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Une Damnation illustrative

Limoges
Opéra-Théâtre
11/09/2012 -  et 11* novembre 2012
Hector Berlioz : La Damnation de Faust

Marie Gautrot (Marguerite), Erik Fenton (Faust), Jean-Luc Chaignaud (Méphistophélès), Alain Herriau (Brander), Yeon Ja Jung (Voix céleste)
Frédéric Roels (mise en scène), José Besprosvany (chorégraphie), Bruno de Lavenère (scénographie), Lionel Lesire (costumes), Laurent Castaingt (lumière)
Ballet de l’Opéra-Théâtre de Limoges, Chœur de l’Opéra-Théâtre de Limoges, Jacques Maresch (chef de chœur), Orchestre de Limoges et du Limousin, Jurjen Hempel (direction musicale)




En la qualifiant de légende dramatique plutôt que d’opéra, Berlioz lui-même avait indiqué le destin concertant plutôt que scénique de La Damnation de Faust. L’ouvrage n’en a pas moins inauguré une carrière sur les planches à Monte-Carlo en 1893. Et il semble bien que le piège illustratif soit difficilement contournable – bien que virtuoses et dispendieuses, les projections animées de Robert Lepage à l’Opéra de Paris ne dépassaient guère le stroboscope d’images. Avec son astrolabe sur lequel Faust tient en équilibre, tel un saltimbanque du Temps dont il veut inverser la course léthifère, Frédéric Roels a mis en place un concept unifiant à défaut d’être innovant. Sous cette galette astronomique, sylphes et follets, Enfer et foules défilent suivant la rotation de ce disque esseulant – solution efficace pour manier l’importance des masses chorales requises. Les crânes ovales que les valets de Méphistophélès affichent semblent provenir de quelque brocante spécialisée, quand bien même elle présente l’avantage de faire intervenir les forces chorégraphiques de la maison réglées par José Besprosvany. L’élastique qui module la chevauchée funeste avant de le précipiter au séjour infernal et qui régule la lente assomption de Marguerite tient quant à lui de l’économie théâtrale.


Sans surcharge ni magie, l’ensemble présente l’avantage de soutenir la réalisation musicale. Premier personnage de l’oeuvre, le Choeur de l’Opéra-Théâtre de Limoges, préparé par Jacques Maresch, fait preuve d’une cohérence généralement satisfaisante et d’une prudence qui ne l’est pas moins. La modération des tempi des paysans leur évite les faux pas comme le subtil nuancier rythmique du morceau, aplani de regrettable manière. Mais l’on peut se consoler avec la consistance des troupes infernales. Marie Gautrot convainc en Marguerite homogène et galbée, d’une belle intériorité, quoique l’émission souffre d’un léger excès de couverture qui limite son éclat. Jean-Luc Chaignaud incarne un solide Méphistophélès, à la diction soignée, même si l’on pourrait attendre un soupçon supplémentaire de machiavélisme – sensible en certaines fins de phrase. Nettement plus débraillé sonne le Faust d’Erik Fenton, remplaçant à la dernière minute Sorin Lupu déclaré souffrant. Alain Herriau s’acquitte sans faillir de la chanson de Brander. Résonnant des cordes de Yeon Ja Jung, la voix céleste se fraie un passage banalement diaphane.


Emmené par la battue vigilante, bien que parfois un peu raide, de Jurjen Hempel, l’Orchestre de Limoges et du Limousin réalise une fort honnête performance. La phalange se distingue par des textures riches, mettant en valeur l’inventivité de l’instrumentation berliozienne, à défaut d’être parfois suffisamment aérées, et manifeste plus d’aisance dans la solennité et le recueillement que dans les incises rythmiques qui font le sel des feux follets. Coproduit avec l’Opéra de Rouen, le spectacle sera donné sur la scène normande à la rentrée prochaine.



Gilles Charlassier

 

 

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