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Mon cœur s’ouvre à l’ennui

Geneva
Grand Théâtre
11/07/2012 -  et 10, 13, 16, 19, 21 novembre 2012
Camille Saint-Saëns: Samson et Dalila, opus 47
Aleksandrs Antonenko (Samson), Małgorzata Walewska (Dalila), Alain Vernhes (Le Grand Prêtre de Dagon), Jean Teitgen (Abimelech), Brian Bannatyne-Scott (Un vieillard hébreu), Fabrice Farina (Le Messager philistin), Rémi Garin (Premier Philistin), Kachik Matevosyan (Deuxième Philistin)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Ching-Lien Wu (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Michel Plasson (direction musicale)
Patrick Kinmonth (mise en scène, décors et costumes), Darko Petrovic (décors et costumes), Manfred Voss (lumières), Jonathan Lunn (chorégraphie)

Coproduction avec la Deutsche Oper Berlin


(© GTG/Yunus Durukan)


Samson et Dalila a fait les beaux soirs du Grand Théâtre de Genève. Depuis 1960, ce ne sont pas moins de quatre productions du chef-d’œuvre de Saint-Saëns qui s’y sont succédé, avec des artistes tels que Georges Prêtre, Giuseppe Patané, Rita Gorr, John Vickers ou encore Tatiana Troyanos. Après 39 ans d’absence, le dernier spectacle en date laisse, malheureusement, une impression plutôt mitigée. Le metteur en scène Patrick Kinmonth a décidé de se débarrasser du folklore lié à la grande fresque biblique pour transposer l’action à l’époque de la composition de l’ouvrage, en 1877, lorsque les soldats prussiens occupaient Paris. A l’image des habitants de la capitale française, les Hébreux subissent les humiliations de la puissance dominatrice. La trame se déploie ici dans un terrain vague traversé par une voie de chemin de fer, d’où l’apparition, en un raccourci saisissant, de wagons à bestiaux de sinistre mémoire. Le plateau est dominé par un immense panneau blanc mobile, derrière lequel se cache la lune. Dans cette sobriété scénique, les lumières et les costumes sont un régal pour les yeux, mais confèrent au spectacle un caractère démesurément esthétique, encore renforcé par une direction d’acteurs des plus sommaires. Certes, on voit s’enchaîner de beaux tableaux, mais à aucun moment on ne se laisse prendre par le drame, à aucun moment on ne ressent le moindre frisson, la moindre émotion. L’ennui guette rapidement.


Las, la torpeur générale est accentuée par la direction molle et alanguie de Michel Plasson, qui manque de souffle et de nerf. Il faut pourtant le reconnaître, le célèbre chef français n’a pas son pareil pour faire ressortir la variété des couleurs de la partition, la finesse de la ligne musicale et le chatoiement des nuances, mais la progression dramatique s’en ressent. Malgré des aigus tendus et un français peu compréhensible, Aleksandrs Antonenko campe un Samson héroïque au timbre clair, qui n’en devient que plus humain lorsqu’il cède à Dalila. Avec sa voix chaude et sensuelle, Małgorzata Walewska incarne une héroïne aux charmes opulents, même si la ligne musicale n'est pas toujours stable. Alain Vernhes, qui fait pour l’occasion ses adieux à la scène, compense l’usure de sa voix par une diction exemplaire et un engagement scénique certain. Une nouvelle fois, le chœur livre une prestation impeccable de bout en bout. Au final, des applaudissements polis, sans plus, viennent saluer une soirée en demi-teinte, au cours de laquelle aura manqué le grand frisson.



Claudio Poloni

 

 

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