle Vallon (assistante à la mise en scène), Dominique Pichou (décors), Jorge Jara (costumes), Jacques Chatelet, Olivier Verrecchia (lumières), Barry Collins (chorégraphie)
Production de l’Opéra Royal de Wallonie, Liège (2006)


B. Hool, B. Richter (© Marc Vanappelghem)


Pour les fêtes de fin d’année, alors que le Grand Théâtre de Genève voisin fait preuve d’audace en montant le rare Roi Pausole d’Arthur Honegger, l’Opéra de Lausanne joue la carte de la prudence en programmant une opérette de Jacques Offenbach, Orphée aux enfers, le premier succès majeur du compositeur. L’excellente surprise, c’est que le spectacle est à des années-lumière de la grosse artillerie lourdingue généralement servie à cette occasion, à la façon notamment d’un Jérôme Savary il y a quelques saisons. La metteur en scène Claire Servais a privilégié la finesse et la subtilité pour concocter une production légère et enlevée, dans laquelle les différents tableaux s’enchaînent à un rythme infernal, et surtout sans excès de gags.


On le sait, les auteurs du livret ont détourné le mythe d’Orphée, l’un des piliers fondateurs de l’art lyrique, pour en faire une parodie du couple bourgeois mal assorti, en réponse à l’hypocrisie des mœurs du Second Empire. L’action est ici transposée dans un théâtre lyrique qui joue... Orphée et Eurydice. Orphée est un compositeur raté doublé d’un violoniste contraint de cachetonner, alors que son épouse Eurydice, concierge du théâtre, déteste par-dessus tout la musique classique. L’Opinion publique, incarnée par une présentatrice télé blonde et bon chic bon genre (formidable Marie Karall), toujours suivie d’une escouade de techniciens portant micros et caméras, se révèle être le regard voyeuriste d’un média défenseur du politiquement et socialement correct. L’Olympe est transformé en arène parlementaire, dans laquelle, une fois les divinités réveillées, on assiste à des débats houleux et vifs, tels qu’on les connaît en France et en Italie (la politique suisse est beaucoup plus ennuyeuse!). Tout ce beau petit monde embarque ensuite pour les enfers à bord d’un avion d’Olympe Air, l’un des moments les plus réussis de la production. Parmi les bonnes trouvailles, on peut citer également la déesse Diane affublée d’un accent allemand et entourée d’une horde de chiens féroces, Mercure devenu cycliste ou encore la toge ridicule et la lyre de carton-pâte que doit porter Orphée dans sa descente aux enfers.


Admirable Tamino cet été à Salzbourg sous la direction de Nikolaus Harnoncourt, Bernard Richter fait ses débuts à Lausanne dans le très court rôle-titre, auquel il confère une grosse dose de mauvaise foi. Présente sur scène pratiquement de bout en bout, Brigitte Hool incarne une Eurydice hystérique et frustrée, à la limite de la crise de nerfs. On admire également ses talents de danseuse dans l’inévitable french cancan final. Vocalement, la chanteuse n’apparaît pas au mieux de sa forme, avec des aigus plutôt tendus. Mathias Vidal est un Pluton particulièrement retors, dans une tenue flashy très tendance. Quant à François Le Roux, il campe un Jupiter pédant plus vrai que nature, irrésistible dans le célèbre duo de la mouche. Dans la fosse, Dominique Trottein offre une lecture vive et aérienne, en parfaite harmonie avec la mise en scène. Bref, Offenbach comme on l’aime!



Claudio Poloni

 

 

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