About us / Contact

The Classical Music Network

Lyon

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

D’hier à aujourd’hui: Le Messie contemporain

Lyon
Opéra
12/03/2012 -  et 5, 6, 8*, 9, 11, 13, 14 décembre 2012
Georg Friedrich Haendel : Messiah, HWV 56

Sophie Bevan (soprano), Catherine Wyn-Rogers (alto), Andrew Kennedy (ténor), Andrew Foster-Williams (basse)
Chœurs et Maîtrise de l’Opéra de Lyon, Alan Woodbridge (direction des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Lyon, Laurence Cummings (direction musicale)
Deborah Warner (mise en scène), Tom Pye (décors), Moritz Junge (costumes), Jean Kalman (lumières), Kim Brandstrup (chorégraphie), 59 Productions (vidéo)


(© Stofleth)


Le genre de l’oratorio a certes peu à voir avec la réalisation théâtrale – et c’est d’ailleurs pour échapper aux déboires de la scène que Haendel s’est tourné vers ce répertoire à la fin des années trente. On en a pas moins depuis transgressé le tabou originel et les oratorios du Caro Sassone assiègent désormais les institutions lyriques au même titre que ses opéras. Le Messie, dont le livret est une compilation d’extraits des deux Testaments par le compositeur lui-même, ne répond guère aux canons d’une trame dramatique. Cela n’a pas découragé les adaptations scénographiques, aux fortunes diverses si l’on se souvient de celle du Châtelet il y a quelques saisons.


Prolifique metteur en scène, Deborah Warner a choisi de révéler l’intemporelle actualité de l’œuvre en inscrivant l’attente et la révélation christique au cœur de notre contemporanéité. Jésus naît sur un lit d’hôpital – obsessionnel sans doute à en juger la récurrence de cet élément dans les productions de la femme de théâtre anglaise – au pied duquel se pressent les rois mages et sur lequel meurt une femme au début de la troisième partie, tombeau pascal avant la résurrection. Les hordes en déréliction sont enrichies de figurants bénévoles représentant «notre société dans sa diversité». Des éléments de chorégraphie dus à Kim Brandstrup remplissent l’espace. Les décors urbains de Tom Pye forment une belle complémentarité avec les projections vidéographiques réalisées par 59 Productions. Parmi nombre d’exemples, évoquons l’ivresse cinétique d’une grande gare redoublant humoristiquement le pressentiment rythmique de la jubilation exprimé par la partition. Et surtout, les lumières de Jean Kalman, véritable assomption aurorale qui couronne l’Allelluia et la fugue sur l’Amen où se réconcilient dans l’espérance les nomades du capitalisme libéral.


A rebours des usages établis, la fosse a été confiée aux titulaires de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, sous la direction de Laurence Cummings. Nonobstant quelques duretés dans les attaques et le clavecin, une constance rythmique et une alchimie sonore un rien datées, il faut convenir que la raison des quotas – la formation maison a un nombre de services à assurer par saison, ne serait-ce que pour justifier aux yeux de la tutelle la présence de deux orchestres permanents dans la capitale des Gaules – ne dessert point la partition. L’efficacité indéniable de la baguette soutient remarquablement des chœurs préparés, comme toujours, d’admirable manière par Alan Woodbridge, et des solistes fort honnêtes, à défaut de se distinguer significativement. La couleur idiomatique du mezzo de Catherine Wyn-Rogers n’a pas l’éclat du fort musical soprano de Sophie Bevan. Andrew Kennedy brille en ténor à l’intonation parfois nasale et Andrew Foster-Williams a tous les atouts d’une basse aussi solide que chantante. Importé de l’English National Opera et retravaillé par Deborah Warner, ce Messie sait parler aux oreilles d’hier et à la sensibilité visuelle d’aujourd’hui.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com