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Quartier vénitien

Paris
Salle Gaveau
11/16/2012 -  
Antonio Vivaldi : Cantates «Vengo a voi luci adorate», RV 682 (*), et «Cessate omai cessate», RV 684 (**)
Giovanni Battista Pergolesi : Stabat Mater

Silvia Frigato (*) (soprano), Sara Mingardo (**) (contralto)
Concerto italiano, Rinaldo Alessandrini (clavecin et direction)


R. Alessandrini (© Eric Larrayadieu/Naïve)


Paris est évidemment connue pour son célèbre Quartier latin, lieu de rendez-vous historique des étudiants et de la vie universitaire de la capitale. Passons donc sur l’autre rive de la Seine et rendons-nous alors au musée Jacquemart-André, qui présente actuellement une magnifique exposition consacrée aux deux peintres du XVIIIe siècle qui ont certainement su le mieux magnifier Venise, à savoir Canaletto et Guardi. Et, si vous marchez un peu en sortant du musée, à quelques rues à peine, voici la salle Gaveau, écrin choisi ce soir pour entendre un répertoire italien des plus connus, en la personne de Pergolèse et Vivaldi, dans la série «Gaveau intime». La Péninsule n’est décidément jamais bien loin...


C’est donc le Prêtre roux qui ouvre la marche. Parmi les presque quarante cantates connues (numérotées de RV 649 à RV 687), pour la plupart composées à une époque où Vivaldi séjournait à Mantoue (en 1720-1722), la <>Cantate «Vengo a voi luci adorate» est destinée à une soprano accompagnée de deux violons et d’une basse continue. Ce sera d’ailleurs le seul instrumentarium de la soirée: outre les deux violons, Rinaldo Alessandrini dirige, depuis son clavecin, un ensemble comptant seulement un alto, un violoncelle et une contrebasse. Ce minimalisme correspond d’ailleurs très bien à ce qu’était la cantate au XVIIIe siècle: une œuvre de divertissement, au même titre que pouvait l’être une sérénade, destinée à meubler les soirées d’une cour princière où, derrière des histoires de dieux et de nymphes, le compositeur s’amusait à peindre ses protecteurs et les vicissitudes de l’âme humaine. La jeune soprano Silvia Frigato se lance dans le récitatif inaugural avec une voix bien assurée et un timbre très clair. C’est surtout dans le premier air qu’elle donne la mesure de son potentiel (qui s’épanouira pleinement en seconde partie de concert), son chant étant agréablement doublé par le premier violon tandis que le second s’amuse à jouer sur les contretemps.


Beaucoup plus connue (encore que ni la date de sa composition, ni l’occasion pour laquelle elle a été écrite n’aient pu être élucidées), la Cantate «Cessate omai cessate» permettait à la Vénitienne Sara Mingardo de faire son entrée en scène. La contralto, rompue à l’œuvre de Vivaldi (que ce soit dans ses opéras La fida ninfa ou Armida) fait immédiatement preuve d’un grand sens de la théâtralité et du drame. Si l’on se laisse une fois de plus enivrer par cette magnifique cantate qui allie la raideur implacable de la pulsation instrumentale avec le rubato de la voix, on regrette tout de même les problèmes récurrents de justesse et d’acidité des deux violons, notamment du premier d’entre eux.


La seconde partie du concert était tout entière dédiée au fameux Stabat Mater de Pergolèse (1710-1736), pièce poignante vraisemblablement composée quelques semaines avant sa mort et qui, au XVIIIe siècle déjà, avait suscité l’admiration de tous. Ce soir, dès le premier mouvement, les voix de Sara Mingardo et de Silvia Frigato, qui a d’ailleurs été son élève, s’entremêlent de la plus belle façon et génèrent une impression non seulement de douleur mais aussi de plénitude totalement apaisée. A l’image de la première partie, le premier violon de Francesca Vicari se révèle très âpre, très sec, parfois peu juste; ce sera la seule déception (malheureusement trop perceptible) de cette néanmoins belle prestation, encore une fois très minimaliste et très vivante. La douceur du «Qui est homo» ouvre ensuite la voie à la prenante Sara Mingardo, impériale dans son solo «Eia mater», Alessandrini entraînant ensuite ses musiciens dans une douce excitation où les deux solistes se rejoignent de nouveau. Salués par une salle enthousiaste, les artistes de la soirée gratifièrent le public de deux bis, l’un tiré du Stabat Mater de Pergolèse, l’autre de celui d’Alessandro Scarlatti, autre napolitain, nouvelle incursion musicale dans une Italie encore une fois bien séduisante.


Le site du Concerto italiano



Sébastien Gauthier

 

 

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