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Une exhumation réussie

Saint-Etienne
Grand Théâtre Massenet
11/29/2012 -  
Michelangelo Falvetti : Il dialogo del Nabucco
Fernando Guimarães (Nabuchodonosor), Fabiàn Schofrin (Arioco), Sergio Foresti (Daniele), Caroline Weynants (Anania), Capucine Keller (Superbia), Mariana Flores (Azaria, Idolatria), Magdalena Padilla Osvaldes (Misaele), Matteo Bellotto (Eufrate)
Keyvan Chemirani (percussions), Kasif Demiröz (Ney), Juan Lopez de Ullibarri (saqueboute aloto, duduk, kaval)
Chœur de Chambre de Namur, Cappella Mediterranea, Leonardo García Alarcón (direction)


Après Il diluvio universale, c’est avec Nabucco que Leonardo García Alarcón poursuit la sortie de Falvetti hors du silence des bibliothèques, démontrant au passage que l’épisode du livre de Daniel avait trouvé une adaptation musicale un siècle et demi avant Verdi. Recréé à Ambronay le 14 septembre dernier, l’ouvrage s’invite ce soir à l’Opéra de Saint-Etienne, qui, après Le Mage en début de mois, s’affirme résolument comme un asile pour les réhabilitations.


Une fois de plus, le chef argentin confirme l’excellence de son nez musicologique. D’origine calabraise, Michelangelo Falvetti a réalisé la majeure partie dans les institutions siciliennes. Appartenant au genre de l’oratorio, Il dialogo del Nabucco n’hésite à emprunter des accents théâtraux dignes d’un opéra. Si elle s’inscrit en partie dans la continuité de l’héritage madrigalesque montéverdien, son écriture fait la part belle à un orientalisme inconnu des compositeurs plus septentrionaux. L’instrumentarium en témoigne – ney, duduk et kaval –, au service d’alliages singuliers et d’une inventivité mélodique et rythmique qui ne l’est pas moins, s’autorisant des modulations et des modalités aussi audacieuses que savoureuses: l’évocation des rives de l’Euphrate en ouverture distille à partir des arpèges de théorbe et d’archiluth une magie envoûtante que les musiciens redonnent en bis à la fin de la soirée, après la reprise du trio des anges.


La direction de Leonardo García Alarcón prend soin d’ailleurs des couleurs de la partition, sans chercher à succomber à une accentuation excessive prisée par certains baroqueux. Cela sonne suavement, jamais énervé – un véritable sortilège pour les oreilles qui en oublient une construction dramatique relativement linéaire. Il révèle la picturalité évidente de cette musique dépaysante, et s’appuie sur des solistes remarquables – citons l’archiluth de Thomas Dunford, Quito Gato aux théorbe, guitare et colascione, Kasif Demiröz au ney ou Julian Ullibarri jonglant avec les exotismes du duduk et du kaval, sans oublier les percussions virtuoses e Keyvan Chemirani et le premier violon, Flavio Losco.


Yeux clos, Fernando Guimarães concentre un Nabuchodonosor qui ne perd rien de sa vigueur lorsqu’il les ouvre. S’il n’a plus tout à fait la voix, Fabiàn Schofrin n’en délivre pas moins une leçon de style en Arioco. Eufrate à la belle clarté d’intonation, Matteo Bellotto séduit dans le trio inaugural, aux côtés de Mariana Flores et Capucine Keller, délicieuses Superbia et Idolatria. Mentionnons encore Sergio Foresti (Daniele), Caroline Weynans (Anania) et Magdalena Padilla Osvaldes (Misaele). D’une cohérence qui n’a d’égal que sa subtile musicalité, le Chœur de chambre de Namur parachève un plateau au service d’une redécouverte à la fraîcheur peu commune sur les terres déjà bien battues du baroque.



Gilles Charlassier

 

 

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