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Trop faible affluence Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 11/15/2012 - et 17 novembre 2012 (Antwerpen) August De Boeck : Concerto pour violon
Ralph Vaughan Williams : Symphonie n°2 «A London Symphony» Vineta Sareika (violon)
deFilharmonie, Martyn Brabbins (direction)
V. Sareika (© Janis Deinats)
En plus d’un chef-dirigent (Edo de Waart) et d’un hoofddirigent (Philippe Herreweghe), deFilharmonie dispose d’un premier chef invité en la personne de Martyn Brabbins. Un compositeur belge méconnu et un autre de nationalité britannique rarement à l’affiche : sans surprise, ce concert a provoqué une très faible affluence. Le public-cible du Bozar est-il réellement patriote et curieux ?
August De Boeck (1865-1937) s’est détaché de l’influence de Peter Benoit, éminent représentant de la musique flamande, pour suivre le sillon tracé par des créateurs comme Rimsky-Korsakov et Borodine mais aussi Franck, Fauré et Saint-Saëns. En d’autres termes, sa musique quitte son ancrage flamand pour revêtir un caractère universel. Le compositeur reste malgré tout un romantique et, pour autant que son Concerto pour violon (1934) soit représentatif de son langage, il ne s’est pas aventuré fort loin dans la modernité. La mise en regard de ce concerto classiquement ordonné en trois mouvements avec celui, quasiment contemporain, de Berg, exécuté il y a une semaine, en dit long sur la diversité stylistique de cette époque mais il convient d’éviter de comparer ce qui n’est pas comparable.
Malgré de belles idées harmoniques, dans le premier mouvement surtout, et l’invention mélodique de l’Andante, il s’agit d’une œuvre de portée moyenne mais plaisante et relativement prenante. La rigueur de la construction et la clarté de l’orchestration en constituent les principaux mérites. Lauréate du Concours Reine Elisabeth en 2009, membre du Trio Dali et, depuis peu, du Quatuor Artemis, dans lequel elle remplace Natalia Prishepenko, Vineta Sareika a du fil à retordre tant cette musique appelle une certaine virtuosité. En s’aidant de la partition, la Lettone s’en accommode sans difficulté et développe un jeu affirmé et une sonorité attrayante. L’orchestre œuvre utilement en faveur d’un répertoire en friche et pour lequel il manque l’équivalent d’un Palazzetto Bru Zane.
La seconde partie permet de mesurer la distance entre un bon et un immense compositeur. Rien ne justifie la quasi-absence de Ralph Vaughan Williams dans la programmation du Bozar puisqu’il compte assurément parmi les plus grands symphonistes, tous siècles confondus. Ulrich Hauschild, qui succèdera à Christian Renard à la direction de Bozar Music à compter de l’année prochaine, considèrera-t-il cet oublié avec bienveillance ? Avec intensité mais sans débordement d’énergie, Martyn Brabbins restitue le souffle et exalte la richesse mélodique de la London Symphony (1912). Un sentiment de cohérence et d’équilibre domine cette exécution remarquablement tenue. S’il n’affiche pas un prestige qui n’appartient de toute façon qu’aux plus grands, l’orchestre n’accuse aucune faille majeure. Néanmoins les attaques et la mise en place souffrent de quelques imprécisions comme dans le début du premier mouvement qui paraît flou. Les cordes affichent suffisamment de consistance, à défaut d’une homogénéité parfaite, et les bois traduisent la poésie de cette musique de haute valeur. A peine la dernière mesure rejoint-elle graduellement le silence qu’un spectateur applaudit de façon inconvenante alors que le chef impose, à juste titre, un moment de recueillement.
Le prochain concert de l’orchestre au Palais des Beaux-Arts se tiendra le 8 décembre : Edo de Waart le dirigera dans une seule œuvre mais de taille, la Septième Symphonie de Mahler.
Le site de Vineta Sareika
Un site consacré à August De Boeck
Sébastien Foucart
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