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Gade, hein? Toulouse Halle aux Grains 11/16/2000 - Niels Gade : Novelettes op. 53 ; Children’s Christmas Eve op. 36 ; Aquarelles Felix Mendelssohn : Concerto pour violon op. 64 (arrangement pour orchestre à cordes A. Moglia) Ludwig van Beethoven : Quatuor N°11 (arrangement pour orchestre à cordes G. Mahler) Orchestre de chambre National de Toulouse, Alain Moglia (violon et direction) Ce nouveau concert d’Alain Moglia offrait la possibilité de découvrir un compositeur certainement inconnu de la majorité du public toulousain, le danois Niels Wilhelm Gade (1817-1890). Ami de Schumann, assistant puis remplaçant au Gewandhaus de Leipzig de Mendelssohn, dont il crée le Concerto pour violon en 1845, il retourne dans son pays natal en 1848 et y fonde le Conservatoire royal de Copenhague. Compositeur nullement secondaire, Gade a composé des œuvres fortement influencées par son maître et ami Mendelssohn, tout comme cet autre grand compositeur nordique Berwald, dont huit symphonies qui mériteraient de venir parfois renouveler un peu les programmes des concerts. Peu jouée, presque jamais enregistrée -sauf par l’irremplaçable Järvi chez Bis- sa musique charme par son romantisme mesuré, élégant et parfois lyrique. Élégance était d’ailleurs le mot qui venait immédiatement à l’esprit à l’écoute des pièces de salon au charme volatil données à ce concert, jouées avec toute la finesse possible par l’Orchestre de chambre de Toulouse. Même s’il ne s’agissait pas là des chefs-d’œuvre du compositeur, on peut espérer que cet avant-goût prometteur aura donné au public toulousain la curiosité d’en connaître plus. Poursuivre le programme avec le Concerto pour violon de Mendelssohn était logique dans ce contexte, même s’il ne s’agit pas de comparer quelques pièces secondaires de Gade et l’une des œuvres maîtresses de tout le répertoire pour violon. Il pouvait, bien sûr paraître étrange de donner le Concerto en mi dans une version pour orchestre à cordes alors que Mendelssohn a lui-même écrit un premier concerto pour violon et orchestre à cordes en ré mineur. Mais il ne s’agit que d’une pièce de jeunesse, voire d’enfance, qui ne peut se comparer à la beauté de l’œuvre de maturité. D’ailleurs, cette musique sublime résiste à la réduction, d’ailleurs fort bien réalisée par Alain Moglia, même si l’on peut regretter de perdre ainsi les couleurs de l’orchestre, particulièrement les dialogues avec les bois dans le final. Alain Moglia ne possède certes pas l’absolue maîtrise technique ou la sûreté d’intonation des tous ces grands noms qui hantent la mémoire du mélomane dans ces pages, mais, parfaitement approprié au format réduit de l’orchestre de chambre, son jeu a su charmer par sa simplicité même. Nul effet de manche, mais une franchise qui allait droit à la musique avec une sincérité qui faisait excuser sans peine quelques scories. Si le Concerto de Mendelssohn trouve avec cet arrangement une nouvelle clarté de lignes, on peut rester plus réservé sur le sort que Mahler a fait subir aux quatuors de Schubert ou Beethoven. Gonflée par un effectif plus important, l’écriture du quatuor perd ses arêtes vives et sa netteté, et la lecture soignée et énergique de Moglia et ses musiciens n’y pouvait mais. Non qu’ainsi joué le résultat manquât d’attrait, mais cette séduction justement n’était pas de mise dans le projet original de Beethoven, et Mahler s’est rendu bien coupable en travestissant ainsi sa pensée. Néanmoins, s’agissant de ce concert, il est indéniable que le charme a opéré et l’on ne peut qu’espérer que l’esprit aventureux d’Alain Moglia continuera longtemps à stimuler ainsi notre curiosité loin des sentiers battus. Laurent Marty
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